Mai 2019, quel socialiste est reçu par les informateurs royaux ? Elio Di Rupo, bien sûr. © FREDERIC SIERAKOWSKI/BELGAIMAGE

Elio Di Rupo l’insubmersible : pourquoi il est redevenu incontournable

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Son leadership est en déclin, son parti est en mauvaise situation, et le Montois a été secoué, ces dernières années, par les pires tempêtes de sa longue vie politique. Mais Elio Di Rupo, presque comme toujours, reste au centre du jeu politique. Même si son départ se rapproche…

C’est un des premiers personnages récurrents de la littérature mondiale. C’était dans La Comédie humaine. Balzac l’avait d’abord appelé Vautrin. Charismatique, les manières altruistes dissimulant des desseins toujours sombres, Vautrin, du Père Goriot aux Illusions perdues, allait aider puis perdre des jeunes ambitieux, Rastignac et Lucien de Rubempré, avant de se perdre lui-même, toujours pour revenir dans un autre roman, en ecclésiastique, en policier, en homme d’affaires, en ancien bagnard. Vautrin avait eu mille pseudonymes et autant de vies. A la fin, Balzac l’appelait Trompe-la-Mort.

Jamais en temps de paix le Parti socialiste n’a été si mal.

Elio Di Rupo aujourd’hui, c’est Trompe-la-Mort. Une vie de roman, un personnage récurrent, depuis trente-cinq ans de scènes de la vie politique. Des origines modestes, des vengeances et des serments, des trahisons et des rebondissements, des cris et des huées, des applaudissements et des crachats, de la rage et du coeur. Mais il y a de la constance dans ces décennies de rebondissements, et pas seulement dans une silhouette qui paraît burinée par l’éternité. Quelque chose ne change pas, et cette chose n’a jamais changé : Elio Di Rupo est toujours là. Trompe-la-Mort ne lâchera jamais rien.

Pourtant, tout autour de lui va mal. Son parti, un des plus grands partis sociaux- démocrates d’Europe, le parti d’Emile Vandervelde, de Jules Destrée et de Joseph Wauters, le parti qu’il incarne avec une telle autorité depuis 1999 que le président et son présidé se confondent, est un homme très malade.

Jamais en temps de paix, depuis sa fondation en 1885, le Parti socialiste n’a été si mal.

Aux dernières élections, il a récolté son plus mauvais résultat depuis que le Royaume de Belgique avait gracieusement accordé une voix à chaque Belge de genre mâle, à la sortie de la Première Guerre mondiale. Le PS d’Elio Di Rupo s’est pris la ramonée du siècle, le 26 mai : 26, 1% des voix en Wallonie. Bien sûr, cette défaite n’est pas uniquement celle du PS belge francophone, et donc pas non plus celle de son président. Aucun socialiste continental, péninsule ibérique exceptée, n’est à la fête : les Français ont coulé, les Néerlandais ont sombré, les Allemands écopent. Et le parti frère flamand, le SP.A, a lui aussi connu, le même jour que le camarade wallon, sa plus cuisante dérouillée depuis l’introduction du suffrage universel masculin. Dans la foulée, John Crombez, homologue d’Elio Di Rupo démontrant alors toutes les limites de l’homologie, a d’ailleurs, lui, immédiatement remis sa démission, temporairement refusée par ses instances. Pas plus que ses correspondants européens, le PS n’est parvenu à répondre aux inquiétudes avivées par la grande crise économique mondiale de 2009, ni à l’accroissement des inégalités ressenties et aux agitations identitaires, ni à la financiarisation de l’économie mondiale et aux éboulements de la construction européenne. Mais le PS ne souffre pas que des maux de ses correspondants. Il a contracté sa propre maladie. Ces dernières années en ont exposé les graves symptômes. La dépression électorale n’en est qu’un parmi d’autres, à la fois le plus voyant et celui qui procède de tous les autres.

