Elio Di Rupo © Belga

Elio Di Rupo choqué par des propos du président polonais sur « l’idéologie LGBT »

Le ministre-président wallon Elio Di Rupo a tenu dimanche à réagir à de récents propos du président polonais, qui lors d’un meeting de campagne électorale a qualifié « l’idéologie LGBT » de « néo-bolchévisme », comme si le fait d’être homosexuel relevait d’une idéologie que le monde moderne tente d' »inculquer » aux enfants.

« Pendant toute l’époque communiste on imposait aux enfants l’idéologie communiste. C’était du bolchévisme. Aujourd’hui on tente de leur inculquer une nouvelle idéologie, c’est une sorte de néo-bolchévisme », a déclaré le président polonais Andrzej Duda lors d’un rassemblement à Brzeg, dans le sud-ouest du pays, retransmis par des télévisions.

« On essaie de nous faire croire qu’il s’agit de gens alors que c’est simplement une idéologie », a-t-il insisté.

Le président sortant, qui brigue un second mandat à l’élection présidentielle du 28 juin, souhaite prôner face à l’électorat la « famille traditionnelle » polonaise, et veiller à « protéger » les enfants contre la propagation de modèles différents. Selon des sondages récents, le candidat du PiS (Droit et Justice), parti qui bénéficie d’une majorité absolue à la Diète, est favori à sa propre succession.

Les propos du président polonais sur la communauté LGBTQI (pour « lesbiennes, gays, bisexuels, transgenres, queers et intersexes ») « sont d’une violence inouïe », dénonce Elio Di Rupo dimanche. « Être en campagne et vouloir ratisser large (y compris chez les plus catholiques, NDLR) n’est pas une excuse ».

Le ministre-président wallon rappelle que le parti conservateur PiS est régulièrement critiqué pour ses réformes de la Justice polonaise, perçues par des observateurs locaux et par une grande part de la communauté internationale comme une tentative de soumettre l’appareil judiciaire au pouvoir en place. Cela vaut d’ailleurs à la Pologne de faire l’objet d’une procédure dite « article 7 » (du traité de l’Union européenne) enclenchée par la Commission européenne fin 2017. Cette procédure est prévue pour quand il y a un « risque clair de violation grave » des valeurs de l’UE, dont le respect de l’Etat de droit. Théoriquement, la procédure peut aboutir à une suspension du droit de vote de l’Etat concerné au Conseil, mais les modalités de vote pour en arriver là rendent cette issue très hypothétique.

Entre-temps, la Commission multiplie les procédures d’infraction à l’encontre de Varsovie devant la Cour de Justice de l’Union européenne, avec des résultats mitigés.

« Toute aide européenne devrait être soumise au respect des valeurs européennes et libertés fondamentales. Trop is te veel! « , ajoute Elio Di Rupo dans sa réaction.

L’homophobie est déjà un problème visible en Pologne, qui fait régulièrement débat au niveau européen. En décembre dernier, le Parlement européen avait encore pointé avec inquiétude l’existence dans ce pays de dizaines (« plus de 80 ») de zones qui se déclarent officiellement « libres de l’idéologie LGBTI ». Dans certaines localités, des autocollants ont même été distribués aux commerçants via la presse, qui peuvent être apposés en vitrine et indiquent que le lieu est « interdit aux LGBT ». Des initiatives qui ne sont pas condamnées par le PiS.

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