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Coronavirus : les francophones nettement plus convaincus par le port du masque que les Flamands

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

À en croire une enquête de Test-Achats, relayée par les quotidiens De Morgen et Het Laatste Nieuws, les francophones sont nettement plus convaincus de l’utilité du port du masque que les Flamands alors que les directives destinées à enrayer la pandémie sont les mêmes pour toute la Belgique.

Fin mai, l’association de consommateurs Test-Achats a interrogé mille Belges sur le port du masque. 81% des francophones interrogés indiquent qu’ils portent un masque pour se rendre au supermarché alors que seulement 38% des Flamands se couvrent la bouche et le nez pour faire leurs courses. De plus, 53% des francophones disent porter le masque quand ils se rendent dans un autre lieu public alors que pour les Flamands, ce chiffre s’élève à seulement 14%.

Interrogé par le quotidien De Morgen, le virologue Emmanuel André (KU Leuven) ne comprend pas très bien pourquoi il y a une telle différence entre les communautés. « Peut-être que le débat sur les masques était-il moins confus en Wallonie? En Wallonie, j’ai toujours été très clair : ‘Les masques sont importants, mais seulement à un stade ultérieur, car pour l’instant il y a une pénurie’. »

Il estime aussi qu’en Wallonie les experts sont moins médiatisés qu’en Flandre. Dans le nord du pays, les experts apparaissent dans une multitude d’émissions télévisées et d’articles de journaux.  » Ils ont tous mis leur propre accent sur l’utilité des masques. Cela a pu créer une certaine confusion. Mais c’est mon évaluation personnelle, ce n’est pas une déclaration scientifique ».

Plus de peur en Wallonie et à Bruxelles

Christophe Deborsu avance une autre explication : pour lui, les francophones craignent plus le virus que les Flamands, car Bruxelles et la Wallonie sont plus touchés par le coronavirus que la Flandre. Il rappelle aussi que 90% des parents flamands ont envoyé leurs enfants à l’école une fois que celles-ci ont rouvert leurs portes alors qu’en Wallonie, seule la moitié des parents ont pris cette décision.

Il évoque également une différence de mentalité entre les communautés. Non seulement, selon une étude européenne de 2014, les francophones seraient plus méfiants envers leurs concitoyens et donc plus enclins à porter un masque, mais ils seraient également plus dociles, selon Deborsu. « Depuis les années 80, le fossé entre la Flandre et la Wallonie en matière d’enseignement s’est creusé. En moyenne, les Flamands sont plus instruits et plus prospères. C’est un fait que ces personnes sont plus émancipées, plus critiques dans leur réflexion et donc moins enclines à suivre les conseils du gouvernement. Je pense que cela fait également partie de l’explication », déclare-t-il encore au journal Het Laatste Nieuws.

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