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Choc énergétique en Belgique: « Y-a-t-il un pilote dans l’avion? »

Noé Spies
Noé Spies Journaliste au Vif

L’augmentation coordonnée et brutale des prix des différentes énergies dirige la Belgique devant un choc énergétique. Le citoyen pourrait en payer le prix cher, alors que politiques, économistes et scientifiques s’accordent pour dire qu’il faut trouver des solutions. Urgemment. Mais lesquelles?

Pétrole, gaz, électricité : les prix des énergies connaissent actuellement une hausse significative et historique, de concert. Hier, le diesel atteignait un niveau record, affichant 1,652 euro le litre, selon les chiffres du SPF Economie. Le LPG (gaz de pétrole liquéfié) et le mazout suivent aussi cette forte tendance à la hausse. Electricité et gaz explosent depuis plusieurs semaines.

Face à l’urgence de la situation, des voix s’élèvent. Le ministre fédéral de l’Economie Pierre-Yves Dermagne (PS) s’exprimait sur le sujet dans la matinale de LN24, ce mardi : « Il y a une crise énergétique, et on doit apporter une réponse. Avec, notamment, la prolongation et l’extension du tarif social pour réduire les factures d’électricité et de gaz de la population. »

Pouvoir d’achat : vers un affaissement significatif ?

Damien Ernst, professeur à l’Université de Liège et spécialiste de l’énergie, parle d’une « crise énergétique en cours » sur Twitter, pointant les augmentations fulgurantes de différentes énergies comme le gaz, le pétrole, et le charbon. Son constat provoque diverses réactions.

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L’économiste Bruno Colmant répond, et abonde : « Nous sommes devant un choc énergétique. Le pouvoir d’achat de la classe moyenne et des moins favorisés va subir un affaissement significatif. »

Marie-Christine Marghem , députée MR et ancienne ministre fédérale de l’Energie, s’invite dans le débat et fustige. « La ministre de l’énergie fonce tête baissée pour remplacer la totalité de nos centrales nucléaires par des centrales à gaz polluantes et d’autant plus cher que la crise des matières premières ne cesse d’enfler et devient structurelle ! Y a-t-il un pilote dans l’avion en Belgique? »

« Une catastrophe économique et sociale »

Il y a plusieurs jours déjà, le syndicat libéral CGSLB tirait la sonnette d’alarme. « Vu la forte hausse du prix du gaz qui va d’ailleurs continuer à augmenter, le discours ministériel n’est pas en prise avec la réalité. Le gouvernement va sans doute bloquer les prix, mais les fournisseurs devront licencier du personnel pour rester compétitifs tandis que le prix du gaz va sérieusement faire réfléchir les investisseurs », estime la CGSLB, qui alerte. « Tous les indicateurs actuels annoncent une catastrophe économique et sociale dont le coût est inacceptable pour les travailleurs du secteur, pour les entreprises en général et pour l’ensemble des citoyens belges. »

Urgence pour un tarif social étendu

Pour amortir le choc, Test Achats et la Plateforme de lutte contre la précarité énergétique s’accordent pour réclamer une facilitation de l’accès au tarif social. Le tarif social est, pour rappel, une mesure fédérale qui permet aux plus vulnérables de bénéficier d’un tarif réduit sur leur facture d’électricité et/ou de gaz naturel. Il correspond à la formule tarifaire la moins chère – soit une économie moyenne de 27,5% sur la facture d’électricité et de 49% sur la facture de gaz en 2020.

Test Achats a rappelé la semaine dernière son soutien au système étendu du tarif social en fonction des revenus. « Nous sommes même favorables à une extension permanente d’un tarif social qui utilise le revenu comme critère. »

L’association de défense des consommateurs a aussi réitéré son plaidoyer pour un travail plus structurel concernant la lourdeur et l’impact de la facture d’énergie sur le budget des ménages, à savoir une baisse temporaire de la TVA sur l’énergie et sur une tranche incompressible (valable pour tous les profils) de 1.500kWh et un « nettoyage de la facture d’énergie de toute une série de taxes, cotisations et redevances qui doivent en fait être financées par l’impôt, plus transparent et plus équitable en fonction et pour différentes catégories de revenus ».

« La situation actuelle aggrave encore un peu plus la situation de précarité énergétique dans laquelle se trouve déjà 1 ménage sur 5 en Belgique. C’est pourquoi nous tirons la sonnette d’alarme et appelons les gouvernements à adopter rapidement des mesures pour endiguer la situation actuelle (…) Nous soulignons également l’importance de s’attaquer de façon structurelle au problème des prix afin que ceux-ci demeurent supportables pour les ménages. »

Rendre « l’Accord consommateur » contraignant

Test Achats a également adressé un courrier à la Secrétaire d’Etat à la Protection des consommateurs, Eva De Bleeker (Open VLD), et à la Ministre de l’Énergi, Tinne Van der Straeten (Groen), e pour leur demander de rendre « l’Accord consommateur » contraignant pour les fournisseurs d’énergie.

L’Accord « Le consommateur dans le marché libéralisé du gaz et de l’électricité » (Accord consommateur) vise à protéger les consommateurs contre d’éventuelles pratiques abusives ou informations trompeuses dans leurs relations avec les fournisseurs d’énergie. Test Achats dit constater que de nombreux fournisseurs ne respectent pas ce texte voire ne l’ont pas encore signé.

L’organisation constate que la façon dont les fournisseurs informent leurs clients du changement de leur contrat n’est « ni claire, ni transparente », et qu’elle viole les dispositions prévues par l’Accord. En principe, un consommateur dont le contrat à tarif fixe arrive à échéance devrait continuer à être approvisionné en énergie à un prix fixe.

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