Jambon, Dries Van Langenhove et Aurélien Verhassel (1er à droite) © Facebook

Eperons d’or: pourquoi Jambon était-il assis près d’un extrémiste français condamné?

Muriel Lefevre

Une photo de la célébration des Eperons d’or montre Jan Jambon (N-VA) assis non loin de Dries Van Langenhove du Vlaams Belang et de l’ancien président du mouvement d’extrême droite Génération Identitaire. Comment un extrémiste français condamné se retrouve-t-il au premier rang d’un événement officiel à trois sièges du ministre président flamand ?

Le 10 juillet, à la veille de la Fête de la Communauté flamande, le ministre-président flamand Jan Jambon (N-VA) a, lors de la commémoration de la bataille des Éperons d’or à Courtrai, invité la population flamande à « tenir le dos droit, épaule contre épaule », malgré la crise liée au Covid-19. S’exprimant au lieu dit de ‘Groeningekouter’, qui fût le théâtre de la « Bataille des éperons d’or » en 1302, il a également fait part de son souhait d’impliquer autant de gens que possible dans « le renforcement du sentiment communautaire ». Il a également abordé le thème de l’histoire flamande : « Nous pouvons à juste titre être fiers des beaux moments, mais nous ne devons pas pour autant chercher à cacher ses moments moins glorieux. ».

Ce beau discours va cependant être rapidement terni par un malencontreux cliché. Sur la photo en question on retrouve Jan Jambon et, non loin de lui, deux membres de l’extrême droite. Il n’en fallait pas plus pour que des personnalités telles que le virologiste Marc Van Ranst et certains députés s’étonnent de la présence d’Aurélien Verhassel, ancien dirigeant de l’organisation française d’extrême droite controversée Génération Identitaire. Aurélien Verhassel a été condamné pour agression à plusieurs reprises. Entre 2003 et 2013, il a encore eu six condamnations. Il a, par exemple, été condamné pour intrusion après que lui et Génération Identitaire aient érigé une grande banderole sur le toit du siège du Parti socialiste français pour protester contre le mariage homosexuel. En Allemagne, Verhassel a été aussi condamné pour possession et importation de matériel explosif.

Si sa présence était donc déjà, en soi, surprenante, ce qui a surtout étonné c’est sa proximité avec Jambon. Le député du Vlaams Belang Dries Van Langenhove et Verhassel étaient en effet assis au premier rang de l’événement, respectivement deux et trois sièges de Jambon. Soit selon les règles de la distance sociale, à 4,5 mètres du ministre-président flamand.

Concours de circonstances

Jorgen Deman, président du comité organisateur des éperons d’or et membre de la N-VA, est également mécontent de l’incident. Selon l’organisateur de l’évènement, Jorgen Deman, il s’agit d’un « concours de circonstances ». Les seules places qui étaient réservées étaient celles de Jambon, du ministre flamand des Finances, du Budget et du Logement Matthias Diependaele (N-VA) et du bourgmestre de Courtrai Vincent Van Quickenborne (Open VLD), du maître de cérémonie et de Deman lui-même.

Verhassel n’était pas invité et n’était certainement pas un invité d’honneur. « Il semble que cette personne, que je ne connais pas, est entrée et s’est assise de sa propre initiative au premier rang », dit encore Deman. « Il y avait un système d’inscription en ligne pour estimer le nombre de personnes qui se comptaient se rendre à l’évènement, mais Verhassel n’était pas sur la liste », dit-il. En outre, il était demandé aux gens de s’installer directement et de ne plus bouger une fois assis et ce pour éviter des contacts inutiles en cette période de Corona.

Au Vlaams Belang, on dit que l’invitation de Verhassel était une initiative personnelle de Van Langenhove. On rappelle que Van Langenhove était lui invité : tous les membres du Parlement reçoivent une invitation via le service du protocole de la ville de Courtrai.

« Verhassel vient chaque année en Flandre pour le 11 juillet », explique le porte-parole du parti. Dries lui a donné rendez-vous à l’entrée ». L’année dernière, Verhassel avait déjà été photographié à Bruxelles avec Dries Van Langenhove. « C’est un ami », dit encore de lui Van Langenhove dans De Morgen.

Le quotidien précise qu’ils se sont rencontrés en 2015 à l’université d’été de Génération Identitaire (G.I.), où Van Langenhove a puisé l’inspiration pour Schild & Vrienden. « G.I. est un mouvement de jeunesse français qui résiste aux migrations par des actions radicales. Verhassel a développé son propre réseau à Lille via La Citadelle, un café appelé « Maison de l’identité ». On ne se contente pas d’entrer. Seuls les « patriotes » sont les bienvenus. Dries Van Langenhove s’y est rendu à plusieurs reprises avant d’être député. »

L’entourage de Jan Jambon est ennuyé par la tournure prise par les évènements. « Ce n’est pas une bonne chose », dit son porte-parole, qui souligne néanmoins qu’il s’agissait d’un évènement public. Nous ignorions qui était cette personne. C’était une coïncidence. J’aurais pu m’y asseoir moi-même ». Jambon, comme la plupart des excellences dans notre pays, n’a pas de service d’ordre. Il ne peut donc savoir qui se trouve à proximité.

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