© belgaimage

Ce que la presque sainte parole de Sophie Wilmès dit de ses alliés et de ses adversaires

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Comment exister, alors que toute l’attention, et tout le pouvoir, est aujourd’hui concentrée autour d’une Sophie Wilmès que certains verraient bien sanctifiée ? Adversaires comme camarades de parti font ce qu’ils peuvent. Mais c’est la presque sainte parole de Sophie Wilmès que tout le monde écoute. Voyons ce qu’elle a à dire d’eux.

Walloniciens 1 Moi

1. De Sophie, aux Wallons et aux Wallonnes, aux Bruxellois et aux Bruxelloises et à ceux que sa grâce a touchés, ainsi qu’à ceux qui la craignent, contre le virus et la pandémie, contre les vilains qui font de la politique, contre le mal et pour chérir le bien, prenez bien soin de vous et surtout des autres.

2. Cela fait plusieurs semaines que la lutte contre la propagation du Covid-19 en Belgique est devenue une réalité quotidienne pour chacun d’entre nous. C’est le moment, je pense, de prendre le temps, avec vous, de faire le point.

3. Vous êtes nombreux à formuler des encouragements et à être positifs. Dans tous ces écrits, peu importe leur nature, je vois, je ressens votre force et votre détermination. Je vois beaucoup de bienveillance aussi. Le souci de l’autre. C’est un moteur. Pour nous. Pour vous. Pour toute la Belgique.

4. Et c’est un moteur pour moi, qu’il y a quelques semaines à peine si peu d’entre vous connaissaient. Je vous ai convaincus de venir avec moi et je vous sais gré de m’avoir suivie. Mon ascension vers les cieux les plus hauts, c’est à vous que je la dois.

5. Dans d’autres pays cette concentration de l’attention, et du pouvoir, sur les maîtres de l’exécutif se vérifie par des chiffres. Le Centre d’étude de la vie politique française (Cevipof) a publié, le samedi 18 avril, une enquête d’opinion sur le soutien dont bénéficiaient les gouvernants de trois grands pays voisins de la Belgique, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne. Dans ces trois pays engagés dans le combat contre le Covid-19, la popularité des dirigeants a augmenté sensiblement par rapport à février : celle d’Angela Merkel a gagné 20 points, celle de Boris Johnson a gagné 11 points, et même celle d’Emmanuel Macron, que de longue date pourtant de mesquins méchants veulent fouler aux pieds, a gagné quatre points.

Ce que la presque sainte parole de Sophie Wilmès dit de ses alliés et de ses adversaires
© belgaimage

6. Chez nous, le dernier baromètre Le Soir-RTL date du début du mois de mars, et le prochain devrait advenir en juin, mais il y a d’autant moins de raisons que ma popularité s’abaisse que les larrons étrangers ne prospéraient pas guère avant d’ainsi croître, tandis que j’étais moi encore dans le confort inconçu de l’anonymat.

7. Mais afin de vous garder de la hideuse tentation du scepticisme, il me faut vous préserver de la malsaine ignorance. Chez nos partenaires et chez nos ennemis, chez ceux qui me craignent comme chez ceux qui m’aiment, elle peut mener à la méfiance. Pour vous en préserver je vous destine cette épître, où leurs actions et leurs pensées à mon endroit sont décrites telles qu’elles sont.

Walloniciens 2 Ceux de chez moi

1. Jadis je soutins parmi les justes Georges-Louis contre Denis, et Georges-Louis fut élu, cela fut bon et je l’appréciai.

2. Georges-Louis aida à faire arriver mon règne et surtout mes pouvoirs spéciaux, précipitant mon avènement par cette loi naturelle qui donne toute la force à l’exécutif et aucune à l’opposition, ni à ceux qui me soutiennent depuis le parvis du Temple, en dehors de celui-ci.

3. La loi en donna aussi à nos autres ministres qui restaient nombreux et qui allaient partout comme des apôtres fédéraux, Denis Ducarme que j’aime bien, David Clarinval, que Georges-Louis aime bien, Philippe Goffin que tout le monde aime bien, François Bellot que tout le monde aime bien, et Marie-Christine Marghem, et Daniel Bacquelaine, bon, mais de toute façon eux n’iront pas partout.

4. Et il y avait Pierre-Yves à la Fédération Wallonie-Bruxelles, avec Valérie Glatigny, et Willy Borsus, et Jean-Luc Crucke, et Valérie De Bue, à la Région wallonne, et à eux aussi la loi était tendre.

5. Et tous ceux-là sont ceux qui donnent de l’argent à tout le monde aujourd’hui, et demain quand il faudra en reprendre nous serons encore là mais d’autres seront arrivés aussi, et leur faute sera engagée.

6. Et tout cela est bon aujourd’hui, car chez moi tout le monde m’aime et désormais se range derrière moi.

7. Et même s’il y a un peu de jalousie et un peu de mesquinerie, ceux-là sont les miens pour longtemps désormais, et même si la loi est moins tendre à Georges-Louis qui n’est dans aucun exécutif, qu’il en souffre et que parfois depuis ses yeux brûle la foudre de l’envie, je le ressens et je n’en ai cure.

