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Convoi de la Liberté: il faut se méfier « des complotistes fascisants qui vomissent des théories bancales », selon Emmanuel André

Le Vif

L’arrivée du Convoi de la liberté en Belgique – et les quelques remous signalés depuis – n’ont pas tardé à faire réagir certaines personnalités. Notamment le virologue Emmanuel André, qui tire la sonnette d’alarme: « Rester alertes et manifester son désaccord, ça n’est pas se jetter dans les rangs de ces opportunistes qui prétendent avoir raison. Ils sont en réalité ceux qui cherchent à prolonger et amplifier le chaos. Un chaos qui les nourrit. »

Les autorités se tenaient prêtes ce lundi matin, après l’annonce du mouvement « Convoi de la liberté » de faire étape à Bruxelles pour protester contre les mesures sanitaires, et plus particulièrement le pass vaccinal. Les forces de police surveillent les entrées de Bruxelles : plusieurs barrages filtrants y sont installés, les véhicules sont scrutés par les agents…

« Un petit millier de policiers est mobilisé. Nous avons interdit le fait de manifester en voiture. Nous sommes en contact avec la police française, la police fédérale et locale. Au-delà du slogan, on va devoir gérer ce qui est là. Le principe est de ne pas bloquer Bruxelles. On ne peut prendre en otage une capitale« , a déclaré Philippe Close, le bourgmestre de la ville de Bruxelle, invité sur LN24.

Une déception pour les manifestants, qui devront continuer leur protestation à pied. Ils sont nombreux à avoir débarqué en voitures, camions ou camping-car, avant d’être « cueillis » par les forces de police et redirigés vers le parking C, sur le plateau du Heysel, seul endroit où une action statique est tolérée.

« Ce qui est compliqué ici c’est qu’on n’a pas de demande d’organisateur. En Belgique vous devez introduire une demande pour manifester. On est vigilant c’est pour ça qu’on mobilise largement« , a précisé M. Close.

Convoi de la Liberté: il faut se méfier
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Quelques premiers remous signalés

Début d’après-midi, des premiers remous ont été signalés rue de la Loi ainsi que dans le centre de Bruxelles, à hauteur de la place de la Monnaie. Quelques personnes en groupe ont été arrêtées préventivement en possession d’armes prohibées. Les nationalités des individus arrêtés n’ont pas été précisées. Un lien direct avec le convoi de la Liberté n’a pas encore été établi mais leur intention de rejoindre les éventuels événements en centre-ville n’a pas été exclue. Le contrôle de ces individus a été motivé par l’observation d’un comportement suspect par des agents en patrouille.

Un petit groupe de manifestants a par ailleurs été signalé rue de la Loi vers 11h30. L’action statique a duré moins d’une heure et n’a pas engendré de perturbations notables. La police organise déjà à cet endroit des barrages filtrants pour contrôler les entrées dans la capitale.

Une soixantaine de véhicules liés au convoi de la Liberté sont stationnés sur le parking C du Heysel, selon la police de Bruxelles-Ixelles, qui avait indiqué plus tôt la présence de quelques autres véhicules dans plusieurs parkings autour de Bruxelles.

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Entre 100 et 200 manifestants aux abords de la place Sainte-Catherine

Entre 100 et 200 personnes étaient rassemblées vers 14h30 à hauteur du quai au Bois à brûler et du quai aux Briques, à proximité de la place Sainte-Catherine. Sur place, plusieurs manifestants scandent « liberté, liberté » et certains font flotter des drapeaux français, de la région Occitanie et de la ville de Berlin. La manifestation semble se dérouler dans le calme, ce que confirment les forces de l’ordre.

Répondant à un appel lancé sur les réseaux sociaux, les manifestants ont commencé à se rassembler près de la place Sainte-Catherine vers 14h00. Ils ont ensuite été séparés en deux groupes par les unités anti-émeute de la police. « Nous voulons nous assurer qu’ils ne puissent pas progresser plus loin dans le centre-ville« , a confirmé la porte-parole de la zone de police Bruxelles-Ixelles.

La police locale a également confirmé que d’autres petits groupes issus du « convoi de la liberté » se « promenaient en ville ». Le parc du Cinquantenaire semble être un autre point de ralliement et une centaine de manifestants se trouveraient dans la zone entre le parc et le quartier Schuman, selon les observations de Belga. Un petit groupe est aussi présent aux abords du site de la RTBF, boulevard Reyers.

« Des complotistes fascisants »

Ces actions de masse n’ont pas tardé à faire réagir certaines personnalités. Notamment Emmanuel André, virologue à la KULeuven, qui y voit là une volonté des manifestants de « prolonger et amplifier le chaos« .

