Les structures sociales nous poussent-elles à rester puérils? © GETTY IMAGES

« Grandir, c’est comprendre qu’aucun âge de la vie n’est plus enviable qu’un autre »

Gérald Papy
Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Les gouvernants, en recourant à des mesures parfois très contraignantes lors de la crise sanitaire, se sont vu reprocher d’infantiliser la population. Pour la philosophe Susan Neiman, cette propension n’est pas nouvelle.

Les gouvernants, en recourant à des mesures parfois très contraignantes lors de la crise sanitaire, se sont vu reprocher d’infantiliser la population. Pour la philosophe Susan Neiman, cette propension n’est pas nouvelle. Elle serait une ligne de conduite des dirigeants des démocraties occidentales qui « préfèrent des sujets immatures que des citoyens indépendants ». Et leurs administrés, pour la plupart, y consentiraient. Car « il est tellement plus confortable de laisser quelqu’un d’autre décider à notre place« . Dans Grandir (1), elle tente donc, en sollicitant Rousseau, Kant et Peter Pan, de « trouver un modèle de maturité qui ne soit pas celui de la résignation ».

Le défi n’est pas si simple à relever dans une société qui vante le bonheur de rester un éternel adolescent et qui expose à satiété les déceptions de l’âge adulte. « Quel avenir nos enfants peuvent-ils envisager quand ils voient que nous rêvons de revenir à un âge qu’ ils ont hâte de dépasser? », interroge la philosophe. Pourtant, « une quantité d’ études ont été publiées ces dix dernières années, dans lesquelles les psychologues et les économistes font part d’une découverte inattendue: la plupart des gens affirment qu’ils sont plus heureux l’âge venant« .

L’ éducation, le voyage, le travail sont autant de domaines à faire fructifier, selon Susan Neiman, pour se sentir bien une fois la jeunesse derrière soi. « Agir selon ses moyens pour que son fragment de monde se rapproche de ce qu’il devrait être sans perdre de vue ce qu’il est, voilà une bonne définition de l’âge adulte », explique-t-elle, ajoutant que « grandir, c’est comprendre qu’aucun âge de la vie n’est plus enviable qu’un autre et décider de savourer chaque seconde de bonheur qui se présente ». Belle philosophie.

(1)Grandir. Eloge de l’âge adulte à une époque qui nous infantilise, par Susan Neiman, Premier Parallèle, 304 p.

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