Mai 2019, quel socialiste est reçu par le Roi ? Elio Di Rupo, bien sûr.
Mai 2019, quel socialiste est reçu par le Roi ? Elio Di Rupo, bien sûr.© FREDERIC SIERAKOWSKI/BELGAIMAGE

L’homme de la gauche inauthentique

L’émergence du PTB, que n’ont pas contrée, au contraire, certaines des décisions du gouvernement fédéral dirigé par Elio Di Rupo entre 2011 et 2014, compromet jusqu’au pronostic vital du Parti socialiste, seul à gauche depuis le début des années 1980 et donc peu entraîné à cette concurrence. Le PTB n’est pas un parti de gouvernement, il n’a donc à se justifier d’aucune compromission et d’aucun renoncement. Il a social-démocratisé son programme. Il reproche au Parti socialiste d’avoir trahi ses fondateurs. Il veut se substituer au PS. Il a pu gagner des soutiens dans le monde du travail, surtout celui du pilier socialiste, lui-même par ailleurs en perte d’influence et de prestige. C’est en fait un jeu à somme nulle pour la gauche démocratique : ce que gagne le PTB, le PS le perd. Et le PTB, le 26 mai, a gagné beaucoup. Le PS l’a beaucoup aidé. Le PS a perdu beaucoup. La litanie de scandales liégeois, en particulier, a doublement grevé la réputation du parti à la rose. D’abord à l’extérieur, en donnant des arguments à ceux qui dénoncent les dérives oligarchiques et affairistes d’une social-démocratie qui aurait renoncé à ses idéaux : les villas thaïlandaises des uns et les rémunérations sans prestations des autres ne sont pas a priori des attributs de la gauche authentique. Et ensuite à l’intérieur, à Liège même, en privant ce bastion socialiste de certains de ses chefs, donc de leurs réseaux, donc de leur popularité, donc de leurs électeurs. En voulant avancer sur le décumul, porté par l’air du temps mais pas lié aux scandales liégeois ni au Samusocial, le PS s’est également doublement abîmé. A l’intérieur entre Paul Magnette et une certaine jeunesse militante, et Elio Di Rupo et certains cadres populaires. A l’extérieur en se montrant velléitaire au mieux, gangrené par le conservatisme au pire. Les résultats des élections furent mauvais pour le PS. Les choix stratégiques des autres partis pour l’après-élection sont catastrophiques. L’impossibilité arithmétique de composer une bipartite avec Ecolo en Wallonie, augmentée du refus du PTB et du CDH de gouverner force les socialistes à négocier avec le MR, donc à encore créditer ceux qui les remettent à une gauche inauthentique. Une coalition fédérale avec la N-VA, fût-elle racontée comme imposée par la gravité du moment, servirait superbement les projets du PTB.

Le parti va mal, donc. Il est affaibli, divisé, tétanisé, coincé.

La litanie de scandales liégeois a doublement grevé la réputation du parti à la rose.

Et l’homme qui incarne tant le parti ne sent pas très bien non plus. La défaite de l’un étant celle de l’autre, Trompe-la-Mort n’est pas dans la forme de sa vie. Symptôme des symptômes, Elio Di Rupo n’a jamais été aussi impopulaire. La tête de liste socialiste dans le Hainaut a perdu 56 000 voix de préférence entre le scrutin législatif de 2014 et celui de 2019, alors qu’il en avait déjà perdu 22 000 entre 2010, année d’un scrutin il est vrai historiquement victorieux, et 2014. Il y a longtemps déjà qu’il n’est plus en tête des baromètres de popularité que diffusent les instituts de sondage. La vague liégeoise de scandales, intervenue une décennie après celle, carolorégienne, qui avait vu un ferme président proclamer que les parvenus n’avaient pas leur place au PS, l’a trempé. Sa paradoxale mandature de Premier ministre l’avait éclaboussé aussi, mêlant aboutissement individuel et compromissions collectives – on parlera sans doute aussi longtemps de la suppression des allocations d’insertion que du retour, après plus de trente ans, d’un francophone au 16, rue de la Loi. Rarement rappelés pour rendre gloire à la sincérité de son énonciateur, le  » j’en ai marre des parvenus  » et le  » j’ai le coeur qui saigne  » resteront les deux citations les plus fameuses d’un obsessionnel de la com.

Créatures contre créateur

Et surtout, aussi bien que les protégés de Trompe-la-Mort, Rastignac et Rubempré, se retournèrent contre leur protecteur, les créatures d’Elio Di Rupo, 68 ans, Nicolas Martin, 42 ans, et Paul Magnette, 47 ans, se sont retournées contre leur créateur.

