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Etre pauvre en Belgique: les conséquences au quotidien

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Le SPF Economie a publié récemment des statistiques sur la pauvreté en Belgique. De nombreux Belges luttent au quotidien pour s’en sortir financièrement et pouvoir payer leurs factures. En 2014, 15,5% de la population vivait sous le seuil de pauvreté, ce qui représente environ 1,7 million de personnes.

Le SPF Economie a publié récemment les chiffres de la pauvreté en Belgique. Ils montrent que 15% de la population belge était considérée comme ‘pauvre’ sur l’année 2014. Plus de 20 % des Belges se trouvent potentiellement dans une situation précaire, soit plus d’un habitant sur cinq. Les chiffres du rapport, analysés dans les détails par les journaux de Sudpresse sont sans appel : la pauvreté n’a fait que gagner du terrain en Belgique ces dernières années.

Ces personnes ont un revenu total disponible inférieur à 1.085 euros par mois si elles sont isolées, ou à 2.279 euros par mois pour les ménages de deux adultes et deux enfants (voir également l’encadré ci-dessous). Au-delà de ce que l’on définit comme « la pauvreté monétaire », 6 % de la population souffre de privation matérielle grave.

Pour cerner le quotidien des personnes pauvres en Belgique, le SPF Economie a envoyé des enquêteurs sur le terrain qui y ont sondé 6000 ménages. Il ressort de cette enquête que les familles prises dans le cercle vicieux de la pauvreté ont de grandes difficultés à s’en sortir. Entre les factures d’électricité et de chauffage qui s’accumulent, les courses alimentaires, le loyer à payer ou encore, les frais de santé, 7,6 % de la population rencontre des difficultés à régler quelques frais mensuels. De plus, un bas revenu ou une absence de revenu débouche sur une alimentation monotone et malsaine ainsi que sur une habitation en mauvais état, voire insalubre.

Concrètement, les personnes interrogées ont expliqué de quoi elles manquaient au jour le jour. Environ 5% d’entre elles avouent qu’elles n’ont pas l’argent pour s’offrir de la viande, du poulet, du poisson ou même des fruits et des légumes tous les jours. Cette problématique touche autant les adultes que les enfants.

Pas de vacances, ni de fête d’anniversaire

C’est logiquement dans le domaine des loisirs que les personnes pauvres disent se serrer le plus la ceinture. Un peu plus d’un ménage belge sur quatre (26,6%) fait ainsi une croix sur les vacances et ne s’octroie aucune semaine de repos sur l’année. 11% des enfants de parents pauvres n’ont pas à disposition un endroit propice à la maison pour faire leurs devoirs et 9% ne peuvent pas se permettre d’activité de loisir. Le constat est encore plus criant dans les familles en situation de privation matérielle.

Parmi celles-ci, plus de 80% des enfants ne partent jamais en vacances, tandis que 40% d’entre eux n’ont pas les moyens de fêter leur anniversaire avec des amis ou de célébrer leur communion. Près d’un tiers de ces enfants n’ont même pas droit à de la viande, de la volaille ou du poisson au quotidien. Ces enfants ne reçoivent que très rarement des vêtements neufs,ils sont 57,5% à devoir se contenter de seconde main.

Les difficultés financières s’empirent en cas d’imprévus (de l’ordre de 1000 euros) pour 24% de la population. Un appareil ménager qui tombe en pane et c’est le budget du ménage qui en prend un sacré coup. Au niveau santé, des économies sont aussi réalisées. Les Belges dans la précarité avouent ne pas avoir les moyens de se soigner correctement.

7,6 % des personnes sondées déclarent faire régulièrement face à des retards de paiement dans leurs factures, s’engouffrant, dès lors, dans une spirale de dettes lorsque les intérêts de retard s’accumulent. L’acquisition d’une voiture est aussi impossible pour 7,1% des sondés, à cause du coût de son entretien, des assurances sans parler des éventuels frais de réparations lors d’un accident…5% avouent ne pas avoir les moyens de chauffer comme il se doit leur logement avec des conséquences néfastes sur son état mais aussi sur la santé des habitants. Enfin, 1,5% des sondés ne peuvent se permettre l’achat et l’utilisation d’un lave-linge et sont obligés de se rendre dans des lavoirs publics. L’enquête du SPF Economie révèle encore qu’ils sont 0,6% à ne pas pouvoir s’offrir un téléviseur et 0,1% un téléphone.

Quand est-on menacé de pauvreté ?

Pour savoir si une personne isolée ou un ménage est menacé de pauvreté, le SPF Économie tient compte de la médiane des revenus belges. Elle s’élève à 21.705 euros annuels. Si une personne gagne moins de 60 % de ce montant, elle se retrouve sous le seuil de pauvreté., soit13.023 euros par an, pour un isolé. Ce montant varie selon la composition du ménage détaille Sudpresse.

Chaque adulte pèse 1 point, contre 0,5 point pour un enfant de plus de 14 ans, et 0,3 point pour un enfant de moins de 14 ans. Pour une famille de deux parents avec un enfant de 15 ans et un autre de 10 ans, cela donne 1+1+0,5+0,3, soit 2,8.

Pour estimer si un ménage se situe sous le seuil de pauvreté ou pas, son revenu annuel pauvreté (13.023 euros) est multiplié par le nombre de points du ménage (ici : 2,3) et ensuite divisé par 12 (mois), soit 2.496 euros mensuels. Si cette famille de 4 personnes gagne plus, elle s’en sort. Si c’est moins, elle fait partie des ménages belges en « état de pauvreté ».

Les chômeurs et les inactifs sont des catégories plus à risque que les autres (respectivement 63 % et 45 %). Les membres de familles monoparentales constituent également une population à haut risque (51 %).

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