Frank Vanhecke (ex-VB) et Filip Dewinter en 2006. © Belga

« En 20 ans, les partis au pouvoir ont repris de nombreux points du Vlaams Belang »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

La Ligue des droits de l’homme met en garde contre la régression des droits de l’homme en Belgique. Dans un rapport à paraître fin février, l’organisation conclut que ces 20 dernières années les partis au pouvoir ont repris de nombreux points du programme de Vlaams Belang .

Interrogé par La Libre Belgique, Alexis Deswaef, avocat et président de la Ligue des Droits de l’homme, estime que les partis au gouvernement depuis 20 ans (socialistes, chrétiens-démocrates, libéraux, écolos et nationalistes flamands) ont repris et implémenté une grande partie du programme en 70 points du Vlaams Blok. Pourtant, c’était surtout ce programme qui avait mené à l’élévation d’un cordon sanitaire autour du parti d’extrême droite.

Paru en 1992 et remis à jour en 1996, le programme du Vlaams Blok s’intitulait « Immigration : les solutions. 70 propositions pour résoudre le problème des étrangers ». Filip Dewinter et Karim Van Overmeire (actuellement échevin et parlementaire flamand pour la N-VA) en étaient les principaux auteurs.

Deswaef compare ce plan à la politique belge de ces 20 dernières années. « De nombreux points ont été implémentés par des partis démocratiques, d’autres aspects se sont retrouvés dans le débat public ». Pour illustrer son propos, l’avocat cite plusieurs exemples de propositions reprises dans le programme du Vlaams Blok de l’époque et mises en oeuvre par les différents gouvernements.

Dans La Libre Belgique, il mentionne notamment la création d’un Secrétariat d’Etat à l’immigration, une extension des centres fermés pour étrangers en séjour illégal ou en fin de procédure, les expulsions collectives et le durcissement de l’accès à la nationalité.

Il dénonce également l’attitude de certains membres des gouvernements actuels, notamment de la ministre de la Mobilité et bourgmestre de Jurbise Jacqueline Galant (MR). « Elle assume tranquillement le fait qu’elle ne veut pas de logements sociaux dans sa commune. Un tel discours permet aux gens de se sentir autorisés à durcir le leur et à avoir des demandes de plus en plus sécuritaires » s’insurge-t-il dans la Libre Belgique.

Il cite aussi l’exemple de la ministre flamande de l’Intérieur, du Logement, de la lutte contre la Pauvreté et de l’Économie sociale Liesbeth Homans (N-VA) qui propose de donner les places aux crèches en priorité aux parents qui travaillent.

« Le Vlaams Belang devrait être à la fois fort content et très désespéré »

Selon Deswaef, le cordon sanitaire a réussi à isoler le parti d’extrême droite, « mais à empêcher que ses idées soient mises en oeuvre ». « Le Vlaams Belang devrait être à la fois fort content et très désespéré » dit-il à La Libre Belgique. « Content de voir son programme mis en oeuvre, mais désespéré de constater qu’il a été appliqué par d’autres que lui. »

Deswaef pense que le recul majeur du Vlaams Belang pourrait être dû à ce que « les partis traditionnels étaient prêts à appliquer son programme avec tout ce que cela implique comme régression au niveau des droits humains ».

Il accuse les partis traditionnels de ne pas avoir rempli leur rôle pédagogique. Interrogé par Radio 1, Deswaef met en cause le gouvernement flamand où l’on entendrait une paraphrase du slogan du Vlaams Belang « Eigen Volk Eerst » (Notre peuple d’abord) : « Eigen Werkvolk Eerst » (Ceux qui travaillent d’abord).

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