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Et si le « localisme » était un des principaux freins de la politique belge

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Patrick Dewael (Open VLD) regrette que Bart De Wever et Paul Magnette soient « surtout bourgmestres d’Anvers et Charleroi ». Dans le Hainaut, les coqs présidents se battent. Tout cela rend le consensus plus difficile.

Patrick Dewael (Open VLD) est devenu président de la Chambre par le fruit des circonstances. Suite aux élections de mai 2019, il fut même, pendant un moment, un candidat Premier ministre acceptable aux yeux des partis francophones. Lors de la séance parlementaire de rentrée, ce sage libéral avait empêché le très radical Dries Van Langenhove (Vlaams Belang) de monter à la tribune, suscitant un éloge collectif. Suite à cela, Paul Magnette, président du PS, avait évoqué la possibilité de mettre en place une « coalition Dewael », unissant tous les partis et excluant les nationalistes, le Vlaams Belang bien sûr, mais aussi N-VA. La roue a tourné différemment. Mais sa voix compte.

Patrick Dewael s’exprime à nos collègues de Knack à un moment singulier. Il ne cache pas que son espoir était de voir les partis soutenant le gouvernement Wilmès II, ou au moins ses pouvoirs spéciaux, créer des liens durant la crise pour, ensuite, former un gouvernement fédéral de plein exercice. « Mais si j’en crois Bart De Wever et Paul Magnette, ils ne se sont pas parlé durant les deux premiers mois« , regrette-t-il.

Vient la punchline révélatrice: « Il y en a pour dire depuis un an que les deux principaux partis de part et d’autre de la frontière linguistique doivent gouverner ensemble. Mais chaque fois, cela échoue. Et aucun des deux n’a de candidat Premier. » Ayant participé à de nombreuses formations gouvernementales, il voyait toujours un parti prêt à prendre ses responsabilités. « Cette fois, ajoute-t-il, je ne vois que les bourgmestres d’Anvers et de Charleroi. Cela complique les discussions.« 

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La principale raison pour laquelle la Belgique fut plongée dans l’impasse politique et risque de l’être encore cet été réside dans le fait que N-VA et PS se neutralisent en permanence, tout en étant mathématiquement ou politiquement indispensables. Mais Patrick Dewael épingle cet élément supplémentaire : l’absence d’hommes d’Etat, dans le sens de personnalités capables de prendre un risque ou de se détacher d’intérêts locaux devenus prioritaires à leurs yeux. C’est aussi l’un des effets pervers des mesures de décumul : empêchés d’être à la fois bourgmestre et ministre, des ‘stars’ nationales optent plutôt pour un cumul, autorisé celui-là, entre bourgmestres et président de parti. L’ancrage local est plus que jamais une priorité, pour des raisons autant sentimentales qu’électorales.

D’ailleurs, un « localisme » d’une autre nature pollue les relations politiques du côté francophone, lié à la domination absolue du Hainaut sur le paysage politique du Sud. Voilà comment certains décrivent un « combat de coqs hennuyers » opposant Paul Magnette (PS, Charleroi), Georges-Louis Bouchez (MR, Mons) et Jean-Marc Nollet (Ecolo, Charleroi), tandis qu’Elio Di Rupo (PS, Mons) semble avoir trouvé un certain détachement serein à la ministre-présidence wallonne. Les passes d’armes récentes et les bras de fer à attendre autour de la formation gouvernementale s’expliquent, bien sûr, avant tout par une polarisation idéologique et communautaire importante. Mais ces considérations relatives à l’ancrage local ne sont sans doute pas non plus négligeables.

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