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Comment survivre au tsunami financier causé par le coronavirus ? Les conseils d’experts

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

La crise sanitaire s’accompagne d’une crise financière, qui va perdurer selon les économistes. Dans ce contexte, comment investir intelligemment et gérer ses finances de façon optimale ? Deux expertes en gestion d’argent donnent, dans le journal De Morgen, quelques recommandations utiles.

Erica Verdegaal est économiste, elle est l’auteure de l’ouvrage Crisis. Wat te doen? Van rood naar groen! , que l’on peut traduire par Crise. Que faire ? Passer du rouge au vert! (non traduit). Selon elle, à l’automne, la Belgique entrera en récession. «  Une récession commence officiellement lorsque nous sommes confrontés à une économie en contraction pendant deux trimestres consécutifs. Ce sera le cas à l’automne », explique-t-elle dans le quotidien flamand De Morgen.

Elle commente : « Une telle période peut durer de cinq à sept ans. Les marchés boursiers réagissent toujours très vite : ils sont en avance. Mais l’effet sur les finances d’un ménage ne se remarque généralement que plus tard. Beaucoup de jeunes ont des emplois flexibles. Beaucoup d’entre eux sont maintenant licenciés sans pitié et peuvent du jour au lendemain consommer beaucoup moins. En conséquence, des entreprises font faillite, encore plus de gens perdent leur emploi : c’est un cercle vicieux ».

La plupart des Belges devraient se sentir concernés sur le plan financier. Pour Erica Verdegaal : « En temps de crise, le plus grand cocktail de risques est un endettement élevé combiné à de faibles revenus. Mais vous courez également le risque de perdre soudainement vos revenus si vous avez un loyer élevé. »

Payer avec une carte est plus risqué

L’argent dont disposent les Belges semble être un souci. Une enquête récente de l’assureur NN Belgium a montré que 55 % des Belges n’ont pas assez d’argent pour tenir trois mois. Un quart d’entre eux n’ont même pas d’économies. Dans l’idéal, il faudrait même 6 mois de réserves financières pour tenir le coup en cas de gros pépin.

Marieke Henselmans, co-auteure de l’ouvrage en question, explique cette situation : « Une cause importante des problèmes d’argent est le manque de vue d’ensemble. Trop peu de gens savent où ils en sont. Au cours des dernières décennies, nous avons aussi payé de moins en moins avec de l’argent liquide ».

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Des études récentes ont en effet montré que payer avec une carte est moins douloureux. Les personnes dépensent ainsi plus rapidement et plus facilement qu’avec de l’argent liquide, en navigant toutefois à vue qu’en à l’état de leur compte en banque. Mieux vaut donc ne pas contracter de dettes supplémentaires en période de crise.

Que faire pour garder des finances saines ?

Henselmans insiste donc sur l’importance d’avoir une bonne vue d’ensemble de ses rentrées et dépenses, et de les coucher sur papier, par thématique: travail, retraite, impôts, logement, assurances, biens et dettes,…

Il existe aussi de nombreux outils en ligne pour suivre ses revenus et ses dépenses. Henselmans recommande de diviser les dépenses en deux tableaux : les coûts fixes – loyer, assurances,… – et les coûts flexibles – nourriture, soins, vêtements et loisirs. « Faites une projection pour le mois à venir et placez un montant sur votre compte d’épargne pour commencer. N’attendez pas qu’il reste quelque chose à la fin du mois. La devise devrait être « Payez-vous d’abord ».

De la sorte, 10 % des revenus peuvent, par exemple, être mis de côté dès le début du mois, par virement automatique. Mais épargner même 20 euros est déjà un bon début.

Ensuite, l’experte en finances personnelles propose de passer en revue tous les coûts. Comme les tarifs du gaz et de l’électricité ont considérablement baissé, il est possible de gagner de l’argent en changeant de fournisseur. Parfois jusqu’à 600 euros. Sur le site de la Creg, un comparateur des prix des fournisseurs d’énergie est proposé. Le dossier « assurance » mérite aussi une vérification pour se rendre compte si on n’est pas doublement assuré. Coupler plusieurs assurances – maison, vol, voiture – chez le même assureur permet d’obtenir de bons tarifs et des avantages.

« Le facteur latte »

Sara Van Wesenbeeck, coach en « budget » et auteure de l’ouvrage Hack je budget. 365 tips om meer uit je geld te halen( Hackez votre budget, 365 tuyaux pour en retirer plus d’argent) aussi citée par De Morgen évoque, pour sa part, l’intéressant « facteur latte » de l’auteur américain David Bach. Selon lui, on peut devenir millionnaire avec des petits changements quotidiens. Par exemple, en évitant de prendre un café à emporter tous les matins, en n’achetant plus de sandwiches et de gâteaux sur le chemin de la maison ou à la gare. Il donne l’exemple d’une famille de quatre personnes qui emporte son lunch et une bouteille d’eau ou un thermos de café au travail ou à l’école. Cette famille va économiser facilement 2 euros par jour par personne. Sans compter les mercredis et les vacances scolaires, cela fait 32 euros par semaine, 128 euros par mois et au total une économie de plus de 1.500 euros par an.

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Pendant le confinement, de nombreux Belges ont aussi pu réaliser des économies. Pour certains économistes, il est maintenant temps qu’ils commencent à dépenser cet argent thésaurisé , pour relancer l’économie. Pour Verdegaal, c’est une option mais seulement dans le cas où l’on dispose de beaucoup d’argent en réserve. Dans le cas contraire, il n’est pas conseillé de dépenser maintenant à tout va.

Relancer l’économie locale

Il est de bon ton de relancer l’économie locale plutôt que les grands supermarchés qui sont plus costauds pour résister à la crise. Les bonnes habitudes prises pendant le confinement peuvent aussi être maintenues, comme établir un menu hebdomadaire, sur base d’une liste de courses, ce qui évite les tentations et les achats compulsifs en magasins. Autre tuyau : piocher dans les rayons inférieurs du supermarché, où se trouvent les marques les moins chères, qui ne sont pas exposées à vue d’oeil du client.

Enfin, l’adage de la génération précédente, à savoir « ne jamais dépenser plus d’un tiers de son salaire mensuel pour le logement », n’est plus la règle de nos jours. Pourtant, selon Henselmans : «  vous devez toujours vous demander : puis-je payer mon loyer ? Et si mon partenaire et moi-même devenons chômeurs ? Même pas avec une sous-location par l’intermédiaire d’Airbnb, car ce système a été anéanti par le coronavirus. Il n’est pas sage non plus d’acheter une maison trop chère en pariant que les maisons vont devenir de plus en plus chères et qu’il y aura un jour un bénéfice ».

Verdegaal conclut: « N’oubliez jamais que vos économies doivent d’abord être utilisées pour le remboursement de vos dettes et le maintien d’un matelas de sécurité en cas d’urgence. Ce n’est que lorsqu’il vous reste quelque chose que vous pouvez penser à une résidence secondaire, à la rénovation de votre maison. Une maison plus efficace sur le plan énergétique est aussi un investissement ! ».

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