Le bourgmestre de la Ville de Bruxelles Philippe Close. © belgaimage

Budget de la Ville de Bruxelles: le projet du collège est transversal et son budget ambitieux

Le Vif

Le collège de la Ville de Bruxelles défend collectivement un projet cohérent et transversal, à l’opposé d’une vision « en silos » dans laquelle certains, dans l’opposition voudraient l’enfermer, a répliqué lundi soir à l’opposition, le bourgmestre de la Ville de Bruxelles Philippe Close (PS), suivi par les chefs de file écologiste et DéFI de la majorité.

Le bourgmestre a également tenu à souligner que l’équipe qu’il coordonne aux commandes de la Ville prend une certaine dose de risques pour rencontrer les attentes sociales et environnementales de la population. Toutefois, la dette, en progression de 12%, augmente parallèlement à la hausse globale du budget en équilibre, a-t-il dit.

Un budget sous l’emprise écrasante du PS, un équilibre monté artificiellement par une hausse peu réaliste des recettes pour compenser des dépenses en hausse notamment au niveau des frais de personnel et de fonctionnement: l’opposition au conseil communal avait fait auparavant chorus sur ces volets d’analyse du projet de budget défendu par la majorité. Au-delà de cela, les critiques ont été formulées à géométrie variable en fonction de la position des uns et des autres sur l’échiquier politique.

« Il ne faut pas regarder le budget en pourcentage des uns et des autres… Ne comptez pas sur nous pour répondre à cela. Des compétences telles que la participation citoyenne n’ont presque pas de budget mais il y a un grand investissement (ndlr: « politique du collège ») pour avancer dans ce domaine. Par ailleurs, nous ne pouvons pas être pris en défaut de vouloir travailler avec les différents niveaux de pouvoir y compris ceux où nous ne sommes pas. Nous ne travaillons pas en silos », a commenté le bourgmestre avant le vote à majorité contre opposition du budget 2020.

Comme lui, le Premier échevin Ecolo Benoît Hellings a insisté sur la transversalité de certains budgets liés à la transition climatique: les montants importants injectés dans les infrastructures de logement social et de l’enseignement sont en grande partie consacrés à des travaux d’isolation. « La transition est en route dans tous les secteurs » a souligné celui-ci.

Même son de cloche dans le chef de Fabian Maingain (DéFI): la politique commerciale de la Ville, dont lui-même a la charge ne se lit pas qu’au budget extraordinaire. On la rencontre à travers l’animation des quartiers, le schéma de développement commerçant. On investit dans des projets d’embellissement. Les budgets de la police et de la Propreté participent également à la dynamique économique des artères commerçantes.

M. Maingain a par ailleurs évoqué l’énorme investissement transversal pour l’aménagement du futur centre administratif de la Ville mais aussi pour la digitalisation pour améliorer le service aux citoyens et aux entreprises.

Philippe Close a encore dit assumer la politique ambitieuse du collège sur le stationnement en surface et son contrôle au profit de la qualité de l’air en ville. A ses yeux, ce n’est pas une politique anti-sociale: quasi un Bruxellois sur deux (40%) n’a pas de voiture, a-t-il dit à l’attention de Mathilde El Bakri (PTB).

Le bourgmestre a enfin contesté une hausse de l’absentéisme au sein de l’administration de la Ville. Il a souligné que la Ville était la commune qui nommait le plus de fonctionnaires. Si chaque commune le faisait, les pensions des services publics ne seraient pas en déficit », a-t-il insisté.

L’opposition dénonce un équilibre artificiel

Un budget sous l’emprise écrasante du PS, un équilibre monté artificiellement par une hausse peu réaliste des recettes pour compenser des dépenses en hausse notamment au niveau des frais de personnel et de fonctionnement: l’opposition au conseil communal a fait chorus lundi soir sur ces volets d’analyse du projet de budget défendu par la majorité socialiste-écologiste-DéFI.

Au-delà de cela, les critiques ont été formulées à géométrie variable en fonction de la position des uns et des autres sur l’échiquier politique: trop de dépenses en personnel et en frais de fonctionnement, pas assez en matière de sécurité et de propreté pour le MR, voire la N-VA; un secteur privé fiscalement trop soigné et un public fragilisé qui l’est trop peu pour le PTB; de belles avancées mais aussi des oublis, tels qu’une vraie politique des seniors, et rien de nouveau en politique de la jeunesse, pour le cdH.

Suivi en cela par quasi toute l’opposition, le MR-Open-Vld, par la voix de David Weytsman, estime que le budget 2020 est avant tout celui de la mainmise du PS sur tous les leviers. D’après l’élu libéral, la famille socialiste obtient 94% des moyens. Par ailleurs, le MR-Open Vld a reproché à la majorité l’absence de vue du budget par quartiers, ce qui masque l’oubli de certains de ceux-ci (quartier européen, Neder-over-Heembeek…).

Pour le groupe libéral, le collège ne maîtrise pas ses dépenses de fonctionnement et de personnel en hausse de plus de 14% en 2 ans. Il aurait mieux à faire en réalisant un audit de l’ensemble de ses départements. Conséquence de cela: le collège « gonfle les recettes artificiellement »; l’endettement grandit et la charge de la dette s’envolera dès 2020, d’autant que l’apport des recettes fiscales diminue. Autre critique libérale: les taxes « économiques » (sur la surface de bureaux, l’occupation de la voie publique, les enseignes, les parkings,…) sont en hausse de 10% alors que celles sur la propreté stagnent dans une ville sale.

Mathilde El Bakri (PTB) a relevé deux points positifs: la continuité du budget pour isoler les logements sociaux et la hausse du produit de la taxe sur les terrains ou logements à l’abandon. « Mais des mesures injustes sont maintenues: les taxes communales dont les incivilités en matière de propreté publique sans savoir si cet instrument est le bon pour améliorer la propreté; et la politique « hypocrite » de taxation via les horodateurs « qui va cibler tout le monde et n’importe qui ».

On est par ailleurs loin des promesses électorales de tendre vers la gratuité de l’enseignement, a-t-elle encore déploré. A ses yeux, le privé est quant à lui épargné, bénéficiant d’une « taxe rikikiki » sur les distributeurs de billets et d’un investissement de 43 millions « pour le projet privé du Beer temple ».

Au nom du cdH, Didier Wauters a dit partager un grand nombre d’intentions de la majorité dans son accord de législature, dont celui d’une offre de services de la Ville à dix minutes de tout habitant. Comme d’autres, il a jugé les projections de recettes surfaites surévaluées. Le cdH n’est pas heureux de l’intention du collège de transférer les services d’aide aux seniors au CPAS. Comme le PTB, M. Wauters considère que l’apport de la taxe sur les terrains et immeubles à l’abandon est à première vue positive, mais il en a dénoncé le risque d’effets sociaux pervers pour des gens qui, en fin de vie, ont du mal à entretenir leur bien.

Pour la N-VA, la hausse des coûts du personnel et du CPAS relève du dérapage intenable à long terme. Selon Mathias Vanden Borre, au rythme où vont les choses, les dettes vont doubler en 4 ans et atteindre les 650 millions d’euros qui vont peser sur l’ensemble des Bruxellois.

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