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Covid: « Fermez les écoles jusqu’au 31 janvier »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Aux Pays-Bas, et en Allemagne, les écoles sont fermées pour tenter d’endiguer la deuxième vague de covid. Mais en Belgique, elles restent ouvertes. Plusieurs experts appellent à ne pas rouvrir les écoles après les vacances de Noël, car le Centre de crise observe une hausse du taux de contaminations parmi les enfants de moins de dix ans. Pour la Flandre, et la FWB, il est toutefois hors de question de prolonger les vacances de Noël.

Pour l’immunologiste Hans-Willem Snoeck (Université de Columbia), les enfants jouent un rôle important dans la propagation du coronavirus. « Je pense que les écoles sont un facteur sous-estimé. Les enfants de moins de dix ans ne sont pas un grand problème, avons-nous toujours pensé. Aujourd’hui, c’est parmi eux que nous voyons la hausse la plus forte, ce qui m’étonne énormément. »

« Nous ne savons pas bien quoi, mais il se passe quelque chose de singulier avec les enfants. En mars et avril, il n’y a eu pratiquement aucune infection chez les enfants. Le 17 mars, toutes les écoles ont été fermées et presque aucune n’a ouvert en mai. Puis il y a eu les vacances d’été. À la fin des vacances d’été, le nombre d’infections a commencé à augmenter chez les enfants. Le deuxième pic n’est survenu que pendant les vacances d’automne, un pic entraîné par les enfants. Après les vacances d’automne, le taux de contaminations a augmenté parmi les enfants et le reste de la population a suivi », a déclaré Snoeck dans l’émission Terzake.

Marc Van Ranst: « Respectez les mesures pour ne pas avoir à fermer les écoles »

Les écoles vont-elles rouvrir après les vacances de Noël ou resteront-elles fermées jusqu’en janvier? « Cette question s’est polarisée », observe Marc Van Ranst. « Les enfants participent-ils à l’effet de pandémie ? Oui. Le font-ils plus que d’autres ? Non. Il y a aussi des contaminations au sein des familles, dans les entreprises… Nous pensons qu’il est socialement important que les écoles restent ouvertes ».

Marc Van Ranst
Marc Van Ranst© Belga

Les vacances de Noël devraient offrir une accalmie, « un reset », selon le virologue. « Nous l’avons déjà constaté précédemment avec les rhumes qui circulent dans les écoles. Une semaine de coupure permet déjà de freiner la propagation, alors deux semaines de vacances ont un effet encore plus marqué ».

« Mais tout dépend de ce que nous allons faire pendant ces vacances. Si nous participons à des fêtes clandestines ou si nous nous rassemblons nombreux autour de la dinde, nous ne tarderons pas à en subir les conséquences. Et certains plaideront alors pour une prolongation des vacances », ponctue Marc Van Ranst.

Un moteur auxiliaire

Pour Hans-Willem Snoeck, les enfants ne sont pas le moteur, mais un moteur auxiliaire de la pandémie. « Si nous arrêtons les grands moteurs, on commence à voir l’effet des moteurs auxiliaires. Je pense que si on n’arrête pas tous les moteurs, y compris les moteurs auxiliaires, on aura à un nouveau pic exponentiel », met-il en garde. Il ajoute qu’il ne s’agit pas seulement de contaminations dans les écoles. « Tous les jours, les écoles entraînent le déplacement de 1,4 million de personnes, c’est une grande mobilité. »

Aussi appelle-t-il, dans une carte blanche parue dans le quotidien De Morgen, à fermer les écoles jusqu’à fin janvier. « Fermez les écoles jusqu’à la fin janvier, mais assurez la prise en charge des enfants de personnes exerçant une profession essentielle et des enfants ayant des besoins particuliers. Comblez le déficit d’apprentissage en grignotant une semaine des vacances de Pâques et un mois des vacances d’été. Si nécessaire, donnez également des cours le mercredi après-midi », recommande-t-il.

Par ailleurs, il appelle aussi à rendre le télétravail vraiment obligatoire, et à sanctionner les entreprises qui ne le mettent pas. « Si les écoles sont fermées, ce sera plus faisable. Et limitez les contacts sociaux », ajoute-t-il.

Troisième vague

« Si l’on ne ferme pas les écoles, nous nous retrouverons dans la troisième vague avant même la fin de la deuxième », a renchéri via Twitter Dirk Van Damme, directeur du Centre de recherche en éducation de l’OCDE.

https://twitter.com/VanDammeEDU/status/1339322085642997763Dirk Van Dammehttps://twitter.com/VanDammeEDU

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Le ministre flamand de l’Enseignement Ben Weyts ne veut pas entendre parler d’une fermeture des écoles. « Oui, les enfants peuvent être contaminés, nous communiquons d’ailleurs sur le sujet toutes les deux semaines », a réagi Weyts. « Les chiffres montrent cependant que les règles sont bien suivies, et le nombre de contaminations est relativement inférieur à celui relevé dans le reste de la société. »

« Nous restons attentifs et nous accentuons nos efforts, notamment avec les tests rapides que nous avons nous-mêmes déployés », a encore souligné le ministre.

La FWB écarte aussi toute fermeture prolongée des écoles jusque fin janvier

Le ministre francophone de l’Education, Caroline Désir (PS), n’entend nullement prolonger la fermeture des écoles jusque fin janvier, comme le suggère l’immunologue Hans-Willem Snoeck.

« Nous sommes très surpris de cette analyse », a réagi jeudi la ministre socialiste. « Nous sommes en contact permanent avec les experts mandatés par le gouvernement fédéral et leur propos n’a jamais été celui-là. En octobre, la courbe a commencé à se casser avant les vacances d’automne. Cinq semaines après la reprise des cours, on voit que l’école ne provoque pas de flambée de l’épidémie, bien au contraire. Cela montre que l’école peut être victime de l’épidémie quand elle s’accélère mais qu’elle n’en est pas le moteur », ajoute Mme Désir.

Caroline Désir
Caroline Désir© Belga

Pour elle, il faut mettre dans la balance ce qu’une telle fermeture aurait comme impact en termes de bien-être des enfants, mais aussi sur le reste de leur année scolaire. « L’école ne peut pas être une variable d’ajustement ! », insiste la ministre pour qui aucun changement n’est à l’ordre du jour. Il a déjà été décidé et communiqué aux écoles que la rentrée du 4 janvier se ferait en code rouge, comme appliqué depuis fin octobre Une nouvelle évaluation de la situation sera toutefois faite avant le 15 janvier prochain.

Belga

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