Laurent Mutambayi et Theo Francken © BELGA

Candidats francophones à la N-VA: « On peut y voir la preuve d’une intégration réussie »

Han Renard

Selon notre consoeur de Knack, une dizaine de candidats francophones figurent sur les listes N-VA de Bruxelles et ses alentours. « C’est étonnant de la part d’un parti nationaliste flamand de solliciter des électeurs francophones », déclare le politologue Dave Sinardet.

Des francophones qui se présentent pour un parti qui aspire à la fin de la Belgique : du côté francophone, on s’étonne grandement que la N-VA ait réussi à convaincre une série de jeunes francophones. Il s’agit de personnes telles qu’Anne-Laure Mouligneaux (la porte-parole francophone de Jan Jambon) à Grimbergen, l’étudiant Maxime Van Impe à Beersel et Laurent Mutambayi (cabinettard de Theo Francken) à Molenbeek.

Les candidats N-VA francophones de la périphérie bruxelloise défendent ardemment l’avis que dans l’espace public en Flandre il faut parler néerlandais, et leur propagande électorale défend « nos normes et valeurs flamandes ». RTL a diffusé un débat houleux. Les nationalistes flamands francophones sont considérés comme des traîtres à leur partie par leurs adversaires politiques francophones. « Quand les francophones défendent la position linguistique flamingante, on peut évidemment y voir une preuve d’intégration réussie », explique en riant le politologue Dave Sinardet.

À Bruxelles, on n’a plus connu une telle offensive de charme depuis le Vlaams Blok et le commissaire de police d’origine francophone Johan Demol. « Le système électoral se base sur une logique nationaliste flamande. Il y a des collègues électoraux francophones et néerlandophones séparés, afin que les électeurs francophones en bien plus grand nombre n’influencent pas les scores des partis flamands. Et c’est ce système-là que la N-VA tente justement de contourner. » Pour attirer les électeurs francophones, les figures de proue nationales Theo Francken et Jan Jambon sont également très fort mises en avant à Bruxelles. Sinardet : « Il faut prendre une loupe pour trouver les candidats bruxellois locaux sur les tracts électoraux. »

Cependant, la N-VA espère surtout convertir sa popularité auprès des électeurs francophones aux élections régionales de 2019. « Je dis depuis des années que du côté francophone il y a un marché pour un parti comme la N-VA, avec un message clair de law-and-order et une position dure sur les migrants », affirme Sinardet. « Une enquête réalisée parmi les électeurs montre que sur ce plan-là il y a peu de différences entre francophones et Flamands. » Si en 2019 la N-VA réussit à attirer 5 à 6% d’électeurs francophones à Bruxelles, en plus de son score de 2014, le parti atteindra une majorité dans le groupe linguistique néerlandophone du parlement bruxellois et deviendra incontournable pour la formation du prochain gouvernement bruxellois. Un cauchemar pour les politiciens francophones de la capitale.

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