L'Eglise universelle du royaume de Dieu, à Matonge, quartier africain d'Ixelles. Ce regroupement d'Eglises évangéliques néo-charismatiques a été fondé en 1977 au Brésil. © ALAIN SCHROEDER/BELGAIMAGE

Entre protestants « historiques » et évangéliques, le fossé est énorme

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Surtout sur les questions éthiques: droit à l’euthanasie, acceptation d’homosexuels dans la fonction de pasteur.

Contrairement à l’Eglise catholique, structure pyramidale, le protestantisme est pluriel : il est composé d’une multitude de confessions et dénominations différentes et très indépendantes.  » Aujourd’hui, il n’y a plus, en Belgique, que 60 000 à 70 000 protestants « classiques », héritiers de Calvin et de Luther « , indique Steven H. Fuite, président de l’Eglise protestante unie de Belgique (Epub), qui a longtemps été en situation de monopole dans le protestantisme belge. Soit environ 0,57 % de la population du pays.  » Si l’on ajoute les fidèles des Eglises d’inspiration évangélique, la famille protestante atteint entre 2 et 3 % de la population.  »

Les protestants  » historiques  » sont donc désormais minoritaires dans la mosaïque protestante belge, elle-même minoritaire dans le paysage religieux d’un pays de tradition catholique. Les Eglises calviniste, luthérienne et associées sont, en outre, frappées, comme l’Eglise catholique, par la sécularisation de la société en Europe. Le mouvement évangélique, en revanche, est en pleine expansion depuis une vingtaine d’années, en Belgique comme dans le reste du monde. Ses centaines d’églises, à Bruxelles et en Wallonie, sont portées par des communautés d’origines ethniques variées, surtout issues de l’immigration africaine et latino-américaine.

L'Eglise protestante
L’Eglise protestante « historique » de Bruxelles-Musée est de sensibilité théologique libérale.© FRÉDÉRIC PAUWELS/HUMA

Avec leurs baptêmes d’adultes par immersion, leurs miracles de guérison et leur référence permanente à l’Esprit Saint, les évangéliques et pentecôtistes donnent une autre image du protestantisme, longtemps perçu comme un christianisme élitiste et austère.  » La plupart de ces fidèles-là se désintéressent du passé, donc de l’histoire et de la tradition protestantes, y compris celle qui concerne Luther « , assure un réformé. Surtout, leur lecture littérale de la Bible, leur prosélytisme et leur conviction de détenir la vérité apparaissent, aux yeux d’autres chrétiens, protestants ou non, comme une menace pour la liberté d’expression et de croyance. De même, les dérives sectaires de certaines de ces Eglises – extorsions de fonds auprès des fidèles, interdiction pour eux de prendre des traitements médicaux… – et les excès des télévangélistes américains ont parfois jeté le discrédit sur la cause évangélique.

En Belgique, les deux branches du protestantisme – les réformés et les évangéliques – sont représentées au sein du Conseil administratif du culte protestant et évangélique (Cacpe), la structure faîtière (fondée en 2003) reconnue par l’Etat belge. L’une de ces branches est l’Epub (près de 200 églises), de tradition calviniste, mais qui a conclu des accords de partenariat avec les baptistes, les méthodistes, les adventistes, les luthériens et l’Armée du Salut. L’autre branche est le Synode fédéral des Eglises protestantes et évangéliques de Belgique, qui comprend environ 500 Eglises évangéliques reconnues. Entre les deux courants, les tensions peuvent être vives. Ils sont surtout en désaccord sur les questions éthiques : droit à l’avortement, à l’euthanasie, au mariage entre homosexuels… En juin 2015, l’Epub a donné aux églises locales la possibilité d’accepter des pasteurs gays, décision qui a fait bondir les évangéliques !

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