8. Car ensemble il nous faut oublier les heures tristes de l’apostolat de Charles Michel, l’annonciateur de nos divines missions, à Georges-Louis, à moi et aux autres.

9. Et tant que nous y serons il nous faudra faire oublier, avec les heures tristes, l’annonciateur des heures tristes lui-même, ainsi que son anté-annonciateur, Didier Reynders.

10. Et cette épidémie en est l’occasion.

Walloniciens 3 Ceux du Nord

1. Sur le port d’Anvers un prophète s’est levé. Bart De Wever n’a pas voulu que mon règne arrive, et depuis ses partisans et lui s’entendent pour me tendre. Chaque jour ses partisans et lui inventent une raison de me délégitimer. Chaque jour ses partisans et lui se contredisent mais ça n’a pas l’air de les délégitimer. Chaque jour ses partisans et lui s’invitent sur les plateaux de télévision là où je ne suis pas, surtout sur celui de VTM qui se trouve à Anvers. Ils me délégitiment et annoncent la fin de mon règne. Ils disent que je n’ai aucun leadership.  » Les gouvernements pour un nouveau gouvernement fédéral peuvent commencer en juin « , a encore dit Bart De Wever, lundi 20 avril, à la VRT.

Ce que la presque sainte parole de Sophie Wilmès dit de ses alliés et de ses adversaires
© belgaimage

2. Et cela m’est désagréable.

3. Car ce sont les foules de Bart De Wever et les autres du Nord, nombreuses, qui décident de ma légitimité et de mon leadership. La nouvelle qu’ils annoncent ne peut qu’advenir et là est mon drame en vérité, car ce sont ceux dont dépend la reconnaissance de mon leadership qui ne reconnaissent pas mon leadership.

4. Au Nord prêche aussi Maggie De Block, à qui un bol d’eau de la mer morte serait sucré par comparaison avec le vinaigre bu depuis deux mois. Cela m’est agréable au Sud, où il m’est facile de poser le poids de chaque faute sur elle. Tant que vous y croyez, Walloniciens.

5. Mais cela m’est désagréable au Nord, où elle ne m’évite pas de devoir assumer ses fautes, les miennes, et celle du monde, devant les foules flamandes qu’agite le prophète levé du port d’Anvers.

6. Il y a peu, les étiques continuateurs de la démocratie chrétienne introduisirent la discorde dans le Sanhédrin du Conseil national de sécurité. Koen Geens proposa une mesure que nous adoptâmes et qui fut dès le lendemain dénoncée par son compagnon Wouter Beke, ministre flamand en charge des maisons de repos.

7. Et cela aussi me fut très désagréable.

Walloniciens 4 Ceux qui me craignent en rouge

1. Au Sud les zélateurs du socialisme sont cois pour ce qui est de la doctrine. La loi naturelle qui fait croire que l’exécutif, donc moi, gère sans poser de choix, les bâillonne. Sinon je dis qu’ils font de l’idéologie et ils sont perdus.

2. Tout de même les temps qui frappent ne devraient pourtant pas leur être désagréables mais leur voix porte mal. Leur chef Paul Magnette a proclamé la nécessité d’adopter 125 mesures d’un coup et personne n’en a retenu aucune, tandis qu’ils sont forcés de soutenir mon gouvernement, et cela m’est agréable.

3. A lui autrefois si puissant que sa voix faisait trembler nos murs, il ne reste plus aujourd’hui pour se faire voir qu’un magistère secondaire, la mairie de Charleroi, qu’il n’aime guère dont il doit user pour prendre des mesures, et cela m’est agréable.

4. Ces zélateurs essoufflés parlent parfois mais le ministre-président wallon est aujourd’hui Elio Di Rupo, et il dit que les petites gens vont perdre de l’argent, tandis qu’il ne veut pas que son salaire à lui baisse, et cela m’est très agréable.

5. Mais ils ont des ministres, elles sont dangereuses et ils les utilisent, ce qui m’est très désagréable. La ministre wallonne de la Santé, Christie Morreale, apprend vite et se fait voir. La ministre de l’Enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles, Caroline Désir, m’avait dérangée en débat télévisé, en mars dernier, et cela m’avait été fort désagréable.

6. Elle avait rappelé notre association faillie avec la N-VA alors que j’accusais le PS de négocier avec la N-VA. Et alors que j’accusais le PS de ne pas financer ses promesses et de miner le budget, elle avait rappelé que nous n’avions pas financé nos mesures et que nous avions miné le budget, et cela m’avait été très désagréable.

7. Cela m’est désagréable car la voir tous les jours à la télévision, Caroline Désir, me rappelle qu’elle et les zélateurs socialistes vont rappeler de plus en plus fort qui était l’annonciateur de nos deux divines missions, à Georges-Louis et à moi, et que cet annonciateur, Charles Michel, n’est pas trop bien vu au Sud.

Ce que la presque sainte parole de Sophie Wilmès dit de ses alliés et de ses adversaires
© belgaimage

Walloniciens 5 Ceux qui me craignent en vert

2. Car les verts portent une nouvelle alliance. Ils font ce que font les rouges mais en mieux. Parce que les rouges ont perdu leurs réflexes, Jean-Marc Nollet a même pu lancer l’idée d’un bouclier social à leur place.