Elio Di Rupo a perdu Mons, qu’il avait conquise en 2000 après en avoir été expulsé en 1988. C’est Elio Di Rupo qui a fait entrer son successeur, Nicolas Martin, au Parti socialiste, et l’avait même engagé, en 1999, dans son cabinet de ministre-président wallon. Les deux, désormais, se détestent. Nicolas Martin est devenu en 2015, il faut dire, président de la Fédération socialiste de Mons-Borinage contre la volonté de son président national. Et Nicolas Martin est devenu, en 2018, bourgmestre de Mons parce qu’Elio Di Rupo n’était plus tout à fait certain de pouvoir éviter l’explosion de son union socialiste communale… et qu’à la dernière place sur la liste socialiste montoise, il a attiré trois mille voix de moins que Nicolas Martin, 10 681 contre 7 664.

Mais juste après, Elio Di Rupo a aussi failli perdre le parti, qu’il avait conquis en 1999. Personne, après son terme au 16, rue de la Loi, n’avait osé explicitement s’opposer à sa réinstallation dans un bureau du boulevard de l’Empereur dont Paul Magnette, président intérimaire, avait dû veiller à conserver le pristin état. Les cinq dernières années auront été marquées d’épisodes de grande tension entre le Montois et le Carolo qu’il était allé chercher, en juin 2007, pour exercer sur la fédération carolorégienne du PS une tutelle compliquée. Elio Di Rupo fit ensuite de Paul Magnette un ministre, wallon puis fédéral, puis, en janvier 2013, un président par intérim, et enfin, en juillet 2014, un ministre-président wallon.

Mais les scandales liégeois, la bagarre sur le décumul, que Paul Magnette voulait, presque seul contre tous, intégral, l’attitude face au PTB, le renvoi dans l’opposition à la Région wallonne, et quelques formules piquantes, l’un disant pouvoir préserver la présidence jusqu’à 80 ans, l’autre expliquant crânement que  » la succession serait négociée entre Laurette et lui « , finirent de transformer la paisible transmission en guerre de succession. La révolution de palais fut même évitée, au prix d’un ultime compromis, début décembre 2018. Alors qu’il avait pourtant expliqué vouloir tirer la liste européenne, Elio Di Rupo choisit l’élection législative, dans sa circonscription du Hainaut, et l’annonça par surprise à la RTBF. La proclamation surprit tant que même de vieux alliés s’en offusquèrent, à Liège notamment, et promirent de soutenir Paul Magnette, qui promit de ne pas renverser Elio Di Rupo en échange de la tête de liste européenne et d’un rôle de porte-parole de campagne, autant de tâches d’amplitude nationale pour un président en puissance en grand conflit désormais avec le président en partance.

Juin 2019, quel socialiste reçoit le PTB ? Elio Di Rupo, bien sûr.
Juin 2019, quel socialiste reçoit le PTB ? Elio Di Rupo, bien sûr.© PHILIP REYNAERS/PHOTO NEWS

Elio Di Rupo va mal, donc.

Il est affaibli par ses résultats personnels et par ceux de son parti, et coincé, par Paul Magnette.

Mais il est aussi et encore incontournable, Trompe-la-Mort. D’abord parce que le parti qu’il préside est encore, fût-il affaibli, fût-il divisé, tétanisé, fût-il coincé, le premier de Bruxelles – au parlement régional en tout cas – et en Wallonie. Le PS est donc en position de choisir, non pas entre un partenaire de coalition ou l’autre, mais entre l’existence de gouvernements ou pas. Sans le PS, vu l’irréductible opposition entre Ecolo et le MR, aucun gouvernement n’est possible en Région wallonne. Et sans le PS, vu l’effondrement des partis de la coalition suédoise, aucun gouvernement n’est possible au fédéral. Il n’est pas possible pour le PS d’éviter d’aller au gouvernement wallon avec le MR. En revanche, le PS pourra choisir entre aller au gouvernement fédéral avec la N-VA et, s’il ne peut pas l’éviter, provoquer de nouvelles élections législatives. Ce choix, c’est du pouvoir, pour le PS. Ce pouvoir, c’est celui d’Elio Di Rupo. Car c’est Elio Di Rupo, c’est Trompe-la-Mort qui, en dernier ressort, décidera pour le PS.

