siège La Chambre des représentants
© BELGA/Eric Lalmand

Ethique politique: le bal des « faux-culs »

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Les députés n’ont jamais cessé de multiplier combats retardateurs et manoeuvres de diversion pour contourner, atténuer ou repousser l’idée de s’infliger un code de bonne conduite.

Kubla, De Decker, Mathot, Moreau… Le fond de l’air redevient subitement frais sur le terrain politico-financier. D’où l’inévitable regain d’intérêt pour l’éthique en politique. Et l’occasion de se réinterroger sur certains mélanges des genres. Député le jour, avocat le soir : est-ce franchement raisonnable ? Rouler pour une boîte privée quand on est sorti de charge ministérielle, est-ce vraiment honorable ? Règles d’incompatibilité, conflits d’intérêts : on en reparle. Charles Michel (MR), Premier ministre, s’en est brièvement mêlé. « Cela ne nous pose pas de difficultés que le Parlement progresse vers plus de transparence et de capacité à faire la démonstration que les responsables politiques respectent le devoir d’exemplarité qui s’impose à chacun d’entre nous. » Soulagement : le gouvernement fédéral ne s’opposera donc pas à la volonté du Parlement d’organiser sa déontologie. Cela tombe bien : l’assemblée y travaille. D’arrache-pied.

Pour preuve : le jour même où Charles Michel s’exprimait ainsi devant les députés fédéraux, le Moniteur belge du 5 mars publie un appel aux candidats à siéger au sein de la future Commission fédérale de déontologie. Le cinquième appel du genre lancé depuis l’été dernier. 23 juillet, 17 octobre, 28 novembre, 21 janvier : la Chambre a fait systématiquement chou blanc. Elle cherche, de plus en plus désespérément, d' »anciens mandataires publics » qu’ils soient ex-chefs de cabinets ou ex-administrateurs publics, que tenterait le contrôle de l’éthique en politique.

Cette absence chronique de candidats reste officiellement un mystère. « C’est stupéfiant. Cette Commission de déontologie embête beaucoup de monde. Sa création a d’ailleurs été un combat d’enfer », relève Muriel Gerkens, la députée fédérale Ecolo qui a porté ce dossier au Parlement. Moche : sans Commission de déontologie en ordre de marche, pas d’outil disponible pour faire respecter le Code qui lui est associé. Et voilà le bel élan cassé.

En bord de Meuse, on se hâte tout aussi lentement. Le Parlement wallon attendra encore un peu sa Commission de déontologie et d’éthique, à laquelle s’associent la Fédération Wallonie-Bruxelles et la Cocof. Là, ce sont des contrariétés juridiques qui viennent d’être détectées, plus d’un an après l’acte de baptême. Cela coincerait du côté du statut des députés wallons, et de la portée exacte de l’accord de coopération. Le député régional Ecolo Stéphane Harzée joue au petit futé : « Après plus d’un an, on découvre subitement telle ou telle difficulté juridique, et au bout du compte la conclusion est que le dossier est mis au frigo. Nous en revenons à un risque d’embourbement. » Désagréable impression.

Le dossier dans le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

– se peut-il que le monde politique joue à ce point la montre depuis juillet 2000 ?

– Maingain :  » Il faut avoir en toute chose le culte de l’exemplarité du faux-cul ! »

– les lignes pourraient bouger

– comment les sénateurs MR ont particulièrement rechigné

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