Clément Dawagne, Flore Tonglet et Zoé Lamontagne. © Loreline Dubuisson

Foire de Libramont: rencontre avec des membres de la Fédération des jeunes agriculteurs

Stagiaire Le Vif

La FJA, Fédération des jeunes agriculteurs, est une institution très importante dans le milieu rural tant pour son côté fédérateur que pour sa défense du monde agricole. Entre soirées dansantes, jeux-concours et promotion du secteur agricole, la FJA est un véritable réseau couvrant toute la Wallonie.

La Foire de Libramont a lieu ce week-end. Évènement majeur pour l’agriculture en Belgique, elle rassemble l’entièreté du milieu agricole, dont la Fédération des jeunes agriculteurs. Institution plutôt méconnue du grand public, c’est l’occasion d’en faire connaissance aux côtés de trois membres actifs issus des sections locales de Dinant et d’Andenne.

Flore Tonglet, 22 ans, est vice-présidente syndicale à la FJA d’Andenne. Ses parents sont agriculteurs et banquiers. Leur ferme est principalement composée d’un élevage de blancs-bleus-belges et de culture. La famille essaye d’être en autonomie alimentaire, c’est-à-dire produire elle-même la nourriture nécessaire à leurs bêtes. Flore baigne dans le milieu agricole depuis toute petite et s’y investit énormément. À côté de la FJA, Flore est étudiante en dernière année de comptabilité de gestion.

À 22 ans, Zoé Lamontagne fait également partie de la FJA d’Andenne au poste de trésorière. Son père possède une ferme à Solières où il travaille en collaboration avec une autre de ses filles. Ensemble, ils élèvent des blancs-bleus-belges, mais disposent également d’un petit troupeau de laitières. Récemment, ils se sont lancés dans l’élevage de poules pondeuses reproductrices. Zoé termine cette année sa formation de directrice de maison d’enfants.

Clément Dawagne est également un fils d’agriculteurs. Ses parents, en association avec l’un de ses frères, sont locataires d’une ferme royale à Houyet. Ils s’occupent de vaches laitières, de poules pondeuses bios et d’une porcherie d’engraissement. À 26 ans, le jeune homme est expert forestier (gestion forestière dans des propriétés privées). Ancien président de la FJA de Dinant, Clément est aujourd’hui un simple membre actif, mais reste fier de ses dizaines d’années d’expérience au sein de sa FJA.

Concours du meilleur juge de la FJA de Dinant (2017)
Concours du meilleur juge de la FJA de Dinant (2017)© FJA Dinant

Qu’est-ce que la FJA ?

FJA est l’acronyme de Fédération des jeunes agriculteurs. Elle est la descendante de la JAP, Jeunes Alliances Paysannes, créée en 1927. L’institution est divisée en trois niveaux : national, provincial et local. Chaque niveau a ses propres responsabilités. Le niveau national représente les jeunes agriculteurs au sein du monde politique. Il est d’ailleurs souvent sollicité par le cabinet du ministre wallon de l’Agriculture. Le niveau provincial établit le calendrier des sections locales. Il est également en charge de la vulgarisation et de l’organisation d’activités promouvant le monde agricole comme « Ferme en ville ». Viennent ensuite les structures locales qui sont aussi en charge d’organiser, à leur échelle, des activités mettant en avant le secteur rural. Chaque FJA locale est obligée d’organiser quatre évènements sur l’année : trois soirées dansantes et un concours du meilleur juge. À côté de cela, des activités plus intellectuelles sont mises en place comme des séances d’information ou des conférences.

La FJA fait partie d’un ensemble plus large d’institutions qui viennent en aide aux agriculteurs. La « maison-mère » est la FWA, la Fédération wallonne de l’agriculture. Ce syndicat est un peu la continuité de la FJA. La troisième institution est l’UAW, l’Union des agricultrices wallonnes. Ce mouvement exclusivement féminin a été créé pour mettre en valeur les agricultrices.

Chaque section locale est composée d’un comité ayant à sa tête un président. Il est en charge de « diriger l’équipe, gérer les conflits s’il y en a, penser à tout ce qu’il faut faire, il planifie et met les choses en route », précise Clément Dawagne. Le président est secondé par un vice-président. Viennent ensuite les postes de secrétaire et trésorier. Ensemble, ils gèrent l’administratif et le financier (assurance, gestion des comptes, courses, invitations et réservations, …). Le comité comprend aussi quatre vice-présidents syndicaux qui représentent leur section locale lors de réunions provinciales. L’équipe est complétée par sept délégués dont les charges peuvent varier d’une FJA à l’autre. Zoé Lamontagne explique que « la FJA d’Andenne dispose, par exemple, d’un ‘délégué bar’ et d’un ‘délégué photo’. »

Une FJA est avant tout un lieu de rencontre et de partage. Pour Flore Tonglet, la FJA représente « une grande famille qui organise les choses ensemble ». Zoé Lamontagne ajoute que tout le monde peut compter les uns sur les autres. Pour Clément Dawagne, la FJA est un moyen de « protéger les jeunes agriculteurs et le milieu agricole d’une manière générale. » En effet, la section nationale offre aux jeunes agriculteurs de précieux conseils et subsides pour lancer leur exploitation.

Quelles sont les activités organisées par la FJA ?