Parce que, malgré tout, il en est encore bien le président, du Parti socialiste, Trompe-la-Mort. Il s’est accroché, comme toujours, parce que céder d’un millimètre, pour Elio Di Rupo, c’est tout perdre. Comme à Mons, où il a dû céder et où il n’a plus rien à dire.

Vers l’Elysette, mais quand ?

Alors, au Parti, il a tenu. Ce n’était pas gagné du tout. Car après l’épisode du Ceta, dont Paul Magnette était sorti encore grandi aux dépens d’Elio Di Rupo qui était, pourtant, celui qui avait insisté pour ne pas céder, au moment où se déchaînait la tempête de l’affaire Publifin, c’est Elio Di Rupo lui-même qui avait été mis en difficulté par les siens. En réunion de groupe au parlement de Wallonie, l’Andennois Vincent Sampaoli avait osé dire qu’Elio Di Rupo n’était plus l’homme de la situation. En réunion de groupe au Parlement fédéral, la Namuroise Gwenaëlle Grovonius l’avait invectivé.  » Je me suis engagée pendant les affaires de Charleroi, parce que tu allais en finir avec les parvenus. Tu ne l’as pas fait, Elio. Je me sens trahie. Tu n’es plus mon président « , avait-elle dit, et d’autres députés avaient été encore plus virulents. Ils craignaient l’impératif de décumul auquel la tête du parti voulait les soumettre. Alors ils ont pensé à la couper, la tête.

Juin 2002, quel socialiste pose avec un ordinateur devant un portrait de Vandervelde ? Elio Di Rupo, bien sûr.
Juin 2002, quel socialiste pose avec un ordinateur devant un portrait de Vandervelde ? Elio Di Rupo, bien sûr.© OLIVIER PIRARD/ISOPIX

Mais Trompe-la-Mort a tenu. Il a laissé Paul Magnette se confronter aux députés-bourgmestres. Et lui, il a pactisé avec eux. Pour sauver sa présidence, et alors que depuis 1999, il entretenait avec eux des relations distantes, voire tendues, il s’est concilié les faveurs de cette strate importante de l’édifice socialiste, celle de ces élus locaux bien assis sur leur commune, souvent de taille intermédiaire, qui siègent au Bureau national, et qui tirent leur légitimité parlementaire de leur succès local, et vice versa.

Au congrès de l’Eau-d’Heure, en juillet 2017, les uns et les autres s’affrontèrent violemment. Mais c’est la proposition défendue par Elio Di Rupo et les députés-bourgmestres, celle d’interdire de cumuler les indemnités mais pas les mandats de parlementaire et de bourgmestre ou d’échevin, qui l’emporta. Paul Magnette, soutenu par sa fédération, unanime en façade, et par une éphémère plateforme, #grouponsnousetdemain, avait perdu ce congrès à cause d’Elio Di Rupo, juste après avoir perdu l’Elysette à cause de Benoît Lutgen. Le Carolorégien, à qui tout jusqu’alors avait insolemment souri, en fut si blessé qu’il envisagea, un temps, de fonder son propre parti, ou son propre courant au sein du parti. Il n’en fit rien mais n’en pensait pas moins, et pas mal d’autres avec lui.

Mais quand le prendra-t-il alors donc, ce parti, Paul Magnette ?

Le parti était divisé, mais Elio Di Rupo, en tenant les élus locaux, tenait le bureau national, et, en tenant le bureau national, tenait le parti. Et il le tient encore. Une décision, absurde, prise par le bureau au début de l’été, en témoigne : Elio Di Rupo soutenait la cooptation comme sénateur de Jules Eerdekens, fils de Claude et premier suppléant d’Eliane Tillieux sur la liste socialiste namuroise à la Chambre. Il l’avait, semble-t-il, promis pour éviter l’explosion du PS namurois. La fédération de Liège, mais aussi Paul Magnette, soutenait le Liégeois Hassan Bousetta, professeur à l’ULiège et candidat malheureux à l’élection européenne – il n’a raté le siège d’eurodéputé qu’à 2 500 voix près. On put se compter, pour l’occasion, au bureau, et ce fut le transparent Jules Eerdekens qui l’emporta d’une confortable majorité.

