Claude Demelenne

Covid: il est temps que le MR envoie un message plus responsable aux citoyens déboussolés (carte blanche)

Claude Demelenne essayiste, auteur de plusieurs ouvrages sur la gauche

Lettre à mon ami libéral. Cher ami, tu m’as fait part de ton malaise. Depuis plusieurs jours, ton parti fait un forcing d’enfer pour assouplir les mesures sanitaires. Tu n’es pas convaincu. Il est temps que tu fasses entendre un autre discours libéral.

Bien sûr, les mesures gouvernementales sont dures. Elles sont pourtant vitales, nous disent la quasi totalité des scientifiques. Tu fais partie de ces libéraux qui doutent. Elargir la bulle de Noël ? Réouvrir certains commerces de contact ? Tu n’es pas convaincu. Mais tu te tais. Pas envie de diviser les troupes. Pas envie d’être cloué au pilori par les boss du MR. Je pense que tu te trompes. Il est urgent que le MR envoie un autre signal, plus responsable, aux citoyens déboussolés.

Peaux de bananes

Le paradoxe est entier : c’est au moment où la Belgique a enfin un gouvernement qui ose prendre des décisions fortes et courageuses pour maîtriser le coronavirus, que des libéraux glissent des peaux de bananes sous ses pieds. Cette attitude est d’autant plus incompréhensible que la fermeté du gouvernement apparaît toujours plus nécessaire. Longtemps encourageants, les chiffres de l’épidémie sont en effet, à nouveau, inquiétants.

C’est au moment où il est plus que jamais indispensable de serrer les rangs que des libéraux défendent une drôle de cause : celle d’un laisser faire, laisser aller, certes relatif, mais qui sera perçu comme tel par la population.Par son attitude, le MR envoie un mauvais signal aux citoyens. Il portera une part de responsabilité si ceux-ci contournent en masse les règles sanitaires. Dans le contexte actuel, nous avons besoin de femmes et d’hommes d’Etat, qui osent prendre leurs responsabilités. N’y en aurait-il plus au MR ? Bien sûr que si. Mais leur silence est assourdissant.

Ne pas mettre tous les libéraux dans le même sac

Pas question de mettre tous les libéraux francophones dans le même sac. Nul n’ignore que certains d’entre eux n’approuvent pas la croisade menée contre la ligne Vandenbroucke-De Croo. Non seulement ils n’approuvent pas, mais ils sont gênés par ce qui apparaît comme un manque de correction par rapport aux partenaires du gouvernement. Ces libéraux n’approuvent pas, ils sont gênés, mais pour l’heure, comme toi, ils ne s’expriment pas publiquement.

C’est à ces libéraux-là que je m’adresse : chers amis, sortez du bois! Ne laissez pas la parole du MR monopolisée par ceux qui veulent alléger les mesures anti-Covid, surtout la bulle de Noël, alors que toutes les études montrent que « le virus aime les fêtes », qu’il s’y propage en priorité. Ne commettez pas la même erreur qu’en septembre, lors de la première vague, quand le précédent gouvernement avait déconfiné trop vite, facilitant le déclenchement d’une funeste seconde vague.

Une situation à hauts risques

Sortez du bois, portez une parole raisonnable, ne laissez pas se répandre dans une partie de l’opinion l’accusation fausse selon laquelle Alexander De Croo, Frank Vandenbroucke, Pierre-Yves Dermagne and Co, seraient de sinistres pères la rigueur, insensibles à la peine des familles voulant fêter Noël et sous-estimant les drames vécus par les petits indépendants. Soyez lucides, ouvrez les yeux, ne niez pas le réel : la situation sanitaire est à hauts risques, il faut garder le cap. Si les chiffres le permettent, réouvrez les coiffeurs, mais avec une prudence infinie.

Cher ami, c’est le moment de montrer que le MR reste un grand parti de gouvernement. Pas un parti qui déclenche des polémiques stériles. Pas un parti qui pratique l’agitation permanente. Pas un parti qui divise plutôt que de rassembler.

Femmes et hommes d’Etat

Pour espérer un avenir meilleur, il faut fuir tout ce qui alimente le chaos, à commencer par les coups médiatiques et les postures maximalistes. Cet avenir se dessinera avec tous les libéraux responsables, ces femmes et ces hommes d’Etat qui n’ont pas envie d’alimenter les polémiques affligeantes. Pire qu’affligeantes : face à la pandémie, suicidaires.

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