Projet en collaboration avec la section nationale

De grands projets communs sont mis en place entre les différentes sections locales et la section nationale. « Par exemple, l’année passée, Zoé, Alice, la soeur de Clément, et moi avons réalisé une petite vidéo pour promouvoir le monde agricole. Tout le monde avait fait des vidéos pour faire le buzzsur les réseaux sociaux. Ce projet avait pour but de montrer qui on est et ce qu’on fait », explique Flore Tonglet. Le projet de cette année sera présenté ce lundi au stand de la FJA à la Foire de Libramont.

Concours du meilleur juge

Chaque section locale de la FJA doit obligatoirement organiser un concours du meilleur juge (CMJ). Ces concours sont dédiés aux blancs-bleus-belges. Trois séries de bêtes sont présentées aux participants, le but étant d’estimer le mieux possible le poids et le prix de chaque bête. « La FJA détermine deux jurés, bien souvent un marchand et un autre fermier ou éleveur », explique Clément Dawagne. La FJA organisatrice compare alors les estimations des participants à celles des deux jurés. Celui qui se rapproche le plus des estimations du jury gagne le concours.

Le concours à proprement parler se déroule au soir, mais les activités commencent dès la matinée. De plus en plus d’agriculteurs profitent de cette journée pour organiser des « réunions phyto », devenues obligatoires pour les fermiers. À midi, un diner est prévu pour les participants. Bien souvent, les agriculteurs partent « faire leur besogne » après avoir mangé et reviennent au soir pour le concours. La FJA met toutefois en place diverses activités pour petits et grands : château gonflable, grimage, jeu du clou, lancé de ballots, …

Jeux inter-FJA

Les jeux inter-FJA sont organisés dans la province de Namur tous les 21 juillet par une FJA différente. « Cette année, c’était la section de Ciney qui les organisait. Ils ont dû trouver un endroit, généralement une grande prairie. Ils proposent toutes sortes d’activités semblables aux jeux intervillages. Chaque section est l’une contre l’autre, il y a une petite rivalité. Ça commence en général vers 10H puis il y a une pause à midi où tout le monde mange un pain saucisse. Après, il y a de nouveau des jeux toute l’après-midi, jusque 17H environ. Tout le monde va ensuite se laver à la bonne vieille méthode des bouteilles » explique Zoé Lamontagne. Au soir, un souper est prévu puis la FJA « hôte » propose l’ultime jeu. Au bout de celui-ci, la FJA vainqueur reçoit une coupe et la journée se termine par une soirée dansante.

Soirées dansantes

Chaque FJA organise trois soirées dansantes par an. Le comité se charge de réserver un lieu, de trouver un dj, de contacter un brasseur, … La plupart des participants sont des membres de FJA de la région. Bien entendu, ces soirées sont également ouvertes aux non-membres. De plus en plus, les FJA essayent d’organiser des soirées à thème et encouragent les participants à venir déguisés. La majorité de ces soirées sont forfaitaires et les tarifs diffèrent selon que l’on soit membre ou non de la FJA.

Ces soirées dansantes font partie de la tradition de la fédération. Flore explique qu’elle a « chez [elle] des invitations écrites de [ses] grands-parents pour aller au bal de la JAP » (ancêtre de la FJA).

Voyage

Les voyages ne sont pas obligatoires, chaque section locale décide ou non d’en organiser un. « En général, on essaye de faire des visites culturelles. Cette année, nous sommes allés en Alsace visiter un vignoble et une fromagerie », explique Zoé Lamontagne.

La FJA d'Andenne aux jeux inter-FJA 2019
La FJA d’Andenne aux jeux inter-FJA 2019© ShakeLess

Que représente la Foire de Libramont pour la FJA ?

Pour la FJA, la Foire de Libramont est avant tout un lieu de rassemblement. « On revoit toutes les FJA de Wallonie », explique Flore Tonglet. Zoé Lamontagne ajoute même : « la Foire est aussi l’occasion de boire un verre avec les personnes qu’on voit moins souvent. » C’est un véritable lieu d’échange, les agriculteurs ont la possibilité de discuter avec des confrères qu’ils ne voient parfois qu’à cette occasion.

La FJA dispose d’un stand à la Foire qui est intégré à celui de la FWA. Des représentants sont disponibles pour répondre à toutes les questions éventuelles des visiteurs, mais en profitent également pour diffuser des vidéos promotionnelles réalisées au cours de l’année avec les sections locales.

Le lundi matin, le stand de la FJA organise un drink. C’est l’occasion de rassembler tous les affiliés. Le ministre de l’agriculture wallon est présent pour écouter le discours de Pierre André, le président de la section nationale de la FJA.

Quel est l’avenir de l’agriculture ?

« On peut être sceptique quant à l’avenir de l’agriculture quand on voit ce qu’il se passe avec le Mercosur, mais il faut rester positif », déclare Clément Dawagne. Selon lui, il faut espérer que la population se tourne de plus en plus vers le local et le produit du terroir pour favoriser l’agriculture « de chez nous ». Il souhaite que les gens se conscientisent et mangent des produits plus respectables pour l’environnement, la société et le bien-être animal.

Pour Flore Tonglet, l’un des principaux défis du monde agricole est de faire comprendre aux consommateurs que les fermiers essayent de plus en plus d’appliquer une « agriculture raisonnée », c’est-à-dire réfléchie et respectueuse de l’environnement. Elle explique que la société agricole actuelle a peur, car de fausses idées sont véhiculées, notamment sur la viande et l’environnement, et qui sont à l’encontre des valeurs de l’agriculture wallonne. Elle espère un jour faire taire ces préjugés. « Un des projets de la FJA et de la FWA, à long terme, est de réintroduire un dialogue entre le citoyen et l’agriculteur » explique-t-elle.

Loreline Dubuisson

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