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Comment distinguer les personnes qui doutent du vaccin des antivax ?

Rien Emmery Journaliste Knack

Il est normal que les gens aient des questions à propos de la vaccination contre le coronavirus. C’est pourquoi il est important de faire la distinction entre les gens qui conçoivent des doutes sincères et les anti-vax malveillants. Voici quelques techniques.

Les personnes qui ont des doutes sur le vaccin ne sont pas égoïstes ou irresponsables. Au contraire, elles souhaitent prendre une décision médicale bien documentée sur leur corps. Cependant, il n’est pas toujours facile de trouver des informations fiables sur les vaccins. La désinformation est omniprésente, en particulière sur les réseaux sociaux, et dans certains médias de presse à sensation.

À l’origine de ces informations trompeuses, on trouve des opposants enragés au vaccin ou ce qu’on appelle des « anti-vax ». Ils trouvent les vaccins mauvais ou dangereux, et ils veulent en convaincre un maximum de gens. Mais comment distinguer les anti-vax malveillants de personnes qui s’interrogent sincèrement sur le vaccin ? Depuis le début du déploiement de la vaccination, les anti-vax tentent de semer le doute de différentes manières.

« Les fausses vaccinations »

Une première technique consiste à diffuser des images de « fausses » vaccinations. Presque à chaque fois qu’une personne connue se fait vacciner devant les caméras, des rumeurs circulent qu’il ne s’agit pas de « vraies » vaccinations.

Ainsi, on a accusé la dame âgée qui s’est vue administrer le premier vaccin au Royaume-Uni, d’être une actrice payée. On a également diffusé des images trompeuses des injections reçues par le vice-président américain Mike Pence, le virologue Anthony Fauci, et la future vice-présidente Kamala Harris. Quelques semaines plus tard, de vieilles images d’un exercice de logistique dans un hôpital allemand – où l’on n’utilisait évidemment pas de vraies aiguilles – ont été diffusées en les faisant passer pour de faux vaccins. Le message sous-jacent étant : ‘regardez, ‘ils’ veulent que vous vous fassiez vacciner, mais ils n’osent pas eux-mêmes!’

À côté de cela, certains prétendent que les premières vaccinations étaient des injections vides, des aiguilles « disparaissantes », ou des seringues remplies de solution saline et non de vaccin. Il existe des aiguilles de sécurité rétractables, mais elles sont tout à fait communes. Parfois, ces rumeurs sont fondées sur des incidents réels : lorsque cinq infirmières d’un hôpital du Texas ont été vaccinées devant les caméras, l’une d’entre elles a eu un incident avec une seringue partiellement rétractable. Cela aussi a été exploité à fond par les antivax.

Un collage de photos de vaccination prétendument mises en scène
Un collage de photos de vaccination prétendument mises en scène© DR

« Effets secondaires inquiétants »

La seconde façon dont les anti-vax veulent attiser les doutes du vaccin, c’est en faisant peur ou donnant une mauvaise représentation d’effets secondaires ou possibles ou prétendus du vaccin. Il s’agit par exemple d’informations sur des personnes qui souffrent de réactions allergiques exceptionnelles ou sur des patients qui ont développé certaines maladies durant les phases de test ou même qui sont décédés peu après leur inoculation. Comme aujourd’hui, le déploiement des vaccins est examiné à la loupe, on trouve de nombreux articles sur ce sujet de différents pays. Généralement, on ne découvre que plus tard s’il y a un lien causal entre la vaccination et le décès, ou une pertinence statistique.

Parfois, les choses vont très loin. Ainsi, une infirmière américaine qui s’est évanouie peu après sa vaccination lors d’une interview télévisée, a été déclarée morte sur les réseaux sociaux. Lorsqu’elle est réapparue quelques jours plus tard pour prouver qu’elle était bien vivante, on a prétendu qu’elle était « un sosie ». Son évanouissement n’avait rien à voir avec le contenu du vaccin : c’est une réaction courante, mais involontaire de la tension à la douleur.

Comme certains développeurs de vaccin publient toutes les données sur leurs phases de tests, les anti-vax y cueillent régulièrement des chiffres pour ensuite les exagérer. Le groupe anti-vax belge Médecins pour la Liberté prétendait par exemple sur son site que plus de 3000 sujets d’expérience avaient été « paralysés » par le vaccin, ce qui est totalement inventé. C’étaient ces mêmes Médecins pour la Liberté qui avaient diffusé une liste de toutes sortes de maladies – établie par précaution par la FDA -en la faisant passer pour une liste de contreréactions attendues au vaccin. Et ce genre d’exagérations grotesques viennent sous toutes sortes de formes.

La propagande anti-vaccination sur les réseaux sociaux perturbe le débat. Elle peut même entraîner des personnes qui doutent sincèrement du vaccin à rejoindre le camp des anti-vax. Si vous trouvez certaines affirmations alarmantes sur YouTube, dans les collages de photos de Twitter ou sur des blogs obscurs, c’est généralement de mauvais augure. Et n’oubliez pas : les vaccins contre la corona ne sont pas obligatoires. Donc si quelqu’un essaie de vous convaincre qu’il y a un sinistre complot derrière le vaccin pour vous contrôler, c’est certainement absurde.

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