Carte blanche

CEB, CE1D: « Ces épreuves externes ne sont ni pertinentes, ni fiables »

La Fédération Wallonie-Bruxelles a conçu depuis quelques années des épreuves externes certificatives qui, de par l’ampleur des échecs, inquiètent terriblement les parents, tous les parents de tous les réseaux.

Nous aimerions porter à votre connaissance le problème que posent ces évaluations, dont l’objectif n’est pas « clair ». Servent-elles à vérifier si les compétences sont acquises par les élèves ou servent-elles à orienter nos enfants ?

Puisque ces épreuves sont censées vérifier l’acquisition de compétences minimales que l’ensemble des élèves devrait acquérir (s’agissant de socles de compétences) il aurait fallu, dans un premier temps, s’assurer que ces compétences étaient bien celles que l’ensemble des élèves était réellement capable d’acquérir.

La seule manière de le savoir est de tester ces compétences sur des échantillons représentatifs d’élèves. Or, ni les compétences en mathématiques, ni celles en langue maternelle, ou encore celles en première langue, n’ont été testées sur des échantillons d’élèves, avant de les évaluer.

Une première épreuve en mathématiques (épreuve et non compétence) a été testée et a eu des résultats catastrophiques – la moitié des élèves ne satisfaisaient pas aux compétences – sans que cela ne pose aucun problème aux concepteurs de l’épreuve. A croire que chez nous, il est normal d’échouer massivement. Ces épreuves externes ne sont pas ce qu’on peut qualifier d’épreuves « pertinentes, valides et fiables ».

Ce manque de constance dans les résultats alors que la population reste stable, montre que cette épreuve n’est pas reproductible et si elle n’est pas reproductible, elle est non fiable.

Pour être pertinente, une évaluation doit avoir des objectifs clairs. La première question à se poser est: « que va-t-on évaluer et quels sont les objectifs de cette évaluation? Voir si les compétences sont acquises ou sélectionner les jeunes de 14 ans ? »

De plus, pour être fiable, une épreuve doit être reproductible. Or les résultats varient selon les années. Ce manque de constance dans les résultats alors que la population reste stable, montre que cette épreuve n’est pas reproductible et si elle n’est pas reproductible, elle est non fiable. Pour être valide et avoir de la crédibilité, un test, si on le compare à d’autres tests ne peut pas avoir des différences très importantes par rapport aux autres tests.

Au CE1D, la différence entre les résultats en mathématiques (58% de réussite) et français (80% de réussite) est de 22 points ! Les tests au PISA 2012 ne montrent que 4 points d’écart. En Fédération Wallonie-Bruxelles, les élèves obtiennent 497 points en compréhension de l’écrit (moyenne OCDE 496) et 493 en mathématiques (moyenne OCDE 494), soit 4 points d’écart. Au CE1D, nos enfants montrent clairement une déficience particulière pour les mathématiques, ce qui, sur une population aussi importante est évidemment tout à fait absurde.

A titre comparatif, dans les pays qui organisent des épreuves externes, les compétences sont, au préalable, testées sur des échantillons d’élèves pour vérifier que ce sont bien les vraies compétences que les enfants sont aptes à acquérir. Les tests sont ensuite « normés ». Ils se révèlent fiables car reproductibles. Ainsi, en Finlande, seul le percentile 3 (3%) est considéré comme « a-normal ». Il ne satisfera pas à l’épreuve et se verra attribuer une nouvelle chance de repasser l’épreuve, tandis que 97 % des élèves réussissent cette épreuve chaque année.

Au Brevet français, 90 % des élèves réussissent le brevet et 5% sont récupérés en réexaminant ensuite les réelles compétences des élèves (fixées grâce aux échantillonnages). Ce sont donc 95 % des élèves qui le réussissent chaque année. Ces taux sont fixes. Ces épreuves externes sont, de plus, corrigées par des enseignants qui ne connaissent pas les élèves et qui n’ont donc aucun a-priori, aucune « attente » positive ou négative dans le sens « effet Pygmalion » du terme.

En tant que parents, nous ne pouvons plus accepter que le CEB envoie des enfants à part en » différencié », alors que notre enseignement se doit d’être inclusif. Nous ne pouvons accepter que le CE1D soit une épreuve destinée à sélectionner nos enfants à l’âge de 14 ans pour les envoyer si tôt, en section qualifiante où ils n’ont encore mûri aucun projet.

Association et groupe d’entraide de parents d’élèves luttant contre l’échec et l’abandon scolaire en Belgique et en Europe

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