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Covid: « Plus aucune patience avec ceux qui font n’importe quoi… »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le député fédéral Patrick Prévot (PS) explique son ras-le-bol de ceux qui ne respectent pas les règles et qui, par leur comportement irresponsable, prolongent le calvaire de l’épidémie. « Certains devraient malheureusement être touchés au portefeuille », dit-il.

Patrick Prévot est député fédéral socialiste. Irrité par un « estompement de la norme » qui a tendance à se généraliser, par un relâchement du respect des mesures de restriction pour lutter contre la Covid, il a posté en début de semaine un cri du coeur sur Twitter: « Je n’ai plus aucune patience avec les personnes qui font n’importe quoi et qui se plaignent qu’on les prive de leurs droits. C’est à cause de leurs comportements que les restrictions sont aussi fortes et qu’elles seront prolongées tant que tout le monde ne sera pas solidaire. » Il nous explique longuement son sentiment.

https://twitter.com/PPrevot/status/1336274287431462913Patrick Prévothttps://twitter.com/PPrevot

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Pourquoi ce cri du coeur?

Il était consécutif à l’interview d’une infectiologue évoquant le fait qu’une troisième vague, si elle survenait, serait plus encore que les autres dues à nos comportements.

Que ce soit clair, je suis personnellement très respectueux des libertés individuelles de chacun et les périodes de restriction sont très difficiles à vivre pour moi. Mais j’ai d’autant plus de mal à voir certains ne rien respecter que je suis pour ma part très respectueux.

Mes parent sont autoconfinés depuis le 7 mars dernier: mon frère et moi faisions les courses que l’on déposait devant chez eux un point c’est tout, nous avons un peu profité quand la bulle a été élargie cet été, mais c’est fini désormais et je ne leur fais plus la bise depuis le 7 mars. Quand De Croo a annoncé qu’il n’y aurait pas d’assouplissement pour Noël après le Comité de concertation, ma mère m’a envoyé un message résilient en me disant que l’on poursuivrai les efforts. J’ai 37 ans, c’est la première fois que je fêterai Noël sans mes parents…

Alors quand je vois dans le même temps que certains annoncent déjà qu’ils feront Noël en famille sans se soucier des règles, quand je lis les fédérations de bouchers annoncer qu’ils reçoivent des commandes pour plus de vingt personnes, cela m’irrite, en effet. Je ne suis pas ‘père-la-morale’, je ne suis pas juge, mais je regrette que ces gens se plaignant des restrictions adoptent un comportement qui va précisément les prolonger. C’est ce contraste qui m’embête.

Ce sont des gens qui critiquent, mais qui continuent à vivre plus ou moins normalement ou qui vont manger les uns chez les autres le week-end. Le problème, c’est que c’est un cercle vicieux: plus ils continuent comme ça, plus on maintiendra les règles. Et le risque, c’est que les gens effectuant les efforts finissent par se lasser, eux aussi.

Ce sujet n’est-il pas assez pris en compte, politiquement?

Quand j’ai publié ce message de ras-le-bol, des gens m’ont répondu: nous ferons des efforts quand le gouvernement sera irréprochable.

J’ai été le premier à dénoncer les manquements dans la communication du gouvernement précédent. Quand Vanndenbroucke a commis une maladresse en évoquant le choc que devait provoquer la fermeture des commerces non-essentiels, je n’ai pas hésité à le regretter en commission du parlement, même si je fais partie de la majorité. Je peux donc partager leur sentiment sur le fait que les politiques doivent être irréprochables, qu’ils ne le sont pas toujours, mais en quoi cela doit-il influencer sur la nécessité de respecter les règles ou les gestes barrières?

Nous allons maintenant avoir un espoir avec la campagne de vaccination, mais j’entends déjà ceux qui annoncent qu’ils ne se feront pas vacciner. Nous avons eu les anti-masques, nous avons désormais les anti-vacc’. Nous devrons répondre à leurs arguments sereinement, en respectant les craintes. Mais j’ai vraiment envie de dire à tous ceux qui veulent reprendre une vie normale sans respecter les règles ou qui rejettent le vaccin par principe: c’est le meilleur moyen de prolonger cette période de restrictions. On a vu les effets désastreux qu’ont eu les fêtes de Thanksgiving aux Etats-Unis ou au Canada: vous profiteriez de vos parents ou de vos gands-parents à Noël, mais peut-être pour ne plus les voir à Pâques. Non, nous devons continuer les efforts.

Faut-il davantage de contrôles et de sanctions à l’égard de ceux qui ne le font pas?

Dès le moment où certains se moquent des efforts drastiques effectués par une majorité, je pense malheureusement qu’ils devraient être touchés au portefeuille. C’est contraire à ma philosophie, je vous l’ai dit, mais il faut peut-être en arriver à toucher où cela fait mal. A la première infraction, chez nous, c’est 250 euros et cela peu aller plus loin en cas de récidive, mais il y a des pays qui sont bien plus sévères encore. Si tout le monde joue le jeu, alors on pourra peut-être éviter une troisième vague.

Les gens doivent comprendre que tant que les chiffres ne seront pas bons, les mesures ne changeront pas. Cette équation-là, on ne la changera pas. Si l’on veut que les métiers de contact, l’horeca ou d’autres puissent rouvrir, il faut respecter les règles et empêcher les gens de faire n’importe quoi. Or, quand j’entends ce que certains disent vouloir faire à Noël, cela n’annonce rien de bon.

Ce sujet sera au menu du Comité de concertation du 18 décembre, qui doit évaluer les mesures?

J’ai discuté avec les experts en commission spéciale du parlement sur le Covid, ils me confirment que nous ne sommes pas en situation, pour l’instant, d’atteindre les objectifs que nous nous étions fixés. Cela laisse augurer d’un prolongement d’une ou deux semaines des mesures de restriction et la perspective d’un début de déconfinement qui s’éloigne. Si je peux envoyer un message aux gens, c’est de limiter leurs contacts, de respecter les gestes barrières et de limiter leurs déplacements.

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