Elio Di Rupo avait appelé tout le monde, menaçant les uns, cajolant les autres, suggérant des choses et en annonçant d’autres. C’est son style, qui même distant veille à cultiver une manière de proximité, celle qui le fait appeler, par exemple, personnellement tous les bourgmestres au lendemain des élections communales. C’est ce style qui lui donnera, ici encore, le pouvoir de nommer les prochains ministres wallons et, peut-être, fédéraux. C’est son style, qui lui conserve son siège présidentiel alors que tout autour, dans les bureaux d’à-côté, ils se sont vidés, et pas toujours au plus grand profit de leurs anciens occupants : Gilles Mahieu, chef de cabinet et secrétaire général du PS est parti à la Province du Brabant, Ermeline Gosselin, porte-parole du PS et cheffe de cabinet à Mons, est partie à Soignies, Anne Poutrain, cheffe de cabinet et directrice de l’IEV, est partie au groupe parlementaire wallon, et Hervé Parmentier, chef de cabinet et directeur de l’IEV, est parti au Centre d’action laïque.

Mai 2019, quel socialiste négocie avec Paul Magnette ? Elio Di Rupo, bien sûr.
Mai 2019, quel socialiste négocie avec Paul Magnette ? Elio Di Rupo, bien sûr.© BRUNO FAHY/BELGAIMAGE

C’est donc son style qui lui permet d’encore tenir le parti alors que Paul Magnette doit le prendre.

Mais quand le prendra-t-il alors donc, ce parti, Paul Magnette ?

Il lui est promis depuis si longtemps qu’il lui semblerait dû. Mais il est encore suspendu au pouvoir de Trompe-la-Mort. Il ne pourra donc le prendre que lorsque les négociations gouvernementales seront terminées, et que sera convoquée une élection à la présidence du Parti socialiste.

Mais quand seront-elles terminées ? Et surtout, lesquelles ?

Car l’accord wallon, qui associera le PS au MR et, si Jean-Marc Nollet parvient à en convaincre les militants, Ecolo, sera sans doute bientôt signé. On l’annonce pour septembre. Mais l’accord fédéral, lui, ne sera pas conclu de sitôt : il pourrait même ne jamais se conclure.

Elio Di Rupo tiendra-t-il alors toujours le parti ?

Il s’est en tout cas gratifié du titre de formateur du gouvernement de la Région wallonne, et semble bien toujours vouloir, comme l’annonçait en mai dernier déjà Le Vif/L’Express, en être le ministre-président jusqu’à 2024. La fonction, disent les statuts du parti, est incompatible avec la présidence du parti.  » Sauf circonstances exceptionnelles dûment constatées par le Congrès « , précise toutefois le paragraphe 4 de leur article 42. Un congrès de participation au gouvernement wallon pourrait donc, constatant l’exceptionnalité de la situation fédérale, prolonger le bail présidentiel de Trompe-la-Mort. Elio Di Rupo le sait. Paul Magnette le sait. Elio Di Rupo pourrait le vouloir. Paul Magnette ne le voudra pas. Mais jusqu’au bout le Rastignac du Pays Noir dépendra du Trompe-la-Mort du boulevard de l’Empereur.

Il n’est pas affaibli par ses résultats personnels et par ceux de son parti, et il est incontournable, Paul Magnette.

Mais il est donc aussi et encore coincé.

D’Elio Di Rupo, on a raconté mille fois comment les vieux socialistes montois ne l’avaient pas tué dans les années 1980, comment les calomnies d’un mythomane ne l’avaient pas abattu dans les années 1990, comment la défaite de 2007 ne l’avait pas enfoncé, et comment la crise de 2010-2011 ne l’avait pas démoli. Les derniers mois et les semaines qui viennent montrent comment Paul Magnette ne s’en est toujours pas libéré. Même si chaque jour qui passe rapproche Elio Di Rupo de la sortie.

Parce qu’il a 68 ans et qu’il préside le PS depuis vingt ans.

Et parce que même Trompe-la-Mort n’était pas éternel.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire