Carte blanche

COVID-19: On parle de nous les jeunes sans jamais nous inviter. Sympa… (carte blanche)

Ces derniers jours, les enfants et les jeunes retiennent l’attention. De nouvelles mesures sont discutées les concernant, on parle du malaise grandissant de la jeunesse, de sa difficulté à faire face aux règles imposées par les autorités politiques pour gérer la crise de la COVID-19, on évoque à nouveau la fermeture des écoles, les restrictions ou assouplissements des loisirs, les maltraitances dont ils font l’objet, …

Un comité de concertation qui vise à réunir le Premier ministre et les ministres communautaires en charge de l’Enseignement et de la Jeunesse est d’abord planifié ce jeudi, en vue de prendre d’éventuelles nouvelles décisions concernant les jeunes du pays et évoquer leur détresse, et puis est finalement annulé.

Et, au milieu de tout ça, les enfants et les jeunes, de même que les organisations de défense de leurs droits, peinent à faire entendre leur voix.

Les enfants et les jeunes sont les victimes collatérales les plus graves de la crise

La crise de la COVID-19 et les mesures adoptées en vue de lutter contre la propagation du virus ont un impact considérable sur les enfants et les jeunes : décrochages scolaires, accroissement des faits de violences intrafamiliales, creusement des inégalités, délaissement des enfants les plus vulnérables (en situation de pauvreté, de handicap, en conflit avec la loi, etc.), malaises psychologiques aux répercussions dramatiques, isolement, suspension des loisirs culturels et sportifs, absence d’interactions, … Beaucoup de parents et intervenants de première ligne sont aussi à bout et on ne peut oublier que les enfants qui s’en sortent sont ceux dont les parents tiennent le coup.

L’impact à long terme sur les enfants et les jeunes, sur leur construction identitaire, psychologique et sociale, sur leur capacité à prendre leur place d’adulte dans la société sera critique. Les enfants et les jeunes sont les victimes collatérales les plus graves de la crise mais on ne les entend pas.

On parle d’eux, parfois pour eux, mais c’est leur expertise qui est incontournable

A ces effets délétères de la crise s’est superposée l’incapacité des autorités à les écouter et à placer l’intérêt supérieur des enfants au centre des décisions prises les concernant : « La voix des enfants est encore trop souvent inaudible dans l’ensemble des décisions qui les concernent. Démunis du droit de vote, les enfants se retrouvent dès lors objets de décisions sur lesquelles ils n’ont aucune prise. La crise de la COVID-19 en a été un exemple frappant »[1].

Pourtant, des choses à dire, ils en ont comme en témoignent les enquêtes réalisées auprès d’eux [2].

L’article 12, tu connais ?

L’article 12 de la Convention relative des droits de l’enfant (adoptée le 20 novembre 1989 et obligatoire en Belgique depuis 1992) proclame le droit à la participation des enfants et des jeunes, c’est-à-dire qu’il faut les écouter et prendre leurs opinions au sérieux [3].

A travers la signature de cette convention, les autorités belges s’y sont engagées, tout comme à respecter l’intérêt supérieur de l’enfant. Elles persistent cependant à mettre les enfants et les jeunes de côté quand il s’agit de prendre des décisions qui les concernent. Même les organisations de défense de leurs droits ne sont pas réellement consultées ou invitées. C’est incompréhensible.

La participation est aussi un levier pour le respect de tous les autres droits de l’enfant, raison de plus pour ne pas s’en priver.

Il faut entendre les enfants et les jeunes ou, a minima, leurs défenseurs en urgence

Si le droit à la participation peut être complexeà mettre en oeuvre et ne se concrétise pas facilement dans l’urgence, il est a minima essentiel que des experts du secteur des droits de l’enfant soient associés aux processus de prises de décisions afin que celles-ci tiennent compte de l’intérêt supérieur des jeunes.

Il est aussi urgent que les autorités mobilisent et développent les ressources, outils et structures utiles à une participation éthique, efficace et durable des enfants et des jeunes aux décisions qui les concernent.

C’est leur présent et leur avenir qui sont au coeur des débats actuels : alors n’hésitez plus, invitez-les ! Associez-les ! Ecoutez-les ! Ils ont des choses à vous dire.

Vous verrez, ce sera sympa.

Ils ont plein d’idées créatives et de recommandations pertinentes pour affronter ce présent si difficile, mais aussi le futur, dans le respect de leurs droits, mais aussi des droits de ceux qui les entourent de près ou de loin : leurs parents, leurs enseignants, leurs grands-parents, leurs coachs, les personnes seules, les soignants, les travailleurs à l’arrêt, les personnes âgées, les adultes abîmés, brisés et perdus dans cette crise sanitaire dont on ne voit pas la fin et dont on appréhende déjà la suite

Parole de jeune à méditer : cela fait un an qu’on traite les jeunes au même titre que les personnes âgées, comme si leur besoin étaient semblables. Les copains, la fête, les rassemblements, le sport, les activités, l’école … toutes ces choses qui peuvent paraître si futiles et qu’il semble si évident d’interdire mais dont nous avons absolument besoin. Nous sommes la génération qui devra se battre face aux crises futures mais comment voulez-vous qu’on en soit capable si nos santés mentales ont été autant fragilisées ? Nous n’avons plus aucun moyen de nous forger car tout être humain se construit par le contact social, le rapport aux autres.

Le Centre interdisciplinaire des droits de l’enfant, en abrégé le CIDE (www.lecide.be), est le fruit d’un partenariat entre l’Université Catholique de Louvain (UCL) et la section belge de l’O.N.G. Défense des enfants international (DEI-Belgique), qui a débuté en 2007. L’Université Libre de Bruxelles (ULB), l’Université de Namur (UNamur), l’Université de Liège (ULiège), l’Université Saint-Louis ainsi que la Coordination des ONG pour les droits de l’enfant (CODE) se sont associées au projet.

A partir de la thématique des droits de l’enfant, le CIDE a pour objet de contribuer au débat et à la réflexion sur la place de l’enfant et de la jeunesse au sein du monde actuel, notamment en suscitant et en soutenant un dialogue entre les acteurs préoccupés par ces questions, quel que soit leur ancrage disciplinaire. Nous sommes ainsi ouverts à toutes les disciplines, du droit à la psychologie en passant par l’histoire, la criminologie, la sociologie, l’anthropologie, la philosophie, etc.

Le CIDE s’organise autour de trois pôles d’activités complémentaires qui se soutiennent mutuellement : la recherche, la formation et l’action.

Le Centre interdisciplinaire des droits de l’enfant

[1]A.-M. Dieu in Délégué général aux droits de l’enfant, Rapports Covid-19 et activités 2019-2020, p. 181.

[2] Voy. par exemple :

[3] Voy. Coordination des ONG pour les droits de l’enfant (2020), « La participation des enfants, parlons-en ! Contours et balises d’un droit de l’enfant », www.lacode.be.

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