Carte blanche

Bruxelles : « Priorité au social » ?

Comme on le sait, le nouveau Gouvernement de la Région de Bruxelles-capitale promet d’accorder, pour les cinq années à venir, outre le « climat », une « priorité au social ». Nous n’entrerons pas, ici, dans son « contenu » (plus de logements sociaux…), nous nous limiterons uniquement à l’intitulé de cette promesse : « Priorité au social ».

En tant qu’assistant « social », lorsque j’entends « priorité au social », j’entends, bien entendu, priorité aux « exclus » (du marché locatif privé, de l’emploi…). Mais pas seulement. J’entends aussi priorité aux associations qui oeuvrent à la réinsertion sociale des exclus. Mais aussi : priorité aux institutions régionales chargées de subventionner les associations qui oeuvrent à la réinsertion sociale des exclus. Mais aussi: priorité aux institutions publiques (CPAS, Sociétés de Logements Sociaux…) qui secourent les exclus. Mais aussi : priorité aux différents ministères (logement, cohésion sociale, égalité des chances, emploi…) chargés de combattre l’exclusion. Etc. Le « social » ou les « exclus » sont donc enveloppés de plusieurs couches associatives, institutionnelles, ministérielles… . Si la priorité est donc réellement accordée au social par notre Gouvernement régional, alors toutes ces couches, très épaisses, s’effondreront. Et s’effondreront au point d’ouvrir à une réelle « crise sociale » !

Soyons donc sérieux ! Si le social ou l’exclusion s’est donc à ce point institutionnalisée, c’est qu’elle ne forme donc pas/plus un malheur, contingent, externe ou un malheur qui de l’extérieur viendrait frapper des gens et contre lequel un Gouvernement régional pourrait, par exemple, aisément parer : l’exclusion sociale est un malheur interne et nécessaire à la Région elle-même. Dit autrement, la Région se nourrit du malheur des gens.

Ben Merieme Mohamed

Assistant social à l’Association des Locataires de Molenbeek et Koekelberg.

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