Kris Peeters, Charles Michel, Alexander De Croo et Johan Van Overtveldt © Belga

Déficit budgétaire: « Est-ce de l’incompétence ou de l’arrogance? »

Kamiel Vermeylen Journaliste Knack.be

Les chiffres du Bureau de Plan montrent que le déficit budgétaire se chiffrera à nouveau à 7,7 milliards d’euros en 2019. Néanmoins, l’ambition ultime du gouvernement de relance socio-économique était un budget équilibré. « Est-ce de l’incompétence ou l’arrogance du pouvoir », se demande Ivan Van de Cloot, économiste en chef de l’institut Itinera.

Les nouveaux chiffres du Bureau du Plan révèlent qu’en 2019, le déficit budgétaire atteindra à nouveau 1,7 % du produit intérieur brut, soit 7,7 milliards d’euros. Le gouvernement Michel I a réduit le déficit budgétaire de 1,4 %, mais n’est pas en mesure de présenter un budget équilibré. « La coalition suédoise a raté une énorme opportunité », estime Ivan Van de Cloot.

Que disent les nouveaux chiffres du Bureau du Plan sur le travail du gouvernement Michel ?

Ivan Van de Cloot: En 2014, l’électeur a donné au gouvernement le mandat de cesser de transférer les responsabilités financières à la prochaine génération. De plus, le contexte était idéal : cinq ans sans élections et une composition de coalition idéale, du moins en théorie. Aujourd’hui, il ne fait pas de doute que l’électeur se demandera s’il s’agit d’incapacité ou d’arrogance du pouvoir.

L’Allemagne et les Pays-Bas, entre autres, sont parvenus à dégager un excédent budgétaire parce qu’ils se sont attaqués aux dépenses de manière structurelle. Le gouvernement Michel n’y est pas parvenu du tout. Il a été possible de ralentir la croissance d’un certain nombre de postes de dépenses, mais il n’a pris aucune mesure drastique. À certains moments, un bon père de famille doit oser réduire les dépenses, mais la coalition suédoise n’a pas du tout rendu le gouvernement plus performant.

La coalition suédoise a pourtant bénéficié d’un climat économique favorable et de taux d’intérêt bas.

Le gouvernement s’est précipité sur un certain nombre de quick wins. Les partis au pouvoir s’enferment régulièrement dans un château avant d’annoncer en grande pompe qu’ils ont trouvé plusieurs milliards. Mais ce n’est pas comme ça que ça marche. Une approche systématique s’impose, où les objectifs à long terme sont fixés et suivis de près. Nous le préconisons depuis des années, mais le message ne passe pas. Tant que nous ne nous attaquons pas à ce problème, nous souffrirons du même mal.

En outre, le gouvernement a soufflé de l' »air » dans le budget, pensez au versement anticipé de l’impôt des sociétés. Mais bien sûr, cela a un impact sur le budget de cette année. Mais lorsque la commission de suivi tente de le souligner, les politiciens rétorquent qu’ils veulent abolir l’organe. C’est difficile à croire. La politique se présente comme un patient qui, en dépit d’un accompagnement poussé, ne veut pas adapter son comportement.

La Commission européenne a estimé que la politique du gouvernement Di Rupo contribuait davantage au produit intérieur brut que celle du gouvernement Michel.

Les chiffres sont bien sûr les chiffres, mais la différence est très faible. La seule conclusion que nous pouvons tirer est qu’il n’y a pas de différence significative entre le gouvernement Michel et celui de Di Rupo en matière de politique budgétaire structurelle.

Le Bureau du Plan vient de revoir les prévisions de croissance de notre pays à la baisse. Les taux d’intérêt vont également augmenter maintenant que la Banque centrale européenne ne fera plus tourner la planche à billets. Le prochain gouvernement sera-t-il confronté à la tâche impossible de concilier déficit budgétaire et hausse des dépenses ?

Les dossiers qui arrivent sont gigantesques. Les dépenses de retraite du prochain gouvernement s’élèveront à 5 milliards d’euros. Nos partenaires de l’OTAN demandent que nous remédiions enfin à l’insuffisance de nos dépenses de défense. Et on ne parle même pas du financement de la transition énergétique éventuelle. La tâche ne sera pas facile.

Les partis devront comprendre que toute promesse électorale doit s’inscrire dans un carcan budgétaire serré. On fera des promesses qui coûteront de l’argent, alors que la première question à se poser est de savoir comment on va combler le trou de ce gouvernement. Comme le gâteau se rétrécit, le climat politique ne fera que s’envenimer.

Où le prochain gouvernement doit-il aller chercher l’argent?

D’abord et avant tout, le prochain gouvernement doit se concentrer à nouveau sur les dépenses. Le gouvernement précédent en a beaucoup parlé, mais il n’a rien fait. Pour perpétuer la prospérité de notre pays, le gouvernement doit continuer à mettre l’accent sur la création d’emplois et la croissance de la productivité. En matière d’emploi, le gouvernement a fait du bon travail. Après, on peut discuter de la qualité et du contenu de ces emplois – mais le tableau d’ensemble est positif. La croissance de la productivité, en revanche, est une autre histoire. Bien que notre niveau de productivité soit déjà relativement élevé pour éviter tout doute, ces dix dernières années nous sommes restés loin derrière d’autres pays comparables en termes de croissance.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire