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Belgique-France: relations ambiguës et fluctuantes sur fond de Covid (analyse)

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le Premier ministre Alexander De Croo rencontre le président français Emmanuel Macron ce mardi. Avec la gestion de la crise sanitaire au menu, dont l’évolution a suivi des cours différents. Craintes à la clé pour les sports d’hiver.

La première rencontre bilatérale du Premier ministre Alexander De Croo (Open VLD) a lieu ce mardi, à 13h15, à l’Elysée avec le président français Emmanuel Macron. Les deux hommes se connaissent et partagent bon nombre d’affinitiés. Toutefois, sur fond de crise sanitaire, la Belgique et la France entretiennent des relations ambiguës, qui ont évolué ces dernières semaines. Ce qui induira quelques discussions plus « difficiles ».

Jusqu’il y a peu, la situation française était une sorte de baromètre pour la classe politique belge. Les libéraux francophones, ultra-dominants dans le gouvernement Wilmès, s’inspiraient souvent de ce qui était décidé par l’Elysée. Sans nécessairement copier les mesures à l’identique, mais en en suivant l’orientation générale. Il n’y a, par exemple, pas eu d’attestation de déplacement chez nous comme ce fut le cas en France, tradition politique oblige, mais le degré de sévérité des mesures suivait globalement le même cours.

En Flandre, sous la pression des nationalistes de la N-VA et du Vlaams Belang, on s’irritait, d’ailleurs, de ce modèle français. Souvent, des voix s’élevaient pour dénoncer cette façon de singer le grand voisin: souvent, le Conseil national de sécurité belge suivait d’un ou deux jours les annonces françaises et semblaient sans inspirer.

Quelque chose a changé avec l’avènement de la coalition Vivaldi et l’évolution des situations sanitaires. Les mauvais chiffres de la Belgique, mais aussi de la France, en terme de mortalité due au Covid, ont induit des mouvements différents. Le trio qui domine désormais la gestion de la crise chez nous – Alexander De Croo (Open VLD), Frank Vandenbroucke (Santé, SP.A) et Annelies Verlinden (Intérieur, CD&V) – a pris ses distances avec ce modèle et regarde désormais de façon plus insistante l’Allemagne et ses chiffres moins accablants. Il s’agiter d’éviter les erreurs de la première vague et, aussi, ce déconfinement baclé qui a généré une deuxième vague plus grave encore.

Tout cela est évidemment nuancé, la France reste vigilante elle aussi, mais le plan de déconfinement progressif présenté par Emmanuel Macron est plus « souple » que les récentes décisions du Comité de concertation belge. Notamment, il réautorise les déplacements et prévoit des limitations moins strictes pour les fêtes de fin d’année.

La Belgique craint dès lors que de nombreux compatriotes soient attirés par les sports d’hiver dans les Alpes ou une échappée belle à Paris, durant les semaines à venir. Avec le risque que ces transhumances ne nuisent aux efforts demandés à « l’équipe de onze millions de Belges » par Alexander De Croo. Le sujet sera abordé lors de l’entretien de ce mardi, comme devrait être évoquée la coopération européenne plus que jamais nécessaire dans la gestion de l’épidémie. Avec des mesures de précaution à la clé.

Cela étant, Emmanuel Macron et Alexander De Croo sont tous deux des Européens convaincus, leur relation devrait être dictée par cette ligne commune. Bien que, avec les coups de boutoir de la Covid, les libertés fondamentales qui régissent l’Union, notamment en matière de circulation, battent furieusement de l’aile.

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