Paul Magnette © Belga

Formation fédérale : les éditorialistes flamands très pessimistes

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Près de deux cents jours après les élections, la formation du gouvernement fédéral est toujours au point mort. L’informateur Paul Magnette (PS) a jeté l’éponge et le roi consulte, une situation que les éditorialistes flamands ne voient guère d’un bon oeil.

« Pauvre roi des Belges »

Jan Segers, éditorialiste du quotidien Het Laatste Nieuws, admire le courage du roi Philippe et est animé par un sentiment de compassion pour le « pauvre roi des Belges ». « Le souverain poursuivra courageusement ses consultations. Mais qui reste-t-il à consulter ? Eh oui, il enverra peut-être un nouvel informateur sur le terrain. Mais quelles informations y a-t-il à récolter que nous ne connaissons pas encore? », se demande-t-il. « 

À première vue, la seule solution serait d’envoyer le président de la N-VA, Bart De Wever, sur le terrain, étant donné que ce dernier réclame l’initiative que personne d’autre n’a envie de prendre. Le CD&V le pousse également à se mouiller. Pessimiste, Seghers estime toutefois que la coalition violette-jaune n’a plus aucune chance d’aboutir.

Il incrimine à la fois Paul Magnette qui ne veut pas gouverner avec la N-VA, la présidente de l’Open VLD Gwendolyn Rutten qui plaide pour une coalition violette-verte, et le CD&V qui veut voir échouer les nationalistes flamands pour entrer dans une coalition arc-en-ciel menée par le chrétien-démocrate et actuel ministre de la Justice Koen Geens.

Seghers n’épargne guère Bart De Wever qui n’a pas hésité à fustiger les libéraux sur les ondes de la VRT. « Les dégâts causés par l’Open VLD sont énormes. J’ai rencontré Paul Magnette. Il a tellement le goût de sa bouillie arc-en-ciel en bouche qu’il faudra beaucoup de dentifrice flamand pour se laver la bouche ». Pour Het Laatste Nieuws, les politiciens ne sont pas poussés par l’intérêt du pays, mais par l’intérêt de leur parti. « On ne sait pas où l’on va, mais on y va tout droit », conclut-il.

« Le but n’était pas de progresser »

Au quotidien De Morgen, Bart Eeckhout partage son avis. Il s’étonne de ce que « près de deux cents jours après les élections, il est à nouveau temps de faire une pause ». « En cours de route, les politiciens belges ont perdu le respect de leur mandat. (…) Rarement, ce manque de respect n’est apparu aussi clairement qu’aujourd’hui », écrit-il.

Après Magnette, prédit-il, on enverra un nouvel informateur sur le terrain. « Jusqu’à ce que quelque chose se mette soudainement à bouger, avant que le sabotage ne devienne encore plus féroce qu’avec Magnette. Parce que le but n’est plus de progresser. Le plus remarquable dans ce spectacle, c’est que l’on trouve encore des gens prêts à expliquer que tout cela est normal et nécessaire. »

« Magnette connaît mal la politique flamande »

Pour Peter Mijleman du Nieuwsblad, agacé par le « mauvais théâtre » et les « petits jeux politiques », Paul Magnette a sous-estimé l’Open VLD, qui a toujours été un parti naviguant dans des eaux houleuses, composé de personnes très ambitieuses. « Il ne connaît pas bien la politique flamande. Il ne voyait pas que Gwendolyn Rutten forçait la main sans faire de vraies concessions au PS ».

Bart De Wever en prend également pour son grade. Mijleman le soupçonne de vouloir prouver la faillite de la Belgique. « Depuis une semaine, Bart De Wever demande à prendre l’initiative. Si c’est sincère, il se complique fort le travail. De la part de quelqu’un à qui l’on confie la tâche de chercher une solution – dans son cas une coalition violette-jaune – on s’attendrait à un langage plus diplomatique. On dirait que le président de la N-VA fait tout pour qu’on ne le désigne pas comme médiateur », estime-t-il.

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