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Des dépôts bloqués à Bruxelles, Namur, Liège et Charleroi par les gilets jaunes

Des « gilets jaunes » bloquaient vendredi l’accès à plusieurs dépôts et raffineries de Wallonie pour protester contre l’augmentation du prix des carburants, inspirés par l’initiative citoyenne prévue en France samedi/demain et qui doit son nom aux gilets fluo réfléchissants obligatoires dans toute voiture.

Plusieurs dizaines de manifestants étaient présents à Feluy (Charleroi), Wierde (Namur) et une centaine à Wandre et Sclessin (Liège). L’entrée du site de la raffinerie Total Petrochemical à Feluy était occupée par plusieurs dizaines de protestataires qui distribuaient également des tracts aux automobilistes, provoquant localement quelques ralentissements. Leur action n’a cependant pas perturbé le trafic autoroutier sur la E19, située à proximité de la raffinerie.

À Wierde, une vingtaine de personnes faisaient le pied de grue devant le dépôt de la société distributrice de mazout Proxifuel pour empêcher l’accès aux cuves. Les camions qui devaient s’y approvisionner ne pouvaient donc effectuer leurs livraisons, qu’il s’agisse de mazout routier ou de chauffage. Les livreurs ont été prévenus par l’entreprise. L’action devrait durer jusque vendredi soir. Une soirée dansante est d’ailleurs prévue sur le site. La société Proxifuel n’envisage pas de porter plainte.

À Wandre et Sclessin, plus d’une centaine de personnes se sont rassemblées vers 00h30 dans la nuit de jeudi à vendredi pour installer un barrage, composé de palettes en bois, devant les ports pétroliers. Vers midi, les manifestants étaient toujours présents, comme la police qui veillait au déroulement serein de l’action.

À Bruxelles, le dépôt Lukoil, le plus grand réservoir de produits pétroliers de Belgique, a été bloqué une vingtaine de minutes en matinée, avant que la police n’évacue les six contestataires.

Outre le prix des produits pétroliers, les « gilets jaunes » contestent la baisse globale du pouvoir d’achat. « Le citoyen n’a plus un niveau de vie décent », a déclaré Claude Gilles, porte-parole des manifestants à Wierde. « On a du mal à se payer à manger et beaucoup sont concernés. »

Parti de France, le mouvement des gilets jaunes entend défier le gouvernement d’Emmanuel Macron en paralysant samedi/demain le plus grand nombre de routes et de points stratégiques à travers le pays. Lancé en octobre sur Facebook, l’action populaire visait dans un premier temps à protester contre l’augmentation des prix à la pompe, puis s’est étendue à une contestation plus générale de la politique du gouvernement français et, notamment, des taxes qui pèsent sur le pouvoir d’achat. Cet appel à un « blocage national » a ensuite essaimé localement, puis jusqu’en Belgique, qui a pris les devants vendredi.

Jacline, la mère de famille devenue égérie des automobilistes français en colère

Accordéoniste, hypnothérapeute et agent de sécurité incendie pour les « fins de mois difficiles », Jacline Mouraud est devenue l’égérie inattendue des automobilistes excédés par la hausse des prix du carburant qui manifestent samedi en France. Horripilée par « la traque aux automobilistes », cette femme de 51 ans, mère de trois grands enfants, est à l’origine d’une vidéo virale de plus de quatre minutes, vue plus de six millions de fois sur Facebook. Cette initiative a fait d’elle l’une des porte-parole des « gilets jaunes », un mouvement populaire hétéroclite ainsi baptisé en référence aux vestes réfléchissantes obligatoires dans les voitures en cas d’incident, qui a appelé à bloquer samedi routes et autoroutes dans tout le pays. Cette native de Bretagne ne possède « rien sauf sa voiture », un SUV diesel noir acheté 11.000 euros il y a 10 ans, et vit avec moins de 1.000 euros par mois.

Jacline
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C’est pourtant « à Jacline Mouraud » en personne que la secrétaire d’État à l’Écologie Emmanuelle Wargon a répondu dans une vidéo postée sur Twitter. Si son entourage vit « plutôt mal » cette soudaine célébrité, Mme Mouraud se sent investie d’une mission qui va au-delà des voitures. Elle est devenue en quelques semaines sur les réseaux sociaux la confidente de ceux qui se sentent abandonnés: une retraitée de 71 ans qui « ne peut plus manger après le 10 du mois » et « n’attend plus que la mort » ou encore une femme de 36 ans qui vit avec 515 euros par mois avec deux enfants. « Vous croyez que je vais les laisser tomber? « , s’indigne-t-elle. « Tant qu’on me donnera la parole, je parlerai de ces gens ». « Les gens qui ne ‘sont rien’ demandent de pouvoir vivre dignement », explique celle qui a comme lecture « Comment l’État va faire main basse sur votre argent ». Fébrile face à ce mouvement imprévisible, le gouvernement a annoncé des contre-feux pour adoucir la facture énergétique des ménages les plus modestes. Sans convaincre Jacline: « Un miroir aux alouettes », tranche-t-elle. « Comment peuvent-ils être aussi obtus? On taxe, on aide, on taxe les aides et on recommence, le Premier ministre a juste réussi à exacerber la colère des Français », assure celle qui entend créer, samedi, le « plus grand parti de France, celui du peuple ». Jacline rappelle cependant qu’elle n’est « pas responsable de tous les citoyens français ». « Si quelqu’un se montre violent, samedi, il sera tout de suite remis en place », assure la dynamique quinquagénaire, qui sera transportée à moto, d’un point de blocage à un autre.

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