Godfried Danneels © BELGA

« Godfried Danneels a oeuvré pendant des années à l’élection du pape François »

Walter Pauli
Walter Pauli Walter Pauli est journaliste au Knack.

Les historiens de l’Église Jürgen Mettepenningen et Karim Schelkens viennent de publier une biographie du cardinal Godfried Danneels dans laquelle l’archevêque apparaît comme un défenseur de l’Église moderne. Il aurait même oeuvré pendant des années à l’élection du pape François.

Opposé au pouvoir grandissant de Ratzinger et de sa clique au Vatican, l’archevêque de Milan Carlo Maria Martini a commencé à organiser des réunions « secrètes » d’évêques et de cardinaux à Saint-Gall en Suisse à partir de 1996. Ces rencontres étaient vaguement connues de certains spécialistes, mais il n’y a jamais eu de compte-rendu aussi détaillé des activités du « groupe de Saint-Gall » que dans la biographie de Jürgen Mettepenningen et Karim Schelkens. En 1999, Danneels a rejoint le groupe, dans lequel figuraient aussi l’évêque néerlandais Adriaan Van Luyn, les cardinaux allemands Walter Kasper et Karl Lehman, le Britannique Basil Hume et l’Italien Achille Silvestrini. Pour Danneels et les autres, il s’agissait de « vacances spirituelles », une forme de consolation et de soutien mutuel à une époque sombre.

Le Vatican a envoyé le sinistre cardinal Camilo Ruini pour sonder de quoi il retournait, mais ce dernier a fait chou blanc. En même temps, le « Groupe de Saint-Gall » essayait d’influencer les agissements du Vatican. La question que l’on se posait de plus en plus expressément était la suivante : « Que se passera-t-il après Jean Paul II ? Comment éviter que Ratzinger ne devienne pape ? »

Lors du conclave de 2005, Joseph Ratzinger s’est avéré trop fort. Danneels et les autres membres du groupe Saint-Gall ont à peine réussi à cacher leur déception. Ils ont mis leur manque d’enthousiasme sur le compte de la fatigue. Mais leur analyse fondamentale, que l’appareil du Vatican avait besoin d’être innové et que le message de l’Église devait être beaucoup plus optimiste, était prémonitoire. Le pontificat de Ratzinger a tourné à la catastrophe et l’Église a gémi sous les affaires de moeurs et de corruption. Entraîné par l’évêque brugeois Roger Vangheluwe à un entretien avec la famille du neveu avec qui il avait eu une « petite relation » et suspecté dans l’Opération Calice, Danneels a également été mêlé aux scandales.

Cependant, l’élection de Jorge Mario Bergoglio met fin à cette période sombre. « L’élection de Bergoglio correspondait au but poursuivi par Saint-Gall, ça ne fait aucun doute. Et les grandes lignes de son programme sont celles dont Danneels et ses confrères discutaient depuis plus de dix ans » écrit Schelkens.

Le 13 mars 2013, une vieille connaissance se tenait d’ailleurs aux côtés du nouveau pape François : Godfried Danneels. Officiellement, il était là en tant que doyen des cardinaux-prêtres , mais en réalité il a oeuvré pendant des années comme faiseur de rois discret d’un pape capable de rendre un avenir à « son » Église.

RECTIFICATION

L’article « Godfried Danneels a oeuvré pendant des années à l’élection du pape François » comporte une erreur historique, commise après l’approbation et la correction de leurs citations par les auteurs. L’avant-dernier paragraphe n’a pas été reproduit comme il avait été indiqué dans la correction susmentionnée.

Le paragraphe erroné (que nous avons modifié entre-temps) était le suivant : « L’élection de Bergoglio a été préparée à Saint-Gall, ça ne fait aucun doute. Et les grandes lignes de son programme sont celles dont Danneels et co discutaient depuis plus de dix ans ».

Cependant, la correspondance avec le journaliste mentionne le passage suivant: « L’élection de Bergoglio correspondait au but poursuivi par Saint-Gall, ça ne fait aucun doute. Et les grandes lignes de son programme sont celles dont Danneels et ses confrères discutaient depuis plus de dix ans ».

Comme le passage original n’a pas été respecté, le lecteur a l’impression que le Groupe de Saint-Gall était un lobby. C’est incorrect et en plus le Groupe de Saint-Gall ne s’est plus réuni après 2006, soit sept ans avant que le conclave n’élise le pape François. Étant donné que le passage que nous souhaitons rectifier est repris par des médias internationaux, il est important pour la bonne compréhension de la réalité historique et notre intégrité en tant qu’historiens de l’Eglise et biographes du cardinal Danneels que cette adaptation regrettable de notre citation soit rectifiée.

Karim Schelkens et Jürgen Mettepenningen

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