Carte blanche

Contre la répression de la jeunesse mobilisée pour le climat

La jeunesse ne croit plus depuis longtemps aux beaux discours du pouvoir sur l’écologie : on en a marre de l’enfumage, marre des demi-mesures, des fausses solutions imposées aux plus précaires, des promesses et des trahisons.

Les jeunes de toute la Belgique s’organisent donc massivement pour faire grève et manifester tous les jeudis afin de maintenir la pression sur les partis et les gouvernements avec un message clair : « À quoi bon aller à l’école si demain notre monde est détruit ? ». Les deux dernières manifestations ont rassemblé plus de 30.000 jeunes de tout le pays. Loin des clichés de « jeunes brosseur.se.s » agités par nos adversaires, nous sommes bel et bien dans la rue pour manifester notre envie d’un changement de société.

Le mouvement profond et massif a ébranlé le pouvoir, avec des gouvernements qui manient la carotte et le bâton pour essayer de nous faire rentrer dans le rang :

  • La ministre fédérale de l’environnement Marie-Christine Marghem (MR), comme nombre d’autres dirigeants politiques, Bart De Wever en tête, appelle les jeunes à « retourner en classe » pour se conscientiser avec des coaches climat et autres gadgets paternalistes. Ce sont ces dirigeant.e.s qui nous ont mis dans cette situation, ce sont eux qui doivent prendre une bonne leçon !
  • Joke Schauvliege, ministre démissionnaire de l’Environnement en Flandre, dit ne pas voir le mouvement comme ennemi, mais renvoie la balle à l’Europe pour instaurer une mesure sur le prix des billets d’avion. Comme Marghem, elle prétend se sentir renforcée par les manifestations de la jeunesse, dans lesquelles les deux sont copieusement critiquées par les jeunes en lutte.
  • Marie-Martine Schyns (Cdh), ministre de l’Enseignement de la Fédération Wallonie-Bruxelles, en même temps qu’elle déclarait soutenir « le coeur du message des jeunes » rappelait à l’ordre les écoles sur leur obligation à pénaliser les élèves participant aux manifestations lorsque l’école refuse d’encadrer la mobilisation. Elle propose comme carotte un « grand débat » entre élèves et présidents de parti, à l’instar des spectacles de discussion engagés en France par Macron.
  • Bart De Wever (N-VA), Théo Francken (N-VA) ou encore Georges-Louis Bouchez (MR) culpabilisent les jeunes et font tout pour bloquer la discussion au niveau des « petits gestes » individuels, totalement insuffisants pour éviter la catastrophe climatique. Ils tentent de dépolitiser la discussion et veulent en profiter pour ramener par la fenêtre l’énergie nucléaire ultra-polluante et dangereuse.

De leur côté, des experts et les Verts tentent de réduire la discussion à la question d’une Loi Climat à voter au Parlement. Au final, la classe politique élue pleure des larmes de crocodile en déplorant que les jeunes ne sont plus assez impliqué·e·s en politique tout en mettant des bâtons dans les roues d’un mouvement qui sort du cadre.

Nous refusons à la fois la carotte et le bâton, nous savons que notre seule chance de nous en sortir passe par notre mobilisation collective, par un rapport de forces. Les lignes ont déjà commencé à bouger, nous ne pouvons pas nous arrêter en chemin. Face à la répression qui risque de se renforcer, nous affirmons la nécessité de nous coordonner partout entre élèves et étudiant.e.s des mêmes établissements pour nous organiser dans de larges assemblées démocratiques : des assemblées où discuter des mesures nécessaires pour éviter de dépasser la barre des 1,5 C° et pour maintenir la pression sur le monde politique et industriel dans son ensemble !

Ce risque de répression remet au centre l’importance d’un droit de grève effectif pour les élèves qui ne dépende pas de la bonne volonté des directions d’école ou des professeur.e.s. Le droit à s’organiser démocratiquement, à avoir des locaux à disposition et à s’exprimer librement, sont des droits démocratiques fondamentaux : en exclure les mineur·e·s sous prétexte qu’i.elles n’ont pas le droit de vote reflète une conception autoritaire de la société, que nous ne pouvons accepter. Enfin, une « Loi climat », si bien écrite soit-elle, ne sera pas suffisante pour arrêter la crise climatique : c’est tout le système économique, politique et social qui doivent être transformé.e.s de bas en haut. Nous voulons apprendre à construire un autre monde, solidaire, égalitaire et respectueux de notre Terre.

Nous décrétons l’état d’urgence écologique et sociale et nous appelons à :

  • Respecter les droits démocratiques dans les écoles : droit de grève, liberté d’expression, de réunion et d’association.
  • La solidarité des enseignant·e·s envers leurs élèves : désobéissez aux directions cherchant à contenir le mouvement et mettez-vous en grève également. La crise climatique nous concerne tou.te.s, elle est déjà là.
  • Constituer des assemblées et comités de grève et de mobilisation élus et démocratiques dans les écoles.
  • S’organiser au-delà de son école en faisant se rencontrer les élèves et étudiant·e·s des différentes écoles d’une même localité.
  • Renforcer le mouvement en informant les autres élèves des enjeux critiques du réchauffement global.

Signataires :

Jeunes anticapitalistes (JAC)

Jeunes FGTB

Jeunes CSC Bruxelles

Jeunes Organisés et Combatifs (JOC)

Mouvement des Jeunes Socialistes (MJS)

Étudiants de Gauche Actifs (EGA)

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