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Deux cas confirmés de peste porcine africaine en Belgique

L’Afsca et le SPW ont confirmé jeudi que deux cas de peste porcine africaine ont été détectés en Wallonie récemment, sur le territoire de la commune d’Etalle en province du Luxembourg, chez des sangliers retrouvés morts et dont des échantillons avaient été envoyés pour analyse à Sciensano. Les animaux étaient bien porteurs du virus de la PPA, ce qui prouve que la maladie, en recrudescence en Europe de l’Est, a eu tendance à se propager aussi vers l’ouest.

« La lutte contre la maladie ne constitue pas un enjeu de santé publique », car elle n’est pas contagieuse pour l’homme, « mais bien un enjeu de santé animale et économique », soulignent l’Afsca et le SPW. Le virus peut en effet facilement se transmettre d’un animal à l’autre, et notamment aux porcs d’élevage, alors qu’il n’existe actuellement pas de traitement ou de vaccination efficace. S’il se répand, ce virus peut donc décimer des élevages porcins et s’accompagner de pertes économiques importantes.

« Ce virus peut se transmettre facilement d’un animal à l’autre soit par contacts étroits entre individus, soit par du matériel contaminé (matériel de transport, bottes, etc.) ou via des restes alimentaires porteurs du virus et abandonnés par l’homme », rappellent les instances compétentes, aux niveaux fédéral et régional. Les dernières contaminations en Europe pourraient d’ailleurs « être la conséquence d’introduction de restes de denrées alimentaires abandonnés par des voyageurs en provenance de zones infectées » plus à l’est.

Le Service Public de Wallonie prépare les mesures de nature à éviter au maximum la dispersion des sangliers à partir de la zone infectée ainsi que les dispositions relatives à la chasse. Le Département Nature et des Forêts a quant à lui renforcé les procédures de vigilance et d’observation. Si l’on fait une découverte suspecte, il faut contacter le call-center du SPW au numéro 1718.

Le Boerenbond a également mis en garde jeudi contre l’avancée de la peste porcine africaine. « Un foyer chez nous aurait de très graves conséquences pour nos élevages, les exportations étant immédiatement compromises. »

Un épidémie de peste porcine africaine provoquée par de la viande de porc contaminée en provenance d’Espagne avait touché la Flandre occidentale en 1985. Douze entreprises avaient alors été contaminées, 185 autres bloquées et plus de 30.000 porcs abattus.

La Commission européenne a indiqué jeudi soir suivre la situation de près. « La Commission considère la lutte contre la peste porcine africaine comme une priorité vu que la maladie représente une menace pour l’économie de l’Union européenne, en particulier le secteur porcin », selon un communiqué. L’UE est le second plus grand exportateur de viande de porc après la Chine.

La ministre allemande de l’Agriculture, Julia Kloeckner, mise au fait des cas de peste porcine africaine détectés à 60 kilomètres de la frontière allemande, a assuré son gouvernement prenait la situation au sérieux. « Nous sommes bien préparés », a-t-elle affirmé, ajoutant que Berlin est en communication constante avec les autorités belges et la Commission européenne à ce sujet.

L’Allemagne a approuvé plus tôt cette année une série de mesures pour lutter contre la propagation de la maladie, dont la suppression d’une interdiction saisonnière de chasse au sanglier.

La France se mobilise

La confirmation de la présence de ce virus, qui ne touche que les porcs et les sangliers, sur la commune d’Etalle, à une dizaine de kilomètres de la France, « constitue une progression inédite de la maladie qui exige une réponse à la hauteur des enjeux économiques considérables pour les filières agroalimentaires françaises », a souligné le ministère, précisant qu’il n’existe ni vaccin, ni traitement contre cette affection.

Le ministre français de l’Agriculture, Stéphane Travert, dit avoir demandé la mise en place immédiate d’un plan d’action renforcé contre la peste porcine africaine (PPA) auprès des préfets des Ardennes, de la Meuse, de la Moselle et de la Meurthe et Moselle, des départements frontaliers de la Belgique. Ce plan prévoit sur ces quatre départements « des mesures de zonage, de restrictions de certaines activités comme la chasse et de surveillance renforcée des élevages et de la faune sauvage » ainsi que « le renforcement des mesures de biosécurité pour éviter l’introduction du virus dans les élevages porcins et des mesures de surveillance en abattoir ». Le ministère rappelle que « l’entrée de toute personne dans une exploitation agricole ne doit s’effectuer qu’après autorisation préalable des éleveurs et dans le respect de toutes les mesures d’hygiène et de biosécurité requises ».

A la fin du mois d’août, la présidente du principal syndicat agricole français FNSEA, Christiane Lambert, s’était inquiétée des risques de transmission dans les fermes de la peste porcine africaine, déjà présente en Europe de l’Est, d’où certaines sociétés de chasse importent des sangliers pour leurs élevages de gibier.

Dans la foulée, les éleveurs porcins avaient également tiré la sonnette d’alarme sur les risques de propagation en France et en Europe de l’Ouest du virus, qui touche huit pays d’Europe de l’Est (Bulgarie, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, République Tchèque, Roumanie), la Russie et la Chine.

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