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Bernard Wesphael souffre d’une anxiété inhibitive

Le docteur Michel Dufrasnes, psychiatre, et Laurent Devoitille, psychologue, ont témoigné devant la cour d’assises du Hainaut, mardi matin, en tant que conseillers techniques mandatés par la défense de Bernard Wesphael, accusé du meurtre de son épouse Véronique Pirotton, commis le 31 octobre 2013 à Ostende.

Selon ces conseillers techniques, qui ont rencontré l’accusé en août, septembre et octobre 2015, l’accusé souffre d’une anxiété inhibitive.

Les conseillers techniques ont étudié la personnalité de l’accusé selon cinq critères définis et ont conclu à des résultats positifs. Selon eux, Bernard Wesphael n’est ni antisocial, ni border-line, ni psychopathe. « Nous avons toujours trouvé un comportement stable, cohérent mais il souffre d’une anxiété inhibitive, capitale dans son comportement », raconte le médecin.

« L’accusé souffre de carences affectives sévères et il a connu des évènements très traumatisants dans sa vie. Il a pu néanmoins se structurer », poursuit le docteur, « Bernard Wesphael serait sensible au bien qu’on dit de lui ».

Laurent Devoitille avait pour seule mission de décrire la personnalité de Bernard Wesphael, sans avoir accès au dossier répressif. Trois tests reconnus internationalement ont été effectués, pour une durée de plusieurs heures chacun. Selon ces tests, tout semble cohérent. « Dans son histoire de vie, il y a des éléments importants. La première est une mère soumise, dans un milieu modeste, à un homme bourru, dont le seul lien avec son fils est la violence. Ce qui explique pourquoi Bernard Wesphael a fui le domicile familial très jeune ».

Une faible stimulation intellectuelle a été constatée alors que l’accusé avait les moyens intellectuels de réussir son parcours scolaire, « il a échoué car son milieu ne lui permettait pas de réussir ». Heurté à la violence du système militaire, Bernard Wesphael a préféré quitter l’armée car il a été confronté au traumatisme de son enfance, les violences subies par son père.

L’expert remarque que l’accusé ressent mal les faits qui lui sont reprochés, qu’il a un problème avec l’autorité mais les tests ne révèlent rien de pathologique. « La pensée est bien ancrée dans la réalité, ce n’est pas un psychotique », dit-il. « Qu’il ait fait preuve de déni alors qu’il n’est pas psychotique, ce n’est pas possible ».

L’expert note que Bernard Wesphael a une image de lui-même qui n’est pas narcissique, comme l’a défini plus tôt l’expert désigné par l’instruction, « il a plutôt une image négative, naïve de lui-même, car il a cumulé les échecs avant de quitter une institution comme le Parlement wallon pour se retrouver en prison ». Mais cette image ne serait pas dramatiquement négative.

Au sujet du test de QI, évalué à 83, l’expert estime que les résultats sont assez controversés. « Le score est faible mais le résultat peut très bien s’expliquer par l’anxiété inhibitive car la première expertise l’avait envoyé à l’échafaud ».

Après cet exposé, Me Moureau, avocat des parties civiles, a posé quelques questions aux conseillers techniques de la défense. « Vous écrivez que M. Wesphael s’est montré collaborant. Est ce que vous vous imaginez qu’il allait adopter un comportement inverse? » Le docteur répond qu’un psychopathe va persister dans le mensonge, mais pas Bernard Wesphael qui a eu un récit logique, marqué par son anxiété. « Aucun élément ne nous a laissé penser qu’il trichait », ajoute le psychiatre. « Nous ne concluons pas qu’il est collaborant dans ce dossier, ce n’est pas notre rôle. Notre capacité est de dire qu’il a été sincère dans ses réponses par rapport aux tests ».

Bernard Wesphael serait une personnalité introvertie selon les deux conseillers techniques, « pas quelqu’un de théâtral », comme l’avait qualifié l’expert mandaté par l’instruction. « Il a tendance à oublier des éléments perturbants », ajoute le psychiatre. Concernant le test post-traumatique, les experts retiennent que l’individu a été confronté au corps sans vie de sa femme, « un évènement stressant et traumatisant ».

L’avocat général remarque que le psychologue a noté une série de choses dans son rapport, dont l’agressivité de Véronique Pirotton avec son fils. « C’est bien Bernard Wesphael qui vous l’a dit? », lui a-t-il demandé. « Certainement », a répondu l’expert qui n’avait pas mis cette phrase entre guillemets. Du côté de la défense, Me Mayence attend la lecture de l’audition du fils de la victime, lequel a refusé de venir témoigner à la barre.

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