Coronavirus : gare à la corruption, surtout en situation d’urgence!

Thierry Denoël
Thierry Denoël Journaliste au Vif

Le contexte de l’urgence sanitaire du au Covid-19 accroît les risques de corruption publique et privée, en particulier dans le domaine de la santé et des fournitures médicales. Le Groupe d’Etat contre la corruption (GRECO) tire la sonnette d’alarme. Egalement pour protéger les lanceurs d’alerte.

Commandes massives de masques et de gants de protection, de tests de dépistage, de médicaments, de réactifs… Le secteur de la santé est particulièrement exposé, actuellement, aux risques de corruption, du fait de l’urgence des besoins immédiats dus à la pandémie de coronavirus. Le GRECO, l’organe du Conseil de l’Europe qui lutte contre la corruption, vient de lancer un avertissement solennel à ses 50 Etats membres.

« Les pays sont confrontés à des situations d’urgence indéniables, à une concentration du pouvoir, à des dérogations en matière de droits et de libertés, et étant donné que des sommes considérables sont injectées dans l’économie pour atténuer la crise, les risques de corruption ne doivent pas être sous-estimés », a déclaré le président du GRECO, Marin Mr?ela. « Les décisions concernant les mesures prises par les autorités centrales, régionales et locales pour faire face à la pandémie doivent être transparentes et faire l’objet d’une surveillance et d’une responsabilité accrues. Les lanceurs d’alerte dans le secteur de la santé doivent être protégés. »

Marin Mr?ela a également rappelé que la transparence dans le secteur public est l’un des moyens les plus importants pour prévenir la corruption, quelle qu’en soit la forme, soulignant que les pratiques de corruption peuvent concerner le système de passation de marchés publics, les pots-de-vin dans les marchés liés au secteur médical, mais aussi le lobbying et les conflits d’intérêts, notamment dans la recherche et le développement de nouveaux produits.

La Belgique est certainement concernéepar ce type d’avertissement, si l’on se souvient du dernier rapport publié le 23 janvier dernier qui mettait en lumière la fragilité permanente de notre pays face à la corruption et aux conflits d’intérêts, malgré quelques améliorations depuis le précédent rapport. Les experts du Greco, qui avaient interrogé nombre d’acteurs du monde politique, judiciaire, policier, journalistique, avaient rédigé des conclusions plutôt cinglantes, mentionnant le manque de règles pour fixer l’emploi de membres des cabinets ministériels et leur rémunération, ainsi que l’absence d’un code de déontologie sur la prévention des conflits d’intérêts ou encore de la relation avec des lobbyistes.

Dans ce cadre, le Greco recommandait, entre autres 21 points que « les cabinets et organes stratégiques soient clairement soumis au champ d’application de la loi relative à la publicité de l’administration » et que « les dossiers du gouvernement, des ministres et de leurs cabinets soient conservés de manière appropriée. Voilà autant de constats et de recommandations qui résonnent avec acuité en ces temps d’urgence sanitaire et de pouvoirs spéciaux accordés au gouvernement Wilmès.

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