Bart De Wever. © BELGA

De Wever rallume la flamme communautaire, les réactions fusent

La N-VA va s’occuper à nouveau de ses revendications communautaires, a annoncé le président de la N-VA, Bart De Wever. Le parti n’entend plus rester passif dans ce domaine même s’il respectera la parole qu’il a donnée au MR d’un « stand still » communautaire au cours de cette législature. Les réactions des partis francophones sont très vite arrivées.

Ces dernières semaines, des figures du Mouvement flamand ont exprimé leur préoccupation sur le « profil idéologique » du parti, indique le président des nationalistes flamands. Ce week-end, l’ancien animateur radio Jean-Pierre Rondas s’interrogeait ainsi sur la stratégie de la N-VA dans un entretien croisé avec le député et ancien président du Vlaams Volksbeweging (VVB), Peter De Roover.

De Wever: « Le parti sort de sa passivité »

« Comment mettre encore le communautaire à l’agenda alors que vous avez habitué la population à vous taire sur cette question », demandait-il. La direction de la N-VA a discuté du problème avec certaines personnalités flamandes et M. De Wever en a conclu que son parti devait sortir de la « passivité ». « Nous avons convenu d’un stand still communautaire temporaire avec nos partenaires. Et nous respectons la parole donnée. Mais après des discussions avec le sommet du parti et des figures-clé du Mouvement flamand, je suis arrivé à la conclusion que nous ne pouvions nous cantonner dans la passivité », écrit le président de la N-VA dans un communiqué.

Le président de la N-VA a demandé aux députés fédéraux Hendrik Vuyeet Veerle Wouters de lancer un projet en vue de « ré-opérationnaliser l’institutionnel », de discuter des étapes futures de « l’émancipation flamande » et de « préparer l’avenir institutionnel de la Flandre » avec des personnes de toutes tendances. Leur tâche ne se limitera pas à la traduction en textes de loi des propositions de la N-VA sur le confédéralisme et à l’approfondissement du discours communautaire. Ils devront également formuler de nouvelles propositions qui vont au-delà de la politique du parti en concertation avec la société.

PS: Charles Michel « a été trompé »

Le gouvernement fédéral a fait du socio-économique son cheval de bataille, laissant de côté le communautaire. Lorsqu’il était président du MR, Charles Michel n’avait pas été tendre vis-à-vis de la N-VA mais après la formation du gouvernement et la mise au frigo des enjeux institutionnels, il avait révisé son jugement.

Aujourd’hui, après avoir déjà multiplié les déclarations communautaires depuis une semaine, la N-VA dit clairement qu’elle rouvre le débat institutionnel, constate le parti socialiste. Pour le président du PS, Elio Di Rupo, « Charles Michel ne s’est pas trompé sur la N-VA: il a été trompé ». Selon lui, « la N-VA n’a jamais laissé tomber ses revendications communautaires » et « aujourd’hui, elle affirme encore plus ouvertement qu’elle relance le débat institutionnel ». « Il est grand temps que le Charles Michel et le MR se réveillent: ils doivent enfin, et sérieusement, rappeler à l’ordre leur partenaire de gouvernement », a jugé M. Di Rupo.

MR: « La mise au frigo du communautaire pendant 5 ans est respectée »

La N-VA ne remet pas en cause l’accord sur la mise au frigo des revendications communautaires pendant 5 ans, a-t-on fait remarquer au siège du MR. « Nous sommes dans un gouvernement qui a décidé de mettre le communautaire au frigo pendant 5 ans et cela n’est pas remis en cause. Personne n’ignore que la N-VA est un parti indépendantiste et qu’elle reviendrait en 2019 avec des revendications. Ce n’est pas étonnant qu’un parti réfléchisse à son positionnement politique », a-t-on souligné.

Le MR, partenaire de coalition de la N-VA à l’échelon fédéral, n’était pas informé de cette annonce de la N-VA. Le parti entendait mettre les libéraux au courant ce mercredi avant une sortie publique jeudi mais des fuites dans la presse ont précipité les événements. Le MR a depuis lors été informé. « Naturellement, ils tombaient des nues et ils étaient complètement surpris, ce qui est compréhensible. Mais nous respectons notre accord à la lettre: on ne mettra pas d’exigences communautaires sur la table pendant cette législature », a expliqué le porte-parole de la N-VA.

cdH: L’annonce de De Wever « sonne le glas » de ce gouvernement

« Les intentions des nationalistes sont en voie de concrétisation et le soi-disant statut quo communautaire est une grande illusion », a mis en garde la cheffe de groupe cdH à la Chambre, Catherine Fonck. Elle se demande quand le Premier ministre Charles Michel (MR) « va-t-il enfin oser s’exprimer pour défendre la Belgique. »

« La N-VA est au service de l’indépendance de la Flandre. Son comportement au niveau du fédéral va sans cesse en ce sens », a réagi Mme Fonck. L’élue cdH estime que le MR fait preuve « d’un aveuglement complice et dangereux pour l’ensemble des francophones ». Selon elle, « la démonstration est faite que le MR est tombé les deux pieds dans le piège du parti nationaliste en acceptant de s’y associer ».

Dans une communication séparée, le cdH a également fait valoir que l’annonce du président de la N-VA « sonnait le glas » de ce gouvernement, accusant Bart De Wever de « souhaiter plonger notre pays dans une nouvelle crise institutionnelle ». « Comment le MR peut-il encore rester dans un gouvernement avec un partenaire qui, un an et demi après avoir pris des engagements, rompt sa promesse de ne pas faire d’institutionnel? », ont encore renchérit les humanistes.

DéFI (ex-FDF) : « Le problème, c’est le MR »

Les DéFI (ex-FDF) ont pointé du doigt le MR. Selon eux, les libéraux francophones préparent la scission du pays en conservant leur alliance avec les nationalistes flamands.

« Le problème, ce n’est pas la N-VA, car elle confirme sa vraie nature: un parti qui n’a aucun respect des engagements. Le problème, c’est le MR qui reste acoquiné avec la N-VA., La N-VA prépare ainsi le séparatisme à l’avantage de la Flandre », a déclaré le parti d’Olivier Maingain.

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