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Ford Genk: Bilan d’une journée noire

Le couperet est tombé mercredi matin: l’usine Ford de Genk fermera ses portes au terme de la production des modèles actuels, soit en 2014, entraînant la suppression de quelque 4.300 emplois directs et environ 10.000 au total.

Une décision qui confirme les rumeurs persistantes de restructuration et de fermeture qui couraient ces derniers mois mais qui jusqu’il y a encore quelques semaines, avaient toujours été démenties par la direction du groupe automobile.

Selon un communiqué de la direction locale de Genk lu mercredi matin par le délégué syndical CSC Luc Prenen, quelques minutes après la tenue du conseil d’entreprise extraordinaire, Ford envisage une « restructuration, un licenciement collectif et la fermeture » du site limbourgeois. L’assemblage automobile et les presses seront fermés « à la fin du cycle de production des modèles actuels en 2014 ».

Malgré les promesses répétées de la direction de Ford de confier à l’usine de Genk la production de trois nouveaux modèles, promesses coulées en novembre 2010 dans un contrat d’avenir signé avec le gouvernement flamand et réitérées en septembre dernier par le vice-président de Ford Europe Jeff Wood, le constructeur automobile américain a finalement décidé de délocaliser vers l’usine espagnole de Valence les trois nouveaux modèles actuellement produits en Belgique, à savoir les Mondeo, S-Max et Galaxy.

Stephen Odell, administrateur délégué de Ford Europe, a confié que la décision finale de fermer le site de Genk a été prise la semaine dernière. Une décision « difficile » et « fruit d’une longue réflexion » qui est la conséquence de la surcapacité « intenable » sur le marché européen. L’usine de Genk a été choisie en raison de son faible taux d’activité, avec seulement 48% de sa capacité de production actuellement utilisée contre près de 80% pour les usines allemandes de Ford.

Si 4.300 directs sont appelés à disparaître, la fédération belge des industries technologiques Agoria chiffre toutefois à 9.460 le nombre total d’emplois directs et indirects touchés. Selon elle, une fermeture « diminuera notre PIB de 0,3% ».

D’ailleurs, quatre entreprises, où travaillent 1.300 personnes et qui sont reliées directement à l’usine de Ford Genk par un système de transports, devront plus que probablement fermer elles aussi leurs portes. La production dans ces quatre entreprises (SML Genk – qui devrait pouvoir garder quelques emplois grâce à Audi-, IAC Genk, Lear Genk et Syncreon) y est momentanément à l’arrêt.

L’annonce de la fermeture de l’usine Ford Genk a suscité des réactions de découragement, de tristesse et de colère parmi les travailleurs présents devant l’entreprise mercredi. Pour certains, cette fermeture s’apparente à la chronique d’une mort annoncée.

Les syndicats, outrés que la direction européenne ne se soit pas déplacée mercredi matin à Genk pour l’annonce, ont décidé de boycotter la réunion prévue mercredi après-midi à Bruxelles.

Ils ont par ailleurs réfuté les allégations avancées par la FEB, Agoria, le VOKA ou encore la Febiac qui ont cité, entre autres, les coûts énergétiques et salariaux en Belgique parmi les critères qui ont pu décider Ford à fermer son site de Genk. Selon eux, les coûts salariaux des travailleurs de Genk sont inférieurs à ceux des salariés allemands et ne représentent que 5,5% des coûts de production.

La fermeture a aussi été fermement condamnée par la classe politique. Le Premier ministre Elio Di Rupo a parlé d’un « drame pour les travailleurs de Ford et des sous-traitants. C’est un coup dur pour l’économie belge dans son ensemble ». Après avoir rencontré dans l’après-midi la direction européenne du constructeur automobile, il a annoncé que la phase de consultation de la procédure Renault avait débuté. « J’ai rappelé à la direction de Ford ses devoirs et obligations en tant qu’employeur », a-t-il ajouté.

Le vice-Premier ministre Steven Vanackere estime pour sa part que le lancement de la phase de consultation « signifie que la décision de fermer Genk n’est actuellement pas définitive ». Il a évoqué, avec d’autres membres du gouvernement fédéral comme Didier Reynders notamment, le cas de VW Forest dont la fermeture avait pu être évitée il y a quelques années en la transformant en une petite mais performante usine Audi Brussels.

De son côté, le ministre-président flamand Kris Peeters a évoqué « une douche froide » à l’issue de sa réunion avec la direction de Ford Europe. Le gouvernement flamand, pour qui le constructeur automobile est revenu sur ses engagements, étudie désormais la possibilité de réclamer les 43,5 millions d’euros investis ces dix dernières années pour l’usine.

Les cinq syndicats présents chez Ford Genk (ACV-Metea, ABVV-Metaal, ACLVB, LBC et BBTK) décideront jeudi soir de leur stratégie après avoir consulté leur base respective. « Nous déciderons ensemble de la meilleure stratégie à adopter pour les prochains jours et semaines », a précisé l’ACV-CSC.

Levif.be avec Belga

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