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Dutroux : l’ultime étape du « dossier bis » ce vendredi

L’instruction sur les cheveux de la cache de Marcinelle est clôturée et le réquisitoire du parquet de Neufchâteau, tracé. Mais on avait un peu perdu de vue le « dossier bis ». Or, la chambre du conseil de Neufchâteau examine demain à huis clos la demande du procureur : non-lieu contre inconnu.

C’était en février 2001. Tiraillée entre la nécessité de conduire l’affaire Dutroux devant les assises et le très vif souhait, de certaines parties civiles, de creuser davantage la « piste » des cheveux trouvés dans la sinistre cache aménagée par le prédateur dans la cave de sa maison de Marcinelle, la chambre des mises en accusation de Liège avait joué d’intelligence.

Elle avait d’une part décidé de renvoyer Marc Dutroux, son épouse d’alors Michelle Martin ainsi que leur complice Michel Lelièvre (et Michel Nihoul) aux assises d’Arlon pour le dossier numéroté 86, à savoir celui de l’enquête principale et des suspects connus. Les trois premiers étaient condamnés pour les rapts, séquestrations et mises à mort qui avaient ravagé la conscience belge, au milieu des années 1990 – et bien plus tard – le 22 juin 2004 (Nihoul étant acquitté pour tout ce qui concernait les enfants).

D’autre part, la chambre des mises décidait l’ouverture d’un dossier 86 bis, qui allait être connu sous le simple nom de « dossier bis ». Il concernait d’éventuels suspects inconnus et quelques microtraces génétiques ainsi que des milliers de cheveux trouvés dans la cache. Certes, il avait bien peu de chances d’aboutir à quelque chose d’intéressant, car ces cheveux avaient pu arriver n’importe comment dans l’horrible cache où moururent Julie Lejeune et Mélissa Russo. On se souvient par exemple que les matelas avaient été « récupérés » dans la rue. Mais la volonté de parties civiles (les Lejeune, les Russo, Pol Marchal, etc.) et l’opiniâtreté de l’ancien procureur du Roi de Neufchâteau, Michel Bourlet, allaient pouvoir se cristalliser dans ce « dossier bis ».

Au fil des ans, les cheveux avaient été analysés, plus ou moins en profondeur selon la nécessité, au cours de ce qui fut aussi une longue passe d’armes entre Michel Bourlet, qui avait longtemps défendu l’idée qu’un « grand réseau protectionnel » était à envisager dans l’affaire Dutroux, et le juge Jacques Langlois dont l’instruction, disons, plus pragmatique avait fermé la porte à ce « grand complot ».

Bref, le dossier bis était revenu à la surface de temps à autre, comme, pour la dernière fois, à la faveur d’un émoi vif mais bref, en janvier 2010. Un cheveu « suspect » avait été découvert, annonçait-on alors… avant d’apprendre que l’ultime interrogation de l’affaire Dutroux n’en était pas vraiment une. Le fameux cheveu, apparaissait-il, était celui de l’un des techniciens du laboratoire d’analyse.

Sur ces entrefaites, le juge d’instruction Jacques Langlais avait clôturé son instruction. Et le procureur du Roi chestrolais, Vincent Cambier, allait ensuite tracer son réquisitoire.

Que dirait le parquet cette fois-ci ? Il s’agit, comme attendu, d’un réquisitoire de non-lieu à charge d’inconnu, nous a-t-on confirmé à Neufchâteau. S’il est suivi, comme c’est très vraisemblable, par la chambre du conseil de Neufchâteau qui se réunit ce vendredi 1er octobre à ce sujet, il sonnera donc le glas du « dossier bis » (et donc la fin définitive de l’affaire Dutroux).

Ce vendredi dès 9 h 30, la chambre du conseil entendra donc (à huis clos) d’abord le rapport du juge Langlois, puis ledit réquisitoire et enfin, si elles sont représentées, les parties civiles (mais personne ne s’est manifesté ces derniers temps, à notre connaissance).

Ensuite, le président prendra le temps d’établir son ordonnance, ce qui peut être très rapide mais peut également, de manière plus classique, prendre deux semaines ou davantage. A moins d’un appel hypothétique, cette ordonnance sera l’ultime décision judiciaire relative à l’enquête ouverte le 13 août 1996. Ce mardi-là, on avait arrêté un certain Marc Dutroux…

Roland Planchar

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