Elio Di Rupo © Belga

Comité de concertation: quels assouplissements pour l’enseignement?

« Il y aura plusieurs phases (d’assouplissement des mesures sanitaires) », a annoncé vendredi le ministre-président wallon Elio Di Rupo à la sortie du comité de concertation. « Dès la mi-mars avec les écoles, en avril avec du plein air et puis, au mois de mai, des activités intérieures et extérieures », a-t-il indiqué.

A partir du 15 mars, les activités scolaires extra muros de maximum 1 jour seront à nouveau autorisées dans l’enseignement primaire et secondaire. L’enseignement en présentiel à 100% reprendra également pour les groupes vulnérables dans l’enseignement spécialisé et l’enseignement professionnel à temps partiel. A la même date, un maximum de 20% d’enseignement en présentiel sera permis dans le supérieur.

« Bulle de kot »

Par ailleurs, les établissements sont invités à organiser les activités d’apprentissage en fonction de leurs priorités pédagogiques, en veillant à offrir une perspective de retour partiel en présentiel à tous les étudiants d’ici la fin de l’année académique.

L’occupation des locaux de cours sera limitée à 200 personnes par local, dans le respect d’une distance physique de minimum 1,50 mètre, avec port du masque obligatoire.

La circulation au sein des établissements se fera en sens unique dans la mesure du possible et toujours fléchée. L’entrée et la sortie des salles de cours doivent être organisées de manière à respecter les mesures de distanciation. Après les activités d’apprentissage ou d’évaluation, les étudiants devront immédiatement quitter les lieux de manière individuelle.

Les laboratoires, travaux pratiques et cours artistiques sont autorisés, avec masque obligatoire.

Les bibliothèques, médiathèques et salles informatiques sont également ouvertes, moyennant le port du masque et le respect d’une distance physique de minimum 1,50 mètre.

L’autorisation d’organiser des activités en présentiel n’implique pas l’obligation d’y assister. Pour les activités organisées en présentiel dont le suivi serait en temps normal obligatoire, les établissements seront attentifs à ne pas préjudicier les étudiants qui auraient signalé une impossibilité justifiée à y assister et invités à trouver, dans la mesure du possible, des solutions alternatives, a encore souligné la ministre.

Enfin, les activités étudiantes restent interdites.

« La décision d’aujourd’hui constitue une première étape nécessaire pour nos étudiants et nos enseignants. De futurs assouplissements – par exemple 50% de présence simultanée sur le campus – pourraient être envisagés si la situation sanitaire évoluait favorablement », a conclu Valérie Glatigny.

Enseignement secondaire

Dans la foulée, le ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles Pierre-Yves Jeholet a indiqué que le retour total en présentiel dans l’enseignement secondaire n’aura lieu qu’après les vacances de Pâques.

Le secteur de l’enseignement accueille favorablement la reprise du présentiel après Pâques

« C’est une bonne décision », a commenté vendredi soir Laurent Léonard, président du Conseil de l’Enseignement des Communes et des Provinces (CECP). « Donner une perspective avec une date est une bonne chose, même si cela reste prudent. Il faut bien se rendre compte que nos enfants étaient de plus en plus en difficulté. » « Nous n’avions pas pronostiqué de date et nous plions à l’avis des experts », a indiqué pour sa part Conrad Van de Werve, directeur de la communication du Segec (Secrétariat Général de l’enseignement catholique). « La reprise après Pâques offrira aux établissements le temps nécessaire pour se préparer à rebasculer en présentiel ». L’autorisation des activités en extérieur à partir du 15 mars en une mesure « positive en soi », a-t-il ajouté.

Universités et étudiants saluent une « première étape » du déconfinement

La décision du comité de concertation d’autoriser, à partir du 15 mars, un maximum de 20% d’enseignement en présentiel dans l’enseignement supérieur représente « une première étape importante », a estimé vendredi la présidente de la Fédération des étudiants francophones (FEF), Chems Mabrouk. « Un pas en avant, limité et prudent », juge également le président du Conseil des recteurs.

« Il faudra laisser de plus en plus d’étudiants revenir sur les campus avec les semaines qui passent, en fonction de l’évolution de la situation sanitaire », plaide Chems Mabrouk. « Ce n’est pas un caprice, c’est une nécessité: 60% des étudiants sont en décrochage, 80% se disent fragilisés psychologiquement », rappelle-t-elle.

« La mesure indique l’importance accordée à l’enseignement et aux jeunes, ce qui est un message positif », juge Pierre Wolper, président du Conseil des recteurs et recteur de l’Université de Liège. « Cela donne un peu d’air mais nous laisse quand même principalement dans une situation d’enseignement à distance », précise-t-il, estimant tout de même que cela vaut mieux qu’un retour en arrière par la suite.

« En pratique cependant, ce n’est pas très facile à gérer », nuance-t-il. « Nous allons essayer d’assurer une certaine régularité pour nos étudiants, mais tous ne pourront pas forcément avoir 20% de présence. Nous privilégierons ceux qui ont le moins de contacts actuellement, avec une attention particulière pour les étudiants en première année. »

L’Union syndicale étudiante (USE) se réjouit également que l’enseignement supérieur ait été mis à l’agenda politique, mais considère un jour de présence par semaine comme largement insuffisant. « Certaines universités aux États-Unis arrivent à maintenir un taux bien plus important », souligne l’organisation, qui déplore une situation instable.

Les deux associations d’étudiants continueront à se mobiliser pour réclamer des mesures contre la précarité estudiantine. « Nous proposons une extension du chômage temporaire aux jobistes, qui sont nombreux à avoir perdu leur travail », indique l’USE. A plus long terme, l’organisation milite pour le salaire étudiant, soit le fait d’être payé pour étudier.

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