Davantage de francophones séduits par les partis néerlandophones à Bruxelles

Les partis néerlandophones qui se présentaient dans la Région de Bruxelles-Capitale ont récolté un nombre record de voix, dimanche. Depuis 2014, ces partis glanent à nouveau davantage de votes mais l’élection de dimanche a représenté un fameux bond, de 53.379 voix à 69.996. La population bruxelloise a augmenté bien sûr mais d’autres facteurs peuvent expliquer cette évolution.

Cette augmentation du nombre de voix pour les partis néerlandophones s’explique en partie parce que « nous ne pouvons plus résumer la sociologie bruxelloise à une division entre francophones et néerlandophones », analyse lundi Dave Sinardet, politologue et professeur à la Vrije Universiteit Brussel (VUB) et à l’Université Saint-Louis. « Certaines personnes ne se reconnaissent dans aucune identité. » Elles votent dès lors pour un parti et non pour un rôle linguistique.

Toutefois, davantage de francophones ont voté pour des listes néerlandophones, estime le politologue. « Certains francophones ont certainement voulu éviter que la N-VA obtienne la majorité dans le collège néerlandophone » afin que le parti nationaliste puisse être contourné lors de la formation du gouvernement bruxellois. Ceci peut notamment expliquer la forte progression de Groen, qui pase de 9.551 voix à 14.425, alors que son pendant francophone, Ecolo, se présentait également à l’élection régionale.

« Des francophones se retrouvent peut-être aussi mieux dans l’offre politique néerlandophone, plus moderne sur certains thèmes, notamment en termes de mobilité. »

Une raison technique est également relevée pour éclairer cette évolution: cette année, l’électeur bruxellois ne devait plus choisir à l’entame de son vote entre le collège néerlandophone ou francophone. Tous les partis lui étaient présentés sur un même écran. Auparavant, devoir choisir sa langue pouvait peut-être influer sur le vote tandis que désormais, seul le parti compte.

Enfin, Dave Sinardet avance une explication toute personnelle. « J’ai personnellement appelé les francophones à voter pour des néerlandophones. Non pas pour des raisons partisanes mais parce que dans ce cas, leur voix pèse davantage », souligne-t-il. « Les électeurs davantage informés des détails du système politique bruxelloise se sont peut-être dit que leur voix allait peser presque deux fois plus en optant pour un parti néerlandophone plutôt que francophone. Ces personnes ont aussi reçu le droit de voter pour le Parlement flamand. Cela a pu jouer », conclut-il.

Contenu partenaire