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Fracture numérique: la Belgique a encore du chemin à parcourir

Stagiaire Le Vif

Face à la numérisation croissante de notre société, une partie de la population belge est exclue à cause de la fracture numérique. Avant tout les personnes défavorisées.

La crise sanitaire que nous avons vécue l’an dernier nous a obligé à passer au presque tout numérique. Pour prendre rendez-vous avec son médecin, aller travailler, prendre des nouvelles de nos proches… Nous avons vécu dans une bulle numérique. Problème, cette bulle n’a pas pu accueillir tout le monde. On estime qu’en Belgique une personne sur quatre est en « situation de vulnérabilité face à l’utilisation des technologies numériques ».

C’est en partant de ce constat que six représentants de gouvernements et 28 organisations ont décidé de signer un charte d’inclusion numérique. Comme l’ont souligné plusieurs signataires, le processus de la digitalisation représente aujourd’hui un enjeu sociétal. Véronique De Leener, présidente de l’ASBL Maks,qui donne accès à des ordinateurs à Molenbeek et à Cureghem et signataire de la charte, a montré concrètement les problèmes qu’engendre une exclusion numérique, « Je vous présente Sayah, 51 ans, père de 5 enfants. Sayah est venu demander un travail chez nous, il ne savait ni lire ni écrire et n’avait jamais touché un ordinateur de sa vie. Maintenant, il a réussi à trouver un travail car il a pu créer son CV vidéo et l’envoyer par mail. Comme Sayah, il y a des centaines de milliers d’autres personnes. A Cureghem, une personne sur trois n’a pas d’ordinateur ou accès à internet ».

Miser sur le privé

En signant cette charte les différents partis ne s’engagent pas à des actions concrètes, seulement à « soutenir les campagnes visant à donner la priorité à l’inclusion numérique » ou encore « identifier et partager les meilleures pratiques pour améliorer l’inclusion numérique. » Les institutions publiques présentes n’ont effectivement pas annoncé d’actions concrètes. Chez Actiris, par exemple, on « espère pouvoir avoir un accès plus facile aux entreprises qui ont aussi signé la charte et voir comment elles peuvent aider à réduire cette fracture numérique. » explique Catherine Mancel, la directrice-générale adjointe.

Car la plupart des initiatives viennent du privé. Par exemple, dans les signataires, nous retrouvons l’ASBL Digital for Youth, co-fondé par DNS Belgium, qui a notamment aidé plusieurs fois Maks à avoir des ordinateurs, « On aide des organisations belges, qui elles-mêmes aident des jeunes à avoir des aptitudes digitales. Pendant la crise, nous avons reçu tellement de demandes de la part des écoles qu’on a fait grandir le projet en 2020 et nous avons distribué presque 15.000 ordinateurs dans les écoles. » explique ainsi Phillip Du Bois, PDG de DNS Belgium. Des ordinateurs qu’ils récupèrent et financent grâce à d’autres entreprises, comme Proximus qui a donné une partie de ses ordinateurs à l’ASBL.

Les différents représentants des institutions publiques ont rappelé leur engagement dans la lutte contre cette fracture sociale, notamment dans la Région bruxelloise où 11 % de la population n’a jamais utilisé internet. Du côté du fédéral, on entendant s’appuyer sur le réseau de Bpost pour aider la population à entreprendre des actions numériques simples, comme l’a expliqué Petra deSutter, vice-première ministre et ministre des Télécommunications. A long terme, le but est de supprimer les zones blanches en Belgique- c’est zone n’ayant pas accès à internet – grâce, entre autres, à un partenariat avec les opérateurs, comme Proximus. L’entreprise de télécom fait d’ailleurs parti des signataires de la charte, « combiner les investissements du privé et le support du public, c’est ce qui nous permettra de combler la fracture numérique en termes de réseau, mais aussi d’inclusion. » a d’ailleurs affirmé le PDG de l’entreprise, Guillaume Boutin.

Tous les signataires se réuniront d’ici trois ans pour tirer un premier bilan.

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