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Crainte que la « Marche contre Marrakech » ne dégénère

Muriel Lefevre

La Marche contre Marrakech, organisée par des associations de droite et d’extrême droite ce dimanche, met la N-VA dans l’embarras. Et beaucoup craignent que la situation ne dégénère. Elle est désormais interdite.

« Une grande partie de la population ne veut pas du pacte de Marrakech », estime le président de l’association des étudiants catholiques flamands (KVHV) de Gand, Marnik Willems. Les organisateurs de cette marche veulent dès lors qu’un référendum soit organisé contre le Pacte onusien qui mettrait en jeu, selon eux, « l’avenir de notre peuple et de notre pays ». Pour marquer leur propos, plusieurs associations de droite et leurs sections « jeune » organiseront dimanche à Bruxelles une « Marche contre Marrakech ». L’association des étudiants catholiques flamands (KVHV) et l’association des étudiants nationalistes (NSV) se joindront pour l’occasion aux membres de Schild & Vrienden, au Voorpost et aux jeunes du Vlaams Belang. Sur Facebook, près de 28.000 personnes ont reçu une invitation à se joindre à l’événement. Près de 10.000 utilisateurs de Facebook ont indiqué qu’ils seraient présents. Bien que ce ne soit pas un indicateur totalement fiable, cela montre tout de même l’intérêt que suscite l’événement sur les réseaux sociaux.

Dries Van Langenhove, fondateur de l’organisation de jeunes nationalistes flamands d’extrême droite Schild &Vrienden, a pour sa part saisi l’occasion et exhorté ses affiliés à se mobiliser lors de la marche. La demande, introduite au nom de Dries Van Langenhove, pour la tenue de l’événement, le 16 décembre, a été déposée. Le parcours des manifestants n’a pas encore été déterminé, mais Van Langenhove aimerait que la manifestation parte de Bruxelles-Nord, un lieu symbolique selon lui.

Une N-VA dans l’embarras

Cette manifestation oblige également la N-VA à se positionner, ce qui ne l’arrange guère. Le parti a quitté le gouvernement à cause du Pacte des Nations Unies sur les migrations. « Ne pas manifester maintenant pourrait donner le signal que nous n’avons fait cela que par opportunisme politique », dit une source du parti dans De Morgen. « Mais si nous le faisons, nous serons à nouveau associés à Dries Van Langenhove et Schild &Vrienden. »

Or en septembre de cette année, ce même mouvement avait plongé la N-VA dans l’embarras après la diffusion d’un reportage de Pano. Celui-ci dévoilait les messages racistes qui circulaient dans des groupes de discussion fermés de Schild & Vrienden. Or plusieurs membres de ce mouvement de jeunesse étaient sur les listes électorales de la N-VA ou membres des jeunes N-VA.

Pour éviter tout amalgame, le parti de Bart De Wever a tout de même décidé de trancher et de ne pas se joindre à la manifestation. « Nous menons notre bataille au Parlement et nous ne sommes pas impatients d’être vus avec Schild & Vrienden », déclare Peter De Roover, chef du groupe de la chambre N-VA. Le parti indique que la Jong N-VA ne participera pas non plus. Une demande pour une contre-démonstration a aussi été introduite et aurait 1000 participants sur Facebook. Derrière cette contre-manifestation, on retrouve un certain nombre d’organisations d’extrême gauche telles que ‘Bruxelles Zone Antifa’ et ‘Jeunes anticapitalistes’. Les Jongsocialistes ont rejoint les organisateurs, tout comme Ecolo J. Jong Groen par contre ne se mobilisera pas. Ils ont choisi eux le Parc Maximilien, autre lieu symbolique. « Il y aura certainement des gens lors de cette manifestation qui voudront s’en prendre aux migrants et nous voulons les protéger de cela », dit Mathieu Ghislain, de Bruxelles Zone Antifa dans De Morgen. « Nous ne cherchons pas l’affrontement, mais s’ils attaquent, nous nous défendrons ».

Peur que ça dégénère

La police de Bruxelles ne peut cependant pas indiquer si les deux manifestations ont été approuvées puisque « ce n’est pas la police qui donne son approbation pour la tenue d’une manifestation. Cela est de la compétence du bourgmestre de Bruxelles », souligne la porte-parole de la police. Philippe Close (PS) craint la présence d’hooligans.

Une crainte confirmée par De Morgen qui annonçait mardi que les noyaux durs de diverses groupe d’hooligans, notamment ceux d’Anderlecht, d’Anvers et du Club Brugge allaient momentanément enterrer la hache de guerre pour venir donner un signal ce week-end au monde politique. Dans des groupes de conversation privés sur Facebook on peut ainsi voir que des accords sont conclus entre supporters de différents clubs pour rejoindre la Marche, peut-on lire dans le quotidien. « Nous voulons manifester de façon pacifique contre la politique d’immigration, tout comme nous sommes allés à la Bourse de Bruxelles pour une commémoration après les attentats du 22 mars. Nous partageons le point de vue de la droite, mais nous prendrons aussi nos distances par rapport à tout ce qui est d’extrême droite, car nous ne sommes pas racistes. « , stipule un membre d’un de ces clubs au De Morgen.

Van Langenhove, lui, se veut malgré tout rassurant : « Les forces de l’ordre bruxelloises sont professionnelles et nous nous occuperons nous-mêmes d’une bonne force de l’ordre. Nous fournissons toujours des intendants pour nous assurer que tout se passe bien.

La manifestation est interdite

« La manifestation d’extrême droite prévue à Bruxelles ce dimanche est interdite sur tout le territoire de la Région », annoncent mercredi le ministre-président bruxellois Rudi Vervoort et le bourgmestre de la Ville de Bruxelles Philippe Close dans un communiqué commun.

« Suite au Conseil Régional de Sécurité au cours duquel le Bourgmestre de la Ville de Bruxelles a fait part de son intention d’interdire la manifestation prévue ce dimanche sur son territoire et sur la base des informations opérationnelles délivrées par la Zone de Police Bruxelles-Capitale Ixelles indiquant que la manifestation pourrait se propager à d’autres zones, le ministre-président de la Région de Bruxelles-Capitale prendra un arrêté d’interdiction de toute manifestation sur l’ensemble du territoire régional bruxellois », peut-on lire dans le communiqué. Cette interdiction aura des conséquences sur d’autres manifestations programmées dimanche, vu l’impossibilité de contrôler la sincérité de chacun. « Le bourgmestre de la Ville de Bruxelles et le ministre-président appellent les manifestants à se mettre en contact avec les autorités policières pour reprogrammer leur action en toute sérénité », ajoute le communiqué.

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