Car si la situation sanitaire s’améliore et permet donc une « désescalade des mesures » – et potentiellement la suppression du Covid Safe Ticket en Belgique -, cela ne justifie pas de tels actes.

« Il existe une profonde malhonnêteté intellectuelle dans le chef de ceux qui prétendent défendre nos libertés, mais qui en même temps refusent les vaccins et banalisent l’infection« , regrette-t-il, avant d’ajouter: « Ne vous trompez pas: chaque mesure qui pourra être levée sans mettre irresponsablement en danger la santé des plus fragiles, ce sera la victoire des millions qui agissent en faisant société plutôt que des centaines qui fanfaronnent.« 

Et de tirer la sonnette d’alarme: « Il ne faut pas se méprendre: si nous avions dû compter sur ces complotistes fascisants qui vomissent leurs certitudes et leurs théories bancales pour traverser cette crise, nous serions dans une situation bien plus compliquée aujourd’hui. »

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De nombreux contrôles de police

La police filtrait l’accès à Bruxelles dès lundi matin et plusieurs embarras de circulation ont été constatés. L’E40 venant de Louvain et en direction de Reyers était notamment complètement fermée. Touring Mobilis signalait notamment des barrages de police à divers endroits :

  • sur le ring extérieur de Bruxelles au carrefour Léonard ainsi qu’en venant de Namur vers Bruxelles
  • sur la N3, de Louvain vers Bruxelles, à hauteur de l’Avenue de Tervuren,
  • sur la N5, de Waterloo vers Bruxelles, à Drève Saint Hubert ainsi qu’à De Frélaan,
  • sur la chaussée d’Alsemberg, à Drogenbos,
  • sur la N261, rue de Stalle, à hauteur du rond-point,
  • sur la N266, sur le Boulevard de l’Industrie, en direction du ring de Bruxelles,
  • sur le Boulevard de l’Humanité, en direction d’Anderlecht,
  • sur le Boulevard Josse Leemans,
  • sur la N6, de Halle vers Bruxelles, à Ceria,
  • sur l’Avenue Marius Renard,
  • sur l’Avenue Albert, Longchamp vers Place de Rochefort, à Paepsem,
  • sur le Boulevard Dupuis, vers la R0, à Westland Shopping,
  • sur la N226, de Wezembeek-Oppem vers Montgomery,
  • sur la E40, de Liège vers Bruxelles, à Woluwé-Saint-Etienne,
  • sur la E40, à Zaventem,
  • sur l’A12, de Boom vers Bruxelles, à Strombeek Bever,
  • sur la Chaussée Romaine, à Wemmel,
Convoi de la Liberté: il faut se méfier
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Qui sont-ils, que veulent-ils?

À l’origine, ce mouvement créé au Canada rassemblait plusieurs milliers de camionneurs qui protestaient contre une récente obligation de détenir un certificat de vaccination pour le transport transfrontalier. Le mouvement s’est ensuite étendu pour prendre la forme d’une petite « révolution » générale.

Il s’agit aujourd’hui d’une sorte de croisade organisée dans le but de protester contre les mesures sanitaires – en particulier le pass vaccinal -, mais également l’inflation et la hausse de prix. On retrouve dans ce convoi notamment des antivax, des anti-passe sanitaire, des Gilets jaunes… Tous ne sont pas antivax, mais la plupart cherche à affirmer leur ras-le-bol d’une société de contrôle.

Sur Facebook, la page « Convoy France Officiel » explique qu’après deux ans de crise sanitaire, les citoyens entendent récupérer « leur liberté, leurs droits fondamentaux, le respect du référendum, l’accès inconditionnel aux soins, à l’éducation, à la culture et le respect des valeurs essentielles de notre constitution ». Il fustige le « sacrifice des enfants et de la jeunesse », dénonce « la maltraitance subie quotidiennement » et parle d’urgence démocratique, sociale et écologique.

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Un mouvement moins gros qu’attendu

En France, le mouvement s’est avéré jusqu’à présent « moins gros que ce que pouvaient redouter les autorités françaises » et essentiellement constitué de particuliers dans leurs véhicules personnels, et non de camions comme au Canada, précisait encore Philippe Close ce matin. « Je pense qu’il y a peu d’entreprises belges ou européennes qui ont autorisé leurs employés à venir bloquer la capitale avec le camion de l’entreprise », a-t-il estimé.

Dimanche, sur un parking de la périphérie de Lille, non loin de la frontière belge, la police française avait recensé environ 1.300 véhicules semblant avoir fait escale à cet endroit sur leur chemin vers la Belgique. Mais conscients des interdictions en vigueur en Belgique, certains occupants de ces véhicules se montraient indécis sur la destination finale. Parmi eux était évoquée l’idée de rallier Strasbourg (Est de la France), siège du Parlement européen.

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