Communales 2018 : à Ganshoren, c’est clochemerle

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Les querelles ont pourri le collège dès après le scrutin d’il y a six ans. Résultat : une presque « législature blanche ».

Le conflit éclate publiquement à peine quelques heures après le scrutin du 14 octobre 2012. Hervé Gillard (MR), qui avait scellé un accord avec la bourgmestre sortante, Michèle Carthé (PS), s’allie aux élus ProGanshoren (d’émanation CDH), menés par Pierre Kompany et Ecolo-Groen, et rafle au passage l’écharpe mayorale. Immédiatement après sa nomination, volte-face : il retourne négocier avec Carthé. En sort une majorité MR-PS-Indépendants.

Et un risque de rupture qui plane sur toute la législature. Michèle Carthé ne digère pas d’être  » rétrogradée  » première échevine, malgré son score (le premier). Les coups bas rythment les relations avec Hervé Gillard. Dans l’opposition, on reste longtemps ébahi par la  » trahison « . Les uns montrent du doigt les socialistes : Carthé siège au conseil d’administration de la société de logements sociaux en même temps que sa fille, conseillère CPAS, et sa secrétaire parlementaire ; une échevine habite un logement social ; une conseillère CPAS condamnée pour fraude au CPAS est nommée conseillère communale ; et un président de logements sociaux partage sur Facebook des publications dénigrant les migrants. D’autres épinglent Gillard, visé en 2014 par une information judiciaire pour soupçons d’abus de confiance et de biens sociaux. Il s’acquittera, plus tard, d’une transaction pénale, évitant ainsi un procès.  » D’une commune paisible, Ganshoren est devenue une commune d’affaires « , grince dès lors Ecolo-Groen, dans l’opposition.

Communales 2018 : à Ganshoren, c'est clochemerle

En janvier 2017, après le décès d’Hervé Gillard, Robert Genard (MR) assure la succession. Et change la majorité. Désormais, le MR et ProGanshoren sont alliés – renforcés par des conseillers ayant lâché Michèle Carthé. Résultat : la nouvelle majorité travaille avec les échevins PS qui font à présent partie de l’opposition. Dans leur ligne de mire : l’élection, évidemment, puisque le MR et ProGanshoren auraient un préaccord pour rester au pouvoir ensemble.

C’est sans compter avec les conflits internes. Chez les libéraux, des tensions apparaissent entre les trois jeunes candidats têtes de liste. Chez ProGanshoren, le populaire Pierre Kompany et Jean-Paul Van Laethem veulent tous deux l’écharpe. Les rivalités, qui se sont ainsi insinuées partout, ont entraîné un certain immobilisme. Or, la petite commune (24 000 habitants, mais un accroissement de la population de 17 % en dix ans) doit s’attaquer à plusieurs défis. Le premier : accueillir des habitants plus jeunes, attirés par un prix immobilier légèrement sous la moyenne régionale, en se rendant plus désirable encore. On a vu peu d’initiatives et peu de grands projets. Dans le même temps, Ganshoren compte plusieurs infrastructures vieillissantes qu’il faut rénover. Et, malgré les aides régionales, la localité, sous plan d’assainissement, n’arrive pas à présenter un budget en équilibre.

Autre enjeu : la rénovation imminente du tunnel Léopold II. Sa fermeture pourrait engendrer un report du trafic sur les principales artères de la commune. Ganshoren s’étend le long de l’avenue Charles Quint, principale voie d’accès au tunnel, en venant de la E40. Majorité et opposition déplorent le manque de concertation avec la Région. A leurs yeux, c’est le signe d’un relatif abandon du nord-ouest par les autorités régionales.

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