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Bart De Wever reste ouvert à un gouvernement: « Rien contre le PS, mais avec le confédéralisme »

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

Le président de la N-VA rejette l’idée d’un cartel entre son parti et Groen: les électorats sont trop différents. Certains rêvent surtout d’un cartel entre la N-VA et le Vlaams Belang? « Trop éloigné de la démocratie », estime-t-il. En attendant, la N-VA doit prendre ses responsabilités. « Je n’ai pas changé d’avis depuis mi-mars », dit De Wever.

L’ADN politique de la Flandre a fortement changé en une vingtaine d’années. Et de nouvelles surprises ne sont pas à exclure, au vu de l’évolution du paysage des partis et du ressenti des citoyens. C’est ce qu’il ressort de l’enquête menée par Ivan De Vadder, journaliste de la VRT, et Jan Callebaut, expert en communication, dans leur livre ‘L’ADN de la Flandre. Ce que veulent vraiment les Flamands’ (éd. Vrijdag), fruit d’un travail de dix ans. Ses résultats ont été commentés par les présidents de la N-VA, Bart De Wever, et du SP.A, Conner Rousseau.

« En 1999, 60% des Flamands votaient pour les trois partis traditionnels (CVP devenu CD&V, VLD devenu Open VLD et SP devenu SP.A), et aujourd’hui, ils sont 38%, rappelle Ivan De Vadder, dans plusierus entretiens ce mardi matin. Que s’est-il passé ? Ces partis ont perdu beaucoup de leur ‘crédibilité’, nous disent les personnes interrogées. Le CD&V n’est plus perçu comme le grand parti de la synthèse, il est ‘rouillé’, c’est le terme qui revient dans l’enquête. Le SP.A, lui, est confronté à la concurrence à gauche du PVDA, le nom du PTB au Nord, et à la ‘jeunesse’ de Groen, le parti écologiste. Quant à l’Open VLD, les gens doutent de son ‘honnêteté’. »

Les partis traditionnels représentent aux yeux des électeurs du Nord la compromission et le réalisme, là où les formations radicales incarnent un idéal ou une utopie. Seule la N-VA a réussi ces dernières années à incarner une synthèse populaire des deux, mais son image s’est écornée depuis deux ans, avec la crise politique fédérale consécutive au pacte de Marrakech sur les migrations. « Pour Jan Callebaut, coauteur de l’étude, le parti idéal serait un cartel formé par Groen et la N-VA, qui allierait, d’une part, idéal, prise en compte de l’urgence climatique et, de l’autre, sens des responsabilités, exercice du pouvoir », explique Ivan De Vadder.

Interrogé à ce sujet lors d’une conférence de presse par vidéoconférence, Bart De Wever a souligné qu’il s’agit d’une vision purement théorique parce que « les électorats des deux partis sont totalement différents ». Il conviendrait, si une telle hypothèse était évoquée, d’adapter le discours écologique à ce que la N-VA développe pour l’instant: « écoréalisme, nucléaire… ».

L’enquête n’élude pas le fait que certains rêvent plutôt d’un cartel alliant N-VA et Vlaams Belang autour d’un idéal nationaliste et sécuritaire. « C’est une ‘tendance’, c’est ce que certains voudraient, pas davantage à ce stade. » Certains représentant du mouvement flamand, via Doorbraak, ont relayé le message. Bart De Wever est là aussi critique: « Electoralement, il y a des correspondances, dit-il. Mais un parti, c’est davantage qu’un électorat. Il y a aussi le top. Nous n’avons pas le même récit. Les différences sont trop grandes.  » Les positions des dirigeants du Vlaams Belang sont trop éloignées des principes démocratiques, a-t-il souligné.

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Cela étant, dans l’immédiat, l’enquête montre que les Flamands, majoritairement, soutiennent une participation de la N-VA au gouvernement fédéral. « La N-VA doit prendre ses responsabilités, dit De Vadder, notre enquête le montre. Je suis convaincu que les dirigeants du parti en sont parfaitement conscients. » Voilà qui va conforter le CD&V dans sa volonté d’avoir une majorité dans le groupe linguistique néerlandophone. Et voilà qui promet de nouvelles passes d’armes estivales avec le PS.

Interrogé sur le sujet, Bart De Wever revient sur la perspective de former un gouvernement de plein exercice déposée à la mi-mars et balayée par le président du PS, Paul Magnette. La N-VA, a-t-il confirmé, est prêt à prendre ses responsabilités. « Je n’ai pas changé d’avis, dit-il. Nous verrons ce qui se passera ces prochaines semaines. » Le président nationaliste ne cache toutefois pas que son parti traverse une période difficile consécutive à la participation de son parti au gouvernement fédéral. Il y a un écart entre le fait que les électeurs demandent que son parti prennent ses responsabilités et leur appréciation des compromis nécessaires avec les partis francophones: « On oppose souvent l’intérêt général et l’intérêt d’un parti, mais c’est une distinction qui n’a pas de sens: chaque parti a une idée différente de ce qu’est l’intérêt général« . « Je n’ai rien contre le PS », ajoute-t–il. Mais face au grand écart nécessaire: « Nous avons une solution: le confédéralisme. »

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