Thierry Fiorilli

C’est beau comme la grandeur de Romelu Lukaku (chronique)

Thierry Fiorilli Journaliste

Le voilà devenu l’une des personnalités les plus solaires que la Belgique compte en son sein. Trophée ou pas au bout des rayons.

Parfois, des êtres sont aussi immenses que ce qu’ils créent. Ainsi de Romelu Lukaku, incarnation dans la vraie vie de Black Panther, le premier super- héros noir de Marvel. Et pas juste parce que c’est un colosse (1 m 93 pour 91 kilos, dont pas un poil de graisse). On aurait alors eu un athlète aux capacités surnaturelles, ce qui en soi est déjà fabuleux. Mais on a un roi. Dont la grandeur d’âme, les convictions et l’attitude sont d’une ampleur inouïe. Au-dessus de la norme. Et c’est là notre privilège: on a l’honneur indicible de regarder ce géant prodigieux, de l’écouter et de le lire (les réseaux sociaux ne sont pas que des pots de chambre) depuis maintenant une dizaine d’années.

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Quel mec, ce type! Quel type, ce mec! Qui symbolise tellement ce paradoxe propre au sport le plus populaire d’entre tous: le football, c’est bien plus que vingt-deux gars ou filles qui courent derrière un ballon. C’est une parabole de l’évolution du monde, une métaphore de l’époque, un documentaire (en direct) sur le grand spectacle permanent que sont devenues nos sociétés, avec les scènes, les coulisses, les premiers rôles, les figurants, le public, les producteurs, les agents, l’éclairage, les ombres, les ordures et les étoiles. Un miroir de nous, où l’attachement à une bannière, l’esprit de compétition, ses enjeux financiers et idéologiques aussi, poussent et justifient jusqu’au plus vil des comportements. Sauf que Romelu, addition des deux premières lettres des trois noms de son père (ROger MEnama LUkaku), à pas même 30 ans, symbolise tous les comportements opposés. Ceux des gens bien. Qui magnifient l’espèce humaine. Qu’on voudrait pour ami, pour guide, pour boussole.

Quand il pose le genou en terre, avant le match, il est en fait debout, invincible armada à lui seul, et les légions racistes menu fretin en déroute. Quand il enlace, par le cou, après le match, à même le terrain, Cristiano Ronaldo, Kasper Schmeichel ou tout autre adversaire défait, il est Titan réconfortant, disant la considération intacte, et on voit les plus grands l’écouter, très fort, comme apaisés, soudain moins machines, touchés par un souffle de grâce. Quand il raconte son histoire, (en sept langues…), avec sa voix de bon génie, ses « ne jamais oublier d’où on vient » (et dans son cas c’est plus du côté de la petite fille aux allumettes que du nabab aux draps d’or), son incessant renvoi aux « valeurs » pour expliquer sa progression incroyable, son sourire comme l’été après des nuits de blizzard, on entend un alliage de force et de finesse, d’estime de soi et de respect des autres (pas ceux qui distillent discorde et venin), de travail forcené et de volonté spartiate, d’objectifs personnels et de rêves collectifs.

De philosophies de jeu et de vie, où l’excellence n’est pas qu’une question de performances ou de palmarès. Auxquelles il reste lié. Obstinément. Magistralement. Majestueusement. Au point d’être devenu l’une des personnalités les plus solaires que la Belgique compte en son sein. Trophée ou pas au bout des rayons.

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