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« Droite camping-car »: quand les libéraux belges lorgnent vers les Républicains français

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

La ligne « populaire » voulue par le président du MR sort-elle renforcée par le succès de Xavier Bertrand, lors des régionales françaises? Une victoire remportée face au « macronisme » en perte de vitesse.

En Belgique francophone, les regards sont toujours tournés vers la France politique, sa présidentielle et sa personnalisation des campagnes électorales. Forcément, au surlendemain du premier tour des régionales, la droite regarde vers les Républicains, qui sortent grands vainqueurs surprises du scrutin.

Fini le bras de fer annoncé entre le président sortant, Emmanuel Macron, et la présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen lors de la présidentielle de 2022? Si nous n’en sommes pas encore là, le score de Xavier Bertrand dans les Hauts-de-France renforce ses ambitions: il vire largement en tête, avec 41,39 % des voix, contre 24,37 % pour son adversaire du Rassemblement national, Sébastien Chenu.

La droite « sociale et populaire »

Candidat auto-désigné à la présidentielle de 2022, l’homme doit encore faire face à des rivaux dans son propre camp, Laurent Wauquiez et Valérie Pécresse. Mais il vient de marquer des points en se revendiquant d’une « droite sociale et populaire » avec la volonté de mener la « révolution par les territoires », à l’opposé de ce qu’il juge être la façon de gouverner du chef de l’Etat.

Tiens, tiens…

Depuis quelques semaines, l’omniprésent président du MR en Belgique francophone se revendique ouvertement d’une ligne comparable, résumée par un terme slogan: la « droite camping-car ».

« Georges-Louis Bouchez ambitionne un grand parti libéral « populaire », soulignait une enquête récente du Soir. « Il veut faire comprendre aux couches plus modestes qui veulent plus de sécurité, de salaire poche, qui ont besoin d’une voiture, aux agriculteurs… comment le MR répond à leurs attentes », soulignait dans ce contexte le président du MR bruxellois, David Leisterh. « Il appelle cela la droite du Hainaut ou caravane – la droite camping-car. »

Même discours sur LN 24 ce mardi matin: « La droite camping-car, c’est la droite populaire, celle qui assume ses choix et impose ses thèmes, comme celui de la sécurité, souligne Georges-Louis Bouchez. J’assume et je ne me définis pas par rapport à la gauche. C’est eux qui réagissent sur nos thèmes. »

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Sur le modèle des Républicains français, il s’agit aussi d’une droite mâtinée de sécuritaire pour empêcher l’extrême droite de progresser. Comme par hasard aussi, la ligne libérale s’est emparé des thématiques qui font les choux gras des républicains français, que ce soit la laïcité ou le combat contre les signes convictionnels. Face à « une gauche qui pactise avec l’extrême-gauche indigéniste, racialiste et anti-républicaine » (une expression citée en France).

Quant à la « révolution par les territoires », le Montois la pratique en se profilant à nouveau contre le bourgmestre socialiste de sa ville, Nicolas Martin, successeur de son ancien meilleur ennemi, Elio Di Rupo.

Fini le « macronisme »

Note bene: il est toujours plus facile de se revendiquer d’un courant politique qui a le vent en poupe.

Pendant longtemps, avant de s’emparer de la tête du parti avec le soutien appuyé de ses ‘barons’ Charles Michel et Didier Reyners, l’actuel locataire du boulevard de la Toison d’or vantait les mérites de la révolution portée par Emmanuel Macron, imaginait la fin des partis laissant la place à des mouvements et rêvait d’un élargissement à la « Mons en mieux ». Place, désormais, à la « droite décomplexée ». La fonction fait l’homme.

Pas étonnant, non plus, que cela fasse grincer quelques dents au sein du MR où ses méthodes indisposent une « minorité » pour l’instant, dont le ministre wallon Jean-Luc Crucke qui avait critiqué sa méthode dans la presse flamand. « Je n’ai jamais aimé les petites phrases, les attaques, les combats de coqs, confiait également au Soir la députée fédérale Florence Reuter. Je suis en phase avec lui sur le fond, pas toujours sur la forme. »

Sur la forme, pas sur le fond: la « droite camping-car » aurait de beaux jours devant elle. Du moins tant qu’elle porte ses fruits en France?

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