Emmanuelle Praet victime de la dictature du centre gauche

L’éviction d’Emmanuelle Praet cache un important problème de pluralisme dans la presse belge francophone. Un prêt-à-penser progressiste orwellien y règne, rarement perturbé par quelques intellectuels de droite qui se comptent sur les doigts d’une main.

A « C’est pas tous les jours dimanche », Alain Raviart (ex-conseiller en communication du cdH) et Michel Henrion (ex-éminence grise de Guy Spitaels) sont tout autant dans l’excès. C’est le principe de l’émission : éructons, éructons et il en restera toujours quelque chose. Comment s’étonner qu’un moment on dérape ? Mais voilà, il y a des dérapages autorisés. C’est le cas du populisme de gauche. Seuls les penseurs conservateurs doivent faire attention à leur extrême droite ; de l’autre côté, on n’est jamais suffisamment de gauche, d’où la mansuétude pour le PTB dans tous les médias.

Ainsi, en même temps que la suppression d’On refait le monde, jugée sans doute trop populiste, une voix discordante et féminine « de droite » s’est tue au sein de la « dictature de centre gauche » (Houellebecq) qui caractérise notre microcosme médiatique. Une exception européenne avec seulement 21% de journalistes qui se déclaraient proches du MR (dont une bonne moitié de libéraux progressistes) dans un sondage réalisé par l’AJP en 2013 contre 46% proches d’Ecolo. On comprend mieux pourquoi le réchauffement climatique fait la Une plusieurs fois par semaine depuis 30 ans.

Emmanuelle Praet s’estimait parfois seule contre tous. Aurait-elle été évincée si elle avait demandé de « réfléchir avant de voter N-VA » ? Ou même MR ? Peu probable.

Disons-le : il y a un problème lancinant de pluralisme dans la presse belge francophone. Celle-ci ne compte AUCUN support de presse de droite ou même de centre-droit à part Le Peuple, Pan et le nouveau venu infobelge.com qui vivotent dans un secteur où les quotidiens se partagent quand même 8 millions d’euros par an d’aide à la presse.

En France, il y a Le Figaro, Le Point, Valeurs Actuelles, Atlantico.fr, L’Incorrect, Le Parisien, Causeur, Le Journal du Dimanche, LCI,… Des chroniqueurs « conservateurs » affrontent presqu’à égalité des chroniqueurs « progressistes » sur les plateaux. Marine Le Pen (et même son père), Nicolas Dupond-Aignan, Eric Zemmour, Alain Finkielkraut, Yvan Rioufol, Robert Ménard et j’en passe sont invités sans arrêt. Ils y ont même parfois des émissions dédiées (Zemmour et Naulleau, Finkielkraut sur France Culture). C8 a même invité Laurent Obertone pour son dernier ouvrage particulièrement darwinien sur les chiffres cachés de l’immigration (La France interdite, éditions Ring).

Ne parlons même pas des Etats-Unis où, à côté de FoxNews, une kyrielle de journaux conservateurs (Daily Caller, Gateway Pundit, Washington Times, Breitbart) font contrepoids aux supports de presse progressistes bien connus tels le New York Times. On peut y lire ou écouter David Rubin, Ann Coulter, Ben Shapiro, Jordan Peterson, etc.

En Fédération Wallonie-Bruxelles, par contre, les experts, journalistes, universitaires « de droite » se comptent sur les doigts d’une main…

Quel éditorialiste oserait, dans notre confetti wallonno-bruxellois, défendre le rapprochement diplomatique avec la Russie, se positionner contre le Pacte onusien des migrations, soutenir le tax shift, les baisses d’impôt ou le Brexit, demander que cesse le Trump-Bashing, exprimer des opinions climato-sceptiques, affronter le stalino-féminisme de #Balancetonporc, critiquer la théorie du genre ? Pas même votre serviteur…

On regrette sans cesse « les attaques contre le pluralisme », mais lequel ? Quasiment d’accord sur tout, les débatteurs oscillent entre centre, centre-gauche et extrême-gauche dans un ronron mortellement ennuyeux.

L’information, en particulier celle des Journaux parlés, est plus militante qu’informative.

C’est bien simple : le devoir d’information a été remplacé depuis belle lurette par le combat idéologique, mes confrères traçant à la place de leurs lecteurs, la frontière entre le bien et le mal. La statistique et l’expert sont soigneusement choisis pour servir la « cause » quand ce n’est pas le choix de la titraille. Un conformisme qui explique bien sûr les baisses récurrentes de lectorat.

Considérant que la Droite a le pouvoir économique et financier, mes confrères estiment sans doute « naturel » que la gauche ait tout le reste : enseignement, médias, Justice, Art, GAFA, c’est-à-dire là où se forge l’opinion.

Un jeune journaliste sorti de la Faculté me l’a avoué récemment : il s’est coltiné, au choix, des professeurs socialistes, communistes ou écologistes. Si après ce parcours éprouvant, il est (par miracle) encore de droite, il atterrira dans une rédaction de gauche avec des supérieurs de gauche. Au mieux, il finira centriste par mimétisme.

Le philosophe Drieu Godefridi, dans son dernier essai (10 mesures pour reconquérir l’Europe, programme pour la Droite européenne), réclame des quotas de journalistes de droite dans les rédactions… Peut-être faudra-t-il en arriver là ou en revenir aux « étiquettes » qui existaient jadis à la RTB ? Mais où les trouver, c’est la question.

En 1944 déjà, dans La Route de la Servitude, Friedrich Hayek remarquait que les journalistes américains étaient tous de gauche. Dans les années 40, Georges Orwell donnait des conseils aux journalistes pour éviter snobisme, entre-soi et novlangue. Il faut relire « 1984 ». Big Brother dans les médias ? En Belgique francophone, nous y sommes.

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