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Gel et agriculture, un mélange qui pourrait faire mal

Après les chutes de neige du 1er avril, la « blague météorologique » semble vouloir continuer à faire son bout de chemin dans les jours voire les semaines à venir. Une blague de mauvais goût pour les agriculteurs, qui risquent de voir leur production se détruire à petit feu. Le Vif fait le point avec José Renard, secrétaire général de la Fédération Wallonne de l’Agriculture (FWA).

Avec un mercure n’ayant pas dépassé les 2,7 degrés, le 1er avril 2022 a été le plus froid jamais enregistré depuis le début des mesures des records journaliers. En plus de cela, la neige a fait son retour et le gel s’est progressivement installé sur les plaines du plat pays.

Un phénomène pas si inhabituel en Belgique, mais qui n’est pas sans conséquence pour les agriculteurs. « Plus que la neige, c’est le gel qui est le plus susceptible de provoquer des dégâts. Il faut savoir que vu le beau temps du mois de mars, la végétation est quand même en avance par rapport à la moyenne. On a une ou deux semaines d’avance. Il y a déjà une série d’arbres fruitiers qui sont actuellement en fleurs », indique José Renard, secrétaire général de la FWA.

Cette avance dans le calendrier peut être une bonne nouvelle… à condition que la météo suive le rythme. Aux dernières nouvelles, des gelées hivernales sont prévues en fin de semaine, ce qui pourrait ne pas arranger les propriétaires de vergers. « Quand on arrive à des températures en dessous de -2 degrés, ça peut s’avérer catastrophique pour les fleurs ou pour les tout jeunes fruits qui sont en train de se former. »

Un mal qui est malheureusement déjà fait depuis vendredi dernier. Pour José Renard, la question n’est pas de savoir s’il y aura des conséquences mais plutôt à quel point. « Il faudra encore voir dans quelques jours pour constater l’ampleur des dégâts. »

Les fruits en première ligne

Parmi les cultures les plus touchées, les vergers sont les principales zones susceptibles de souffrir du gel. Ce sont les cerises et les poires qui pour l’instant sont en première ligne de cette exposition de froid. Sans pour autant donner de chiffre précis, José Renard a déjà pu constater une part assez conséquente de détérioration. « J’ai déjà lu qu’il pourrait y avoir 30% de dégâts dans les verger. Je n’ai pas encore eu l’occasion d’en discuter avec mes collègues du secteur de l’horticulture mais c’est effectivement bien possible que ce chiffre soit exact. »

Un coup dur supplémentaire pour certains propriétaires de vergers, qui voient déjà l’exportation de leurs poires réduites suite à la guerre en Ukraine. Pour rappel, la Belgique exportent en général 20% de leur production vers la Russie.

Un autre phénomène qui pourrait avoir un impact concerne le tout début de la germination de certains légumes. En train de doucement sortir de la terre avec l’arrivée du printemps, les plantes risquent de ne pas se développer en cas de grand froid dans le pays. « L’autre type de dégâts que l’on pourrait constater, ce serait les plantules qui seraient en train de germer. Elle pourrait très certainement subir les dégâts du gel. C’est le cas pour les betteraves par exemple. »

Des bâches, de la cire…Et des hélicoptères

Pour contrer le mal hivernal, les agriculteurs ont développé plusieurs solutions. Certaines sont plutôt classiques, d’autres sont assez inventives et coûteuses.

Parmi les moyens les plus courants de vaincre le gel, il y a évidemment le bâchage des cultures. Des bâches qui peuvent recouvrir les arbres ainsi que les cultures de sol qui permettraient de gagner un ou deux degrés.

Une autre solution, plus originale, pour les horticulteurs et fruiticulteurs est l’utilisation de bougies chauffantes. « Ce sont des gros blocs de cire installés en nombre dans les vergers. Et quand la température descend à -1 degrés, il faut vite courir pour allumer toutes ses bougies. Ça a l’effet de relever la température de 1 à 2 degrés près des fleurs. Donc ça permet quand même d’avoir un effet protecteur », indique le secrétaire général de la FWA.

Pour ce qui est de la viticulture, une approche tout à fait différente est à aborder pour contrer le gel. Le plus efficace n’est pas d’apporter de la chaleur mais de l’air. Et quelle solution pour apporter du vent ? Avec un système d’éolienne à quelques mètres des cultures. « En général, il faut un hélicoptère qui survole la surface pendant deux ou trois heures. Le brassage d’air est le plus efficace, mais ça coute très cher. Dans ce cas-ci il faut quand même des crus où les bouteilles se vendent chers. »

Dans les pays voisins, comme en France, quelques viticulteurs ont utilisé cette dernière méthode ce lundi matin :

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Les solutions ne manquent pas, mais elles ne sont parfois pas assez efficaces pour permettre une évolution optimale des fruits et autres productions agricoles. Les dégâts sont déjà là, il est maintenant avant tout question d’en connaitre l’ampleur. Mais les experts se veulent déjà rassurants en affirmant qu’ils ne prévoient pas de « catastrophe ».

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