3. Mais je leur dirai à eux aussi qu’ils font de la politique et que c’est une chose dégoûtante. Et qu’ils sont dangereux et cela plaira aux foules, car les foules voudront revenir aux douceurs de l’ancien monde plutôt que d’en inventer un nouveau.

4. Et leur ministre de la Culture en Fédération Wallonie-Bruxelles, Bénédicte Linard, donne de l’argent aux artistes, et c’est une mauvaise chose car ce n’est pas nous qui le donnons.

5. Mais il n’y en a aura jamais assez pour eux, qui ne votent pas pour nous. Leurs gratitudes comme leurs rancoeurs iront ailleurs, et ce n’est donc pas une chose si mauvaise.

6. Et de leur ministre de la Santé à Bruxelles, Alain Maron, je dirai que c’est sa faute quand j’aurai fini de dire que c’est la faute de Maggie De Block lorsque les choses auront mal été.

Ce que la presque sainte parole de Sophie Wilmès dit de ses alliés et de ses adversaires
© belgaimage

Walloniciens 6 Ceux qui me craignent en petit

1. Les derniers sectateurs de l’orange sont peu nombreux. Si peu nombreux que Georges-Louis veut faire venir ces Gentils de partout comme il le fit dans sa ville de Mons.

2. Leur voix s’entend pour dire qu’ils ne font pas de politique et c’est une chose mauvaise car la seule qui ne fait pas de politique, c’est moi.

3. Leur président est bourgmestre de Namur et c’est de là qu’il fait de la politique en ne disant pas qu’il en fait. Il a le premier annoncé ne pas autoriser les visites dans les maisons de repos que j’avais autorisées et la nouvelle m’a été amère au goûter.

4. Leur experte Catherine Fonck est dans notre assemblée sans pitié. Son absence de pitié s’abat sur Maggie De Block. Je dirai donc encore que c’est la faute de Maggie De Block et tout ira mieux.

5. Les petits sectateurs de l’amarante, eux, font ce qu’ils peuvent mais ce n’est pas beaucoup car ils sont petits.

6. Ils veulent prendre l’air de libéraux gentils contre les libéraux méchants.

7. Mais les libéraux méchants sont Georges-Louis et Charles Michel et Didier Reynders et Maggie De Block.

8. Et pas moi.

9. Car moi je suis la libérale gentille. Je suis gentille car je suis dans le Temple, je ne fais pas de politique et que tous les autres, là sur le Parvis, si.

10. Et ainsi personne ne voit que je suis libérale.

Ce que la presque sainte parole de Sophie Wilmès dit de ses alliés et de ses adversaires
© belgaimage

Walloniciens 7 Ceux qui fabriquent leur société

1. Mais sur le sentiment d’injustice qui cingle parfois les foules prospèrent brigands, sicaires, zélotes, esséniens et PTB.

2. Devant les scribes, les pharisiens hypocrites, les marchands du Temple, les riches et les socialistes sur le Parvis, le PTB réclame que tous renoncent à s’enrichir pendant ces heures de malheur. Le parti cède même une petite part de la grosse part que lui rétrocèdent ses parlementaires à des oeuvres, il le fait savoir et cela ne m’est pas agréable.

3. Il distribue des masques, il soigne les gens dans ses maisons médicales, il veut montrer que son système en dehors du système est un meilleur système que celui du Temple, de ses scribes, de ses pharisiens, de ses marchands, de ses riches et de ses socialistes, et cela ne m’est pas agréable parce que ce Temple est aussi le mien.

4. Et pour le montrer il dépense beaucoup de cet argent public qui lui est donné à annoncer ses bonnes nouvelles sur les réseaux sociaux : 40 000 euros ce dernier mois pour le parti, et 13 000 rien que pour son président, Peter Mertens.

5. Et ce sentiment d’injuste cingle alors toujours plus les foules furieuses, et leurs cris rageurs s’entendent, et leur colère parfois ne se calme pas.

6. Et parfois elle ne se dévie pas, même lorsque j’envoie la faute à Maggie De Block, ou aux autres ministres dans les entités fédérées, ou de ceux qui font de la politique alors que moi je n’en fais pas.

7. Mais à la fin cela ne me sera pas si désagréable que cela.

8. Car je ne les crains pas, eux qui prospèrent sur la colère des foules.

9. Car ceux qui les craignent ce sont surtout ceux qui me craignent en vert et en rouge.

10. Car ceux qui sont en colère et ceux qui trouvent le monde injuste votaient pour eux, les socialistes et les écologistes.

11. Et ce n’est donc pas pour moi en qui ils ne croyaient déjà pas qu’ils ne voteront plus.

12. Tous les frères vous saluent. Saluez-vous les uns les autres par un baiser de paix.

13. La salutation est de ma main à moi, Sophie.

Ce que la presque sainte parole de Sophie Wilmès dit de ses alliés et de ses adversaires
© belgaimage

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire