Zakia Khattabi et Patrick Dupriez. © Belga

Ecolo sur le chemin de la radicalité

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Sauf surprise, Zakia Khattabi et Patrick Dupriez deviendront, en mars, les nouveaux présidents d’Ecolo. Derrière leur ascension se cache un brusque retour de flamme : les personnalités hier marginalisées au sein du parti s’apprêtent à prendre le dessus. Analyse.

C’est un tournant majeur que s’apprête à amorcer Ecolo. Si les nouveaux coprésidents seront officiellement intronisés le 22 mars, leur identité pourrait déjà être connue dans les prochains jours. Les candidats à la succession d’Emily Hoyos et d’Olivier Deleuze ont en effet jusqu’à dimanche minuit pour se déclarer. Mais sauf coup de théâtre (un deuxième duo se tâte : Christos Doulkeridis, a été approché par Chloé Deltour cette semaine), l’issue ne fait aucun doute : le duo gagnant se composera de Patrick Dupriez, ancien président du Parlement wallon, et de Zakia Khattabi, députée fédérale. Leur nomination devrait entraîner une inflexion nette dans la stratégie du parti.

Dès le début de l’été, une série de personnalités s’étaient attelées à la concrétisation de la succession au tandem Deleuze-Hoyos. A la manoeuvre : Philippe Lamberts, le député européen. Au cours des dernières années, celui-ci est devenu le fer de lance de l’opposition interne à la direction d’Ecolo. Il juge la ligne du parti trop molle, trop centriste sur les questions économiques. Il reproche aussi à un petit noyau de mandataires (Emily Hoyos, Jean-Marc Nollet, Marcel Cheron, Philippe Henry et quelques autres) d’avoir accaparé les principaux leviers de pouvoir. C’est sur ces deux griefs que s’est cristallisé le mécontentement de nombreux élus, gagnés à l’idée qu’il fallait du changement, voire une rupture, à la tête d’Ecolo.

Si les noms de plusieurs candidats présumés ont circulé (Stéphane Hazée, Veronica Cremasco…), un tandem crédible a paru se constituer peu avant la rentrée de septembre. Il réunissait Patrick Dupriez, déjà, ainsi que la députée bruxelloise Zoé Genot. Respectée pour son travail à la Chambre, où elle a siégé de 1999 à 2014, celle-ci suscite toutefois la méfiance d’une frange d’Ecolo. Motif ? D’aucuns jugent excessive sa propension à utiliser une rhétorique anti-establishment acérée. Ses positions en pointe dans la défense des sans-papiers, au sujet du voile islamique, et plus globalement dans le domaine de l’immigration, ne sont pas non plus du goût de tous. Soucieux de rallier une large majorité, Patrick Dupriez a préféré faire alliance avec Zakia Khattabi, estimant que celle-ci susciterait moins de réticences.

Réputés pour leur attitude critique vis-à-vis de la direction d’Ecolo, Dupriez et Khattabi ont pu craindre que l’appareil du parti suscite une autre candidature pour les empêcher d’accéder à la présidence. « Mais quel appareil ? Depuis le 25 mai dernier, l’appareil n’existe plus, juge un fin connaisseur des arcanes écologistes. La plupart de ceux qui faisaient la pluie et le beau temps se détestent aujourd’hui. » Plus de six mois après la défaite, le parti vivote, sans véritable ligne directrice, sans coordination réelle entre ses principaux chefs de file.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

– les deux scénarios qui pourraient empêcher une victoire de l’équipe Khattabi-Dupriez

– la fin d’une longue phase politique, qui aura duré quinze années ?

– l’implosion du cénacle informel (Nollet, Cheron, Doulkeridis, Henry, Hoyos, Derenne…)

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire