Carte blanche

Ecole: résorber les retards d’apprentissage? Un objectif très réducteur (carte blanche)

Jacques Liesenborghs, ex-secrétaire générale de la CSC-Enseignement et ex-sénateur Ecolo, met en doute le slogan de la rentrée scolaire et soutient des invitations à penser des démarches nouvelles.

A la veille de la rentrée scolaire, le 30 août, le journal Le Soir choisissait ce titre – Résorber les retards d’apprentissage – pour mettre l’événement en perspective. Voilà donc le programme qui s’imposerait et devrait mobiliser élèves, parents et enseignants: résorber les retards! De quoi enthousiasmer les troupes? Ou vielle rengaine?

C’est, me semble-t-il, un objectif très réducteur. Il polarise le travail sur la quantité des contenus-matières. C’est un propos qui, hélas, correspond à la vision la plus traditionnelle et la plus répandue des activités scolaires. « Mais non, Monsieur, c’est le bon sens après tout ce temps perdu! »

Après! Justement, APRES ce qu’ont vécu jeunes et adultes pendant de longs mois, est-ce qu’on peut en revenir à ce qu’indique la métaphore ferroviaire: résorber les retards. Autrement dit: en revenir aux sacro-saints programmes à boucler absolument, par tou(te)s, dans un temps intouchable.

Est-ce que les événements des derniers mois n’appellent pas à reconsidérer fondamentalement les priorités et les modalités d’apprentissage? C’est ce que proposent certains penseurs contemporains qui n’ont pas eu l’honneur des médias à la rentrée. Deux extraits pour une route qui tiretait tout le suc de la vie comme elle vient. Au-delà des horaires…

« Durant cette année, par les chocs provoqués par le Covid, nous avons senti combien nous sommes aujourd’hui inter-reliés, interdépendants non plus seulement de nos proches, mais de la planète entière. Ces vécus de l’enfermement, de l’isolement, de l’attente, de l’incertitude nous ont rapproché à notre insu de ces ‘autres’, de ceux perçus et traités comme des ‘en dehors’ des Etats, de l’Europe, de l’humanité parfois » (1)

« L’enjeu de l’éducation aujourd’hui est là: dans notre capacité à incarner et à faire découvrir à l’école cette fraternité fondatrice sans laquelle nous ne nous sauverons pas…. Quand les médias montrent à nos enfants une réalité qui fascine, sidère ou terrorise et à laquelle il faut se résigner, notre éducation doit les amener à interroger, questionner, interpeller pour faire l’expérience que rien, jamais, n’est définitivement joué ni perdu ni décidé d’avance par d’autres que les citoyens » (2).

Des invitations à penser des démarches nouvelles avec la liberté indispensable pour contribuer à mettre au monde les adultes de demain.

Jacques Liesenborghs, ex-secrétaire générale de la CSC-Enseignement et ex-sénateur Ecolo

  • (1) Carta Academica, Laurent et Mazzochetti (2) Bidar et Meirieu dans ‘Relions-nous’, Les liens qui libèrent, 2021

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