Carte blanche

Faire des acteurs privés de la mobilité partagée, un pilier de la multimodalité à Bruxelles (carte blanche)

Anne-Charlotte d’Ursel et David Weytsman, députés bruxellois MR, veulent que Bruxelles prenne exemple sur d’autres villes comme Paris et écoute les acteurs de terrain. « Il est crucial d’initier une véritable concertation avec la Flandre et les opérateurs afin d’étendre la zone de rayonnement de la mobilité partagée au-delà du territoire bruxellois », estiment-ils.

La mobilité privée et partagée est en plein boum. Cela va de la trottinette ou du vélo en free floating (c’est-à-dire en libre-service sans station) à la voiture ou au scooter partagés. Toutes ces nouvelles formes de mobilité qu’on peut réserver en fonction de ses besoins, en quelques secondes, sur son smartphone.

Lime, Dott, Billy Bike, Bird, Poppy, Cambio sont parmi ces solutions empruntées chaque jour par des dizaines de milliers de Belges. En juin 2020, on comptait, à Bruxelles, un peu plus de 2600 trottinettes partagées, 600 vélos électriques partagés Billy Bike, 700 vélos Lime (ancien Jump) et près de 5000 Villos, dont un tiers de la flotte est électrique. On comptait également quelques 300 scooters Felyx, 300 scooters Scooty et 130 scooters Poppy. Le constat est le même dans toutes les grandes villes du monde : vélos, trottinettes, scooters ou voitures partagés viennent compléter l’offre de transport en commun.

En 2021, les usagers souhaitent en effet plus de flexibilité, de liberté et de multimodalité. Et ce sont des entreprises privées, ces acteurs de la mobilité du début du XXIème siècle, petits ou grands, belges et internationaux, qui répondent à ces besoins!

Nous soutenons pleinement le développement de cette mobilité partagée également pour des raisons environnementales, pour réduire les embouteillages et pour complémenter les services de la STIB. Une voiture Cambio remplace par exemple jusqu’à 15 voitures dans un quartier. Une trottinette ou un vélo permettent d’effectuer rapidement le dernier kilomètre entre l’arrêt de bus et sa destination. Aux heures de pointe, ces solutions alternatives permettent aussi de soulager les lignes les plus saturées. Oui, les avantages sont nombreux!

Pourtant, une fois de plus, la Région de Bruxelles-Capitale est à la traîne. Plusieurs acteurs ne sont en effet toujours pas présents sur toute la Région pour des raisons économiques ou de sécurité, excluant ce faisant, certains quartiers. Ensuite, ces véhicules partagés sont encore trop souvent stationnés n’importe comment, au plus grand malheur des piétons, des personnes à mobilité réduite ou des personnes mal voyantes. Sans compter que, quand Bruxelles Mobilité crée une des rares zone dédiée à ce stationnement (drop-off zone), elle ne prévient même pas les opérateurs. De plus, les règles de stationnement et de sanctions sont totalement kafkaïennes et différentes selon les communes. Par ailleurs, malgré un nombre important d’accidents, il n’y a aucune campagne de sensibilisation et de sécurité routière adaptées. Enfin, un marché en plein développement mais incertain, combiné à l’absence de politiques volontaristes orientées clients et entreprises, ont fini par décourager certains opérateurs qui ont aussi vite quitté notre Région.

Alors que faire?

Nous pourrions déjà regarder ce qui se fait dans d’autres grandes villes européennes comme Paris qui a, par exemple, installé plus de 2500 emplacements de stationnement adaptés et obligatoires depuis 2019. Aujourd’hui, cette ville teste également des stations permettant la recharge électrique en rue. A Bruxelles aussi, c’est possible!

Nous exhortons le gouvernement à mettre fin au stationnement anarchique en créant des zones adaptées de stationnement sur l’ensemble des voiries régionales tout en soutenant financièrement les communes à faire de même.

Alors, que faire?

Nous plaidons pour la création de partenariats publics-privés entre ces acteurs de la mobilité partagée, la STIB mais aussi les sociétés de transport rémunéré de personnes (Taxis, Uber, Heetch…). Dans certaines grandes villes européennes, ces acteurs privés offrent des trajets moins chers dans les quartiers les plus enclavés ou, tout simplement, en soirée, quand les transports en commun ne roulent plus. A Bruxelles aussi, c’est possible!

Alors, que faire?

Nous pourrions aussi écouter les acteurs de terrain dont certains ont été invités à s’exprimer récemment au Parlement bruxellois. Nous savons que le système actuel de licence et de redevance ne sont pas adaptés aux enjeux sociaux, environnementaux et économiques : trop lourd, trop long, trop cher. Et surtout déconnecté des enjeux environnementaux, notamment de durabilité des véhicules et des déplacements.

Notre capitale compte chaque jour quelques 370.000 navetteurs dont 190.000 automobilistes provenant, en partie de la proche périphérie. Malheureusement, seul Cambio propose des stations (2 à Vilvoorde, 2 à Tervuren) en dehors de la Région bruxelloise. Il est crucial d’initier une véritable concertation avec la Flandre et les opérateurs afin d’étendre la zone de rayonnement de la mobilité partagée au-delà du territoire bruxellois. Cela permettrait à ses habitants de rejoindre un bout de ligne de métro bruxellois depuis leur domicile, ou de pouvoir rentrer tard chez eux après avoir pris le dernier métro.

Bruxelles est à la traîne et cette situation est non seulement inacceptable mais totalement incompréhensible quand on sait, d’une part, qu’un ménage bruxellois sur deux n’a pas de voiture et, d’autre part, que toutes ces solutions de mobilités sont à portée de main.

Anne-Charlotte d’Ursel et David Weytsman

Députés bruxellois MR

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire