Carte blanche

Ces inondations (fluviales) dont on ne parle jamais (carte blanche)

Les inondations ne sont pas seulement le résultat de pluies diluviennes et la hausse du niveau de la mer n’est pas le seul phénomène inquiétant, selon Philippe Steemans, géologue à l’ULiège et maître de recherche au FNRS. Les fleuves aussi peuvent déborder à cause du réchauffement thermique. Ce qui pourrait noyer les vallées, notamment à Liège.

Quand on parle d’inondations, telles celles subies en Belgique durant le mois de juillet, on pense à de fortes pluies diluviennes. Aucune autre cause ne nous vient à l’esprit sauf la rupture éventuelle d’un barrage. Sauf les inondations en zone côtières et le bas-pays, suite à la montée de la mer provoquée par le réchauffement climatique.

Une rivière, un fleuve, n’est pas quelque chose de stable tout au cours de sa vie, il divague, il érode, il creuse, il remblaie … Sa vie débute à sa source à partir de laquelle elle va commencer à creuser son lit et ce, sur l’entièreté de son cours jusqu’à son embouchure à la mer.

Si pendant une très longue période rien ne vient perturber ce lent processus (variation du niveau de la mer, mouvement de la croûte terrestre…), alors ce cours d’eau pourra atteindre son niveau d’équilibre. Théoriquement, le profil d’un fleuve en équilibre ressemble à une courbe concave bien marquée près de la source et de moins en moins courbe plus on se déplace vers l’aval. S’aplatissant de plus en plus près de l’embouchure.

La plupart des fleuves européens on atteint leur niveau d’équilibre. Voyons le cas où celui-ci est perturbé par un retrait de la mer (à cause d’une glaciation) sur plusieurs mètres de hauteur. Le fleuve va réagir en recreusant son lit et approfondir les vallées (phénomène observable le long de le Meuse, près de la frontière belge et hollandaise).

En revanche, dans le cas d’un réchauffement thermique, le niveau de base du fleuve va s’élever, avec la montée des eaux sur les continents, les îles. Le fleuve va réagir en remblayant son lit, avec le risque qu’il déborde sur la hauteur et la largeur.

Les vallées étroites seront entièrement noyées par le fleuve. Les vallées larges verront s’implanter des marécages sur une superficie très variable en fonction des conditions locales. Il m’est impossibles de dire jusqu’où pourrait remonter ce remplissage par les sédiments. Il est probable que Liège, peut-être même Namur ou Dinant seront impactés. On assistera donc à un exode massif d’habitants venant non seulement de la côte vers l’arrière-pays, mais aussi des vallées ardennaises vers les plateaux.

Routes impraticables, trains supprimés, ponts inaccessibles. Chaque colline deviendra une île surpeuplée (11 millions d’habitants sur une surface approximativement moindre d’un tiers, ce à quoi vous ajoutez les migrants venant de pays lointains). Je laisse ici la parole aux politiques qui, j’espère, tiendront compte auparavant de spécialistes scientifiques, de sociologues, de psychologues, de philosophes… Bref de tous les acteurs nécessaires à un plan de bataille.

Ah oui, j’oubliais, ce scénario est valable qu’il pleuve ou pas, pour la terre entière. Nous vivons une époque formidable.

Ces inondations (fluviales) dont on ne parle jamais (carte